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  • VIVRE ENSEMBLE OU SEPARES DANS LA SOCIETE FRANCAISE

    universite-rentree-pt.jpgJe mets en ligne mon compte-rendu de cette table ronde qui réunissait samedi 25 septembre, lors des Universités de rentrée du MoDem des représentants de diverses familles de pensée autour de la question du vivre-ensemble, de la tolérance et de la laïcité.

    François Bayrou : Comment quelqu’un qui est enraciné voit l’évolution du monde, de la société, de la communauté nationale ? Qu’est-ce que vous notez comme changements, redoutez comme crispations ?

    Frédérique LEICHTER-FLACK : commence par une anecdote talmudique : un païen vient trouver un maître talmudique pour savoir s’il peut lui enseigner la Torah tandis qu’il se tient sur un pied. Les rites sont des supports d’éthique, le judaïsme est fondé sur le souci de l’autre. La réponse que lui fait le maître est : « Va maintenant et étudie », autrement dit, une fois qu’on sait l’essentiel, on ne sait rien, on n’est pas armé pour affronter la vie sociale et ses difficultés. Etude pour le judaïsme : celle du Talmud, articulation du général et du particulier. Comment appliquer les grands principes sur des situations concrètes ?

    Le plus difficile, ce n’est pas de se mettre d’accord sur les grands principes mais sur la manière de les appliquer. Nous parlons le même langage mais nous ne savons pas nous mettre d’accord sur ce que nous voulons. La liberté, l’égalité sont des notions devenues floues. Des questions concrètes accrochent le vivre-ensemble. Il y a un problème d’équilibre entre la liberté d’expression et les atteintes à la liberté, les droits de l’homme n’ont jamais été autant à la fois revendiqués et bafoués. On parle tous le même langage et on s’entend moins. Il y a un durcissement des contradictions en France, une crise du concept de laïcité, mobilisé au service de l’intégration alors que jusqu’ici la laïcité avait bien fonctionné, constituant un réseau de valeurs tissant du lien civique.

    Aujourd’hui, ce qu’on observe : tentation du multiculturalisme, simple coexistence, lobbys d’influences, perte de l’universel, risque d’être assigné, et caricature de laïcité, racisme occidental qui ne dit pas son nom, catholaïcité uniformisante et antireligieuse.

    Entre les juifs et la laïcité : longue histoire d’amour. Les juifs sont historiquement à l’aise dans la laïcité. La France garantit la liberté de culte mais le plus dur était déjà exigé avant. Clermont Tonnerre / Napoléon : repli forcé de la religion dans l’espace intime. Les juifs n’ont aucun problème avec le contrat républicain (humanisme, universalisme) Il a une tradition juive, principe talmudique : la loi du pays d’accueil est la loi. C’est l’art de rester soi-même sans rendre son particularisme trop visible (port de la perruque, la casquette) : indifférenciation et obéissance.

    Eléments de crise : malentendus liés aux accusations de communautarisme quand les juifs se réunissent. Le communautaire : fidélité plurielle superposable, est différent du communautarisme : chemin de l’universel barré. Dans le communautaire, les acquis éthiques sont tournés vers l’universel (accepte l’universel sans réduire au même) Les traditions de pensée ont des différences à ne pas réduire. Les rites sont des chemins d’accès à l’universel.

    On a pu dire que les juifs étaient des modèles d’intégration réussies (les fous de la République). Ils ne sont pas confrontés à la tentation de l’entre-soi mais ont besoin de signes de confiance mutuelle. Il y a eu un traumatisme lors de l’hiver 2001-2002 : antisémitisme. Or, le traitement politique a été par le déni, l’indifférence. Sentiment de la trahison par la République Française. On nous rejouait l’accusation de double allégeance. La condamnation de l’Etat d’Israël devenait un brevet de citoyenneté française. Il y a eu des manifestations juives sous le chant de la marseillaise, au cri de slogans républicains.

    Dans la communication autour de la loi sur le voile également, on a abusé de l’exemple de la kipa qui ne pose pas du tout les mêmes problèmes. Débat piégé car le référent juif est mentionné quand il n’est pas en cause, pour ne pas être taxé d’islamophobie. Polémique sur l’abattage rituel par exemple.
    La référence au judaïsme pouvait aider à clarifier ce qui relève de la laïcité, des droits de l’homme, de la femme, de l’enfant, visibilité, refus d’intégration. Pb d’amalgame entre ces différents sujets.
    Les juifs sont des défenseurs de la laïcité, partants pour défendre la tolérance. La République n’est pas menacée par la pratique religieuse. Regain du piétisme n’est pas de l’intégrisme. Laïcité doit examiner son vieux fond d’anticléricalisme, ne pas se laisser aller aux amalgames, ne pas considérer toute appartenance religieuse comme une atteinte à la laïcité.

    Laïcité : coexistence mutuelle régissant le partage de l’espace public. Principe talmudique : étudier vraiment comment ça s’applique pour ne pas se détourner de l’essentiel.

    Père Laurent LEMOINE : Les catholiques sont variés dans leurs positionnements, dans leur appartenance à leur Eglise, dans le lien à la société dans laquelle ils sont insérés. Il y a aujourd’hui une mutation du fait religieux, un retour du spirituel ou du religieux imprévu. On le sent comme un retour du piétisme, comme un retour de l’irrationnel, possiblement du fanatisme.

    On le prend soit pour du néo piétisme qui s’accommode assez mal du travail de la raison, soit pour de l’intégrisme qui engendre violence et conflits.

    Il y a de nouvelles formes communautaristes ou communautariennes, des difficultés assez nouvelles, inquiétantes de dialoguer de communauté à communauté alors que la laïcité devrait le permettre.
    L’appartenance ne menace pas le pacte républicain, mais dans ces formes un peu plus dures et doctrinaires des appartenances, il y aurait quelques menaces. On assiste en fait à un retour des convictions.

    3 séquences :
    1) Les croyances religieuses ont d’abord été discréditées au temps des idéologies athées : on accuse leurs limites, leurs défaillances dramatiques
    2) On a assisté à une efflorescence des spiritualités (an 90) avec Dieu ou sans Dieu, avec ou sans transcendance, du sport, du bien-être, avec la difficulté d’appartenir à des communautés instituées, à des religions. Parfois, il y avait des contenus doctrinaires précis qui aliénaient la personne.
    3) Aujourd’hui, il y a un nouveau besoin de certitudes, de croyances doctrinaires et institutionnelles fortes. Ce sont les effets de la mondialisation, de la standardisation : recherches de repères, besoin de se retrouver, se recueillir, se rassembler. Le risque se joue sur le type de rassemblement au détriment de la communauté d’à côté.

    La religion n’est pas seulement une affaire de valeurs d’éthique, mais c’est celle d’une recherche, d’un désir spirituel, de l’accomplissement d’un itinéraire spirituel. C’est cela qui produit de l’éthique, du sens, des valeurs. La foi est une affaire personnelle de tourments intérieurs, une recherche du beau, du bien, du vrai. On assiste au retour du religieux avec croyances dogmatiques réaffirmées. Du coup, la laïcité est un espace beaucoup plus précieux à préserver. Il y a le risque d’un nouveau cléricalisme qui doit se heurter non à un espace d’indifférence mais à une laïcité de respect ; risque d’un multiculturalisme où chacun s’ignore poliment. : apprendre le respect, les autres. Espace neutre : apprentissage des différences d’autrui à l’école, dans la famille.

    FB : Passage de la religion majoritaire à une religion minoritaire, même ultra minoritaire. 4% des français pratiquent. Comment le vivent les catholiques ?

    Quelques mots rapides pour une question énorme. Pour Benoît XVI, l’avenir, Le sel de la terre, est aux petites communautés soudées, chaleureuses, bien identifiées, célébrantes. Il réclame le passage d’un christianisme de quantité à un christianisme de qualité. Les gens sont clairs sur leur identité catholique. Mais le risque existe de se rassembler autour de valeurs communes qu’on ne pourra plus partager, risque du repli, de la retraite aboutit à la création d’encore plus de sécularisation, c’est se tirer une balle dans le pied. Essayer de partager en interreligieux des valeurs communes, plate-forme de valeurs communes. C’est une démarche précieuse. Par exemple, une commission d’éthique clinique a été mise en place à Tours : chaque religion représentant de culte, pluralisme éthique. On est plus à l’aise pour consentir à ce pluralisme éthique si on est clair sur son identité.

    Ghaleb BENCHEIKH : L’islam est aujourd’hui la religion des pauvres : elle joue le rôle de booster (cf chrétiens dans l’empire romain)
    La laïcité est une vertu, sans besoin d’épithète, concept auto-suffisant. La question islamique nécessite rigueur, froideur d’esprit, distanciation nécessaire, fondamentale, au centre d’enjeux nationaux et internationaux.

    La présence de musulmans considérée comme massive pose problème mais l’islam n’est pas incongru à l’espace européen : la toponymie des lieux témoigne que cette question est imbriquée et récente.
    Il y a une forte présence d’hommes et de femmes importés qui se sont retrouvés marginalisés. On énumère les générations. Mais c’est aussi une présence d’hommes et de femmes désislamisés. Aujourd’hui la réislamisation s’effectue telle une redécouverte des racines. La jeunesse dans ce contexte peut être une proie facile pour les capteurs de conscience.

    Cela pose problème mais il faut refuser la jérémiade, arrêter de se dire peut-être que les maux peuvent venir d’ailleurs. Aucune communauté ne change si chacun ne fait pas un travail de conversion intérieure. Il faut faire attention aux manquements par rapport au système de référence éthique qu’on prétend promouvoir. Cela met en jeu des questions plus générales et plus fondamentales : retour du religieux après le scientisme, la mort de Dieu. Mais si c’est un Dieu revanchard, vindicatif, cela pose problème. En fait le retour vers le religieux est susceptible de deux dérives essentielles :

    1) Prisunic du tout spirituel, nébuleuse mystico-magique, on s’approvisionne et on se fabrique un syncrétisme religieux. Exploitation du malaise intérieur par des gourous. Succédanée d’une vraie religion.
    2) Formalisme, fondamentalisme qui étouffe et tue. Des illuminés agissent d’une manière inacceptable. Il incombe aux dignitaires musulmans de la dénoncer. Etre résolument du côté du droit et de la justice. Jamais de la terreur. Il y a des dérives car on ne l’a pas dit assez tôt.

    De plus le traitement médiatique de la question n’aide pas à la sérénité. C’est à désespérer de l’âme humaine, ce matraquage ! Il y a une responsabilité des musulmans de France dans ces affaires. Si nous avions étouffé l’affaire du voile islamique, on n’aurait aps retrouvé la burqua dix ans plus tard. Il fallait dire que le Coran met l’éducation avant le rite. De régression en régression, la burqua, phénomène minoritaire, est érigé en phénomène caractéristique de l’Islam.

    Nous sommes ensemble d’accord, mais construisons nous ensemble une société solide fraternelle et prospère ?
    Favorisons l’éducation, la culture, l’amour du beau, laissons place à ce qui élève l’âme. Nous endiguerons les dérives sectaires, intégristes.

    Jean-Luc MOUTON : L’Eglise évangélique est une église extrêmement vivante (ne pas confondre avec Georges Bush) Il se passe des choses importantes dans notre société qui sont menées par cette église : prise en charge des arrivants, cours de français, logements, travail social. Il n’y a pas seulement un aspect effervescent, brouillon, inquiétant. Cela correspond aussi au grand bouleversement du monde protestant. Un sondage doit sortir en novembre qui montre que les générations de moins de 35 ans sont plus priants que les personnes âgées, beaucoup de jeunes engagés animés par une vraie prise en compte du monde qui les entoure.

    Piétisme peut-être, mais aussi intérêt pour environnement, social, immigration. (Ex : Cimade) Attention étonnante de ces églises qui font de la politique sans en faire. A force de durcir les conditions d’entrée, on induit une manière de faire société qui n’est pas juste. Des croyants ont mené un jeûne de 10 jours pour attirer les parlementaires sur cette question.

    Que peuvent apporter nos traditions dans la société d’aujourd’hui ?
    La France est une société particulière. Partout dans le monde et même en Europe, les religions progressent. L’exception française est liée à l’histoire particulière du débat catholico-laïc, on n’en sort pas. Enfin, si, heureusement ! Dans les autres pays, on ne considère pas les religions comme une menace. Autre société : véritable pluralisme religieux, considéré comme une chance.

    Les religions peuvent apporter deux ou trois choses :
    1) Nous sommes dans un monde d’individualisme forcené, ou la réussite individuelle, corporatiste compte plus que tout. Les religions rappellent que ce qui fait le vivre-ensemble est essentiel. Le bien commun, c’est la volonté de vivre ensemble. Ricoeur dit qu’on ne peut pas se forcer à vivre ensemble, il donne un nom au sujet social (socius : relation anonyme). Par opposition, au prochain est réservé l’intimité, l’amour, l’affection. Il faut trouver des liens qui fassent société ; il n’y a plus d’unité supérieure, il faut trouver à partir de nos diversités à nous accepter. Construire un projet de vivre-ensemble.
    2) Calvin distinguait le monde d’en haut : autonomie totale et le monde d’en bas qui n’a aucune prise sur le monde d’en haut. Il critiquait l’idée selon laquelle « Hors de l’Eglise point de salut ». Il n’y a pas d’autorité terrestre qui ait valeur de Dieu. C’est une dimension importante : nous gravissons des montagnes. Dieu, personne ne l’a, nous sommes des cheminants. La transcription est possible dans le domaine politique : pas de lieu de surplomb, leçon de relativisme.
    3) Il y a un domaine important aussi : la lutte contre les idoles, les puissances. Idoles à combattre car ne doivent pas avoir toute puissance sur l’homme. Homme au centre du village, ce n’est pas l’économie, la terre ou l’Etat.
    4) L’importance du plus petit, inacceptable de le discriminer.

    On doit réaffirmer l’importance de l’Etat de droit pour faire société, l’état d’arbitraire est épouvantable. C’est un absolu, la richesse de nos sociétés à préserver : les libertés sont garanties par l’Etat. Quand l’Eglise voulait prendre barre sur les consciences, menacer les libertés, la séparation est intervenue pour bloquer ça.
    Mais quand l’Etat empiète sur nos libertés, quand l’Etat en fait trop, le rôle des religions est aussi de donner l’alarme. Les religions ne sont pas du domaine privé seulement ; les reléguer n’est pas acceptable, elles doivent être dans le débat public. Leur participation est nécessaire. Elles n’ont pas à prendre toute la place, mais toute leur place dans le débat public.

    Jean-Michel QUILLARDET : La franc-maçonnerie est née d’un projet humaniste de la société porté par tous ceux qui se rassemblent autour d’un combat quotidien contre le fanatisme, le dogmatisme, les vérités imposées. La franc-maçonnerie est d’origine chrétienne mais elle est fille des Lumières car elle a su considérer que ce qui était important, c’était la libre-pensée. Le franc-maçon n’accepte pour vérité, pour croyance que ce qu’il a décidé d’accepter par le maniement de son esprit, de sa raison. La franc-maçonnerie livre un combat contre toute cléricature. Le clerc, c’est celui qui sait et veut imposer ce qu’il sait à la conscience des autres. A l’origine de la franc-maçonnerie, il y a la réunion d’hommes différents animés par la même conviction. Cela vient de Montesquieu : séparation du spirituel et du temporel, du relatif et de l’absolu, de l’espace privé et de l’espace public. La République est orientée vers le relatif, le profane (ce qui permet de nous réunir au-delà des conceptions métaphysiques de la société), le temporel.

    Elle a contribué à l’édification de deux concepts en cause aujourd’hui dans l’évolution de nos sociétés :

    - La laïcité : principe juridique (loi 1905) et philosophique. Le rapport Machelon pour le subventionnement des cultes traduit une incompétence de l’Etat et des religions à se mêler de leurs affaires communes, mais cela n’induit pas l’impossibilité d’exprimer son point de vue. L’Eglise peut s’exprimer, chacun a le droit de le faire, mais sans s’immiscer dans les affaires de l’Etat. L’imposition d’un point de vue est un privilège de la démarche religieuse. Mais il ne s’agit pas d’éradiquer le fait religieux. La franc-maçonnerie s’appuie sur d’autres traditions : philosophie grecques, Lumières.
    Un des vrais principes philosophiques de la République promeut le respect de la religion mais il faut aussi tenir compte que des gens vivent sans faire référence à Dieu. On reproche à la République aujourd’hui de privilégier l’approche religieuse. Le discours de Latran exclut ceux qui ne croient pas. Laïcité rassemble, réunit. Le pacte laïc est l’essence de la République : réunir, rassembler.

    - La citoyenneté est l’autre notion fondamentale pour le pacte républicain. Sur la question du communautarisme : nous faisons tous partie d’une communauté, nous venons de quelque part. Les communautés sont respectables, elles doivent pouvoir s’exprimer. Mais dès lors que l’Etat doit pour des raisons de paix sociale, s’adresser d‘abord à la communauté avant de s’adresser au citoyen, s’il considère que l’on doit concéder à ces communautés des droits particuliers, nous sommes dans une vision communautariste. On peut être d’accord pour un droit à la différence, pour le métissage, mais pas pour la différence des droits. Il s’agit de la défense de la citoyenneté. Un français est citoyen avant d’être franc-maçon, juif, catho… C’est le message de la franc-maçonnerie qui essaie de rassembler et pas de donner une voix. Elle se veut un signe pour chercher la voix. C’est cette idée de la République qu’on est en train de casser.


    FB : Depuis le début de cette discussion, on s’adresse aux initiés. Mais que diriez-vous à ceux qui sont dans le refus, qui doutent et mettent en question la société, à ces jeunes, musulmans, juifs qui ne sont pas dans la situation de compréhension du monde.


    FLF : Il y a aujourd’hui des incompréhensions sur des questions de justice, de graves controverses en France liées à un sentiment d’injustice. Il va falloir remettre à plat les règles du jeu, ce qui enferme dans son cadre naturel, revenir à la méritocratie républicaine, nourrir le besoin de culture. Ce la signifie : ne pas être enfermés dans de préceptes de son magistère, recevoir de tous côtés les lumières de la pensée, se connaître et connaître l’autre.

    GB : Il y a une responsabilité de ceux qui savent à l’égard de ceux qui ne savent pas encore. Ce n’est pas inhérent à l’islamité que de parler verlan (cf Morano)! Il n’est d’universel que ce qui est sous-tendu par une civilisation forte, par des valeurs universalisables. Nous devons poser le primat de la législation positive d’une société multiconfessionnelle.

    Sortir la question islamiste de sa gangue musulmane, c’est renouer avec l’histoire. On a souvent une présentation de l’Histoire mutilée et mutilante, qui occulte l’imbrication, intrication intercivilisationnelle. La fierté passée apaise les blessures identitaires ; il faut se l’approprier comme citoyen pour construire une société de communauté nationale de destin. C’est de l’ordre de l’engagement comme pour la justice et la solidarité.

    LL : « Enthousiasme » signifie être pris en Dieu. La perception de la jeunesse va de la menace à l’enthousiasme. Ce qui valide tout ça, c’st le témoignage de sa vie.

    JLM : Les jeunes ont le sentiment de vivre dans la précarité. Ils cherchent des petits boulots, des missions, se posent des questions par rapport à l’engagement personnel : se marier ? Quel sens ? Tout est précarisé. Cela remet en cause notre projet de vie en commun. Il y a aussi une montée des peurs vis-à-vis de l’autre. Dans nos sociétés européennes, on sent qu’il y a basculement, déplacement du monde vers l’Asie. C’est la fin d’un cycle historique : raidissement, refus de l’altérité est en train de monter. Il faut une vigilance particulière ! Le discours sur la République ne tourne-t-il pas à vide dans ce contexte et par rapport à l’inquiétude des jeunes générations. C’est un défi posé à nous tous.

    JMQ : précarisation, pauvreté, accroissement des inégalités sociales. Transformer la société vers plus de fraternité. Certains pensent que l’égalité des chances passe par la suppression des langues anciennes, mais c’est la culture et l’éducation exigeantes qui servent l’égalité des chances. Exploration, découverte, irrigation, inspiration. Racines qui nous permettent de nous rencontrer. Permet la fierté. La méritocratie républicaine permet le partage de valeurs communes.

  • Mange tes piliers, t’vas voir tes alloc’ à la récré !

    GE blog.jpgCa y est c’est passé, une mesure démago de plus : on sucre les alloc’ aux parents d’élèves absentéistes !

    Corolairement et accessoirement, on encourage la désobéissance civique des chefs d’établissement…

    Car enfin, quel principal de collège va aller se plaindre que les pires, ceux qui dégradent, ceux qui insultent, ceux qui sèchent même à l’intérieur, claquent les portes, balancent les chaises et zonent dans les couloirs ; quel principal de collège ayant tout essayé, tout mis en place : des procédures disciplinaires aux mesures d’accompagnement social… va prendre son téléphone rouge pour dire à l’Inspecteur d’académie : « Allo, patron, rendez-le nous ! Pitié, s’il vous plaît, rendez-le nous ! »

    Lire la suite