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Lettre à Monsieur V ancien procureur de la République de Châlons-en-Champagne

article Virbel 2.PNGMonsieur,

C’était la fête au SAMIE (Service d’accueil des mineurs isolés étrangers) vendredi dernier. J’ai reçu cet après-midi-là plusieurs textos émanant de jeunes m’indiquant que onze d’entre eux avaient été reconnus mineurs et venaient d’obtenir une réponse favorable du Parquet à leur demande de prise en charge. Selon eux, il s'agissait d'"un miracle".

Et la série a continué…

En 10 jours, il y a eu 12 ordonnances de placement provisoire ; en 1 année, il y en avait eu 9.

Ébahis, nous nous sommes demandés ce qui avait changé.

 

Cette semaine nous avons eu la réponse en apprenant que vous aviez obtenu une mutation et qu’un.e de vos confrère.soeur.s vous avait remplacé.

Nous tenions, dès lors, à vous présenter toutes nos félicitations pour cette promotion et à vous exprimer notre grand soulagement.

Depuis deux ans, nous avons subi avec les jeunes toutes les décisions injustes du Parquet qui rejetait même les prises en charge de ceux qui avaient été nettement évalués mineurs par les services de l’Aide sociale à l’enfance, pourtant peu enclins dans ce département à se laisser aller au bénéfice du doute.

J’ai une pensée particulière pour tous ces jeunes qui n’ont même pas voulu attendre la décision de rejet signée par votre substitut, décision habituellement formulée de façon stéréotypée, étayée uniquement par la référence au test osseux dont la fiabilité est controversée, et qui, apprenant par ouïe dire dans quelle galère ils étaient arrivés, ont décidé de leur propre chef de quitter la Marne.

J’ai une pensée particulière pour ceux qui, parfois évalués mineurs dans d’autres départements et placés dans la Marne par vos collègues d'autres Parquets, ont été rejetés, victimes de l'arbitraire, et ont passé de longs mois dans l’expectative avant d’être replacés par le juge des enfants, perdant de ce fait un temps considérable pour intégrer une formation et pour s'apaiser à l'issue d'une trajectoire migratoire déjà traumatisante.

J’ai une pensée particulière aussi pour ceux qui ont fait l'objet d'un refus et qui, révoltés, ne comprenaient pas pourquoi vos services conservaient indûment leurs documents d’état-civil, sans fournir ni explication, ni possibilité de dénoncer cette rétention.

J’ai une pensée particulière enfin pour les derniers enfants ayant reçu une réponse négative juste avant votre départ de Châlons et dont l’aspect physique laisse peu de place au doute. Parmi eux, le jeune O a bien ri quand je lui ai expliqué qu'à quelques jours près, il aurait été tiré d'affaire. Il m'a ensuite raconté pour sa saisine du juge des enfants comment il portait le traumatisme profond d’avoir lâché la main de son cousin sur le zodiaque et de l’avoir laissé s’enfoncer dans l’eau noire. Les ordonnances du psychiatre pour O ne permettent pas de douter de son besoin de protection. Il attend actuellement seul dans un hôtel, que le juge le convoque afin de réparer l'injustice qui lui a été faite.

Je ne conclurai pas ce courrier sans vous confier que je vous ai quelquefois croisé le week-end durant vos occupations privées au cours de ces deux dernières années puisque nos enfants pratiquent des activités éducatives communes.

J’ai souri quelquefois de ce hasard providentiel...

Marie-Pierre BARRIERE, membre du Réseau Éducation Sans Frontières

Commentaires

  • No Comment.Ce que vous faite ne peut se décrire TANT VOTRE COMBAT EST GRAND.J'espère que vous croyez en Dieu.Votre cœur est à son image Et votre salut vous permettra de vous retrouver avec touts ceux que vous avez sorti de l'embarras. Hélas nous vivons tout ça parceque nombreux sont les égoïstes,les jaloux,les méchants .Dieu nous laisse libres.Mais il sait QUI SONT SES VRAIS ENFANTS.Il les récupèrera dans son royaume.Croyez au salut au Saint Esprit que Dieu Donne à ceux qui sont sincères et votre force sera encore.Un grd MERCI + g^rande prest sans

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