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Marie-Aude Bur et la passion d’entreprendre : visite de l’entreprise Transmatik à Bezannes le 2 novembre 2010

transmatik.jpgDans sa volonté d’aller à la rencontre des acteurs économiques du territoire, le Mouvement Démocrate de la Marne a proposé à ses adhérents de participer à une visite de l’entreprise Transmatik à Bezannes. Cette visite a eu lieu mardi 2 novembre et elle a permis d’évoquer avec Marie-Aude Bur, créatrice en 2004 de cette entreprise spécialisée dans la relocalisation de vérins, le développement économique de la région et les ressorts nécessaires à la pérennisation d’une activité industrielle dans la Marne.

Aujourd’hui, Transmatik, c’est 38 000 euros de capital, 1 million d’euros de chiffre d’affaires. Mais il n’en a pas toujours été ainsi, et Marie-Aude Bur aime à répéter que si c’était à refaire, elle ne le referait pas. « Parce qu’on ne peut pas faire de l’industrie avec 8000 euros ! »  et que, quand on n’a pas d’argent, cela rend les choses très compliquées.

Mais en 2004, elle ne s’est pas posé la question des complications possibles. Cette ancienne directrice commerciale, animée d’un fort désir d’entreprendre, s’est lancée, suivant son intuition dans la fabrication industrielle de vérins. Quand on lui demande si elle aurait pu fabriquer et commercialiser autre chose, elle répond que non : « Le vérin, ça ne me faisait pas peur, je connaissais le produit. »

La politique économique régionale peut aider les créateurs d’entreprise, mais Transmatik n’était pas demandeur. La demande d’aide a été effectuée au niveau du FEDER. M.A. Bur, ayant été présidente du centre des Jeunes dirigeants, elle maîtrisait les rouages de la procédure de constitution de dossier et des portes auxquelles on pouvait frapper.

Il faut aller chercher l’info, rencontrer les gens, sortir de chez soi, s’entraider, travailler en réseaux. « Un entrepreneur ne peut pas rester tout seul dans son coin. » Une démarche volontariste porte ses fruits, mais il est vrai que l’aspect administratif du montage de dossier peut parfois rebuter, surtout quand le dossier est refusé après le temps infini qu’on a mis à le monter…

Les aides régionales comptent, bien évidemment, pour M.A. Bur qui a bénéficié d’un prêt à taux zéro pour un achat de machine dans le cadre du plan de diversification industrielle (OSEO). « Les politiques ont pris conscience que les délocalisations étaient un réel problème et ils encouragent l’innovation, mais il faudrait aussi aider à la production de produits basiques près de chez soi. »

Les TPE – PME représentent un fort potentiel de développement, selon elle, et le travail en réseau serait profitable, notamment pour soutenir les grosses entreprises familiales afin qu’elles puissent développer leur marché à l’export. Elle-même a noué récemment un partenariat commercial en free label avec un fabricant italien afin de l’aider à écouler sa production, dont la commercialisation était pénalisée par le monopole des grandes enseignes. « Il fabrique les pièces et je les monte. Cela nous permet une grande réactivité pour les livraisons, et un accès à une gamme plus élevée pour les clients qui commandent des pièces. »

Mais la région manque d’un bassin industriel et les frais de port du coup, sont plus chers. Le risque plaît à M.A. Bur qui évoque la conjoncture récente: « La crise a été formatrice, elle a permis de remettre les pendules à l’heure. Nous avons perdu 30% de notre chiffre d’affaires, et nous avons dû réduire de 50% nos charges, ce qui nous a poussés à faire des économies. » L’entreprise n’a plus de véhicules, les transporteurs prennent moins l’autoroute et des salariés sont partis pour des raisons personnelles : nous ne les avons pas remplacés. Les effectifs sont passés de 7 à 4.

Elle a déjà pu embaucher plusieurs stagiaires formés par ses soins. Le partenariat qu’elle a noué avec le Lycée privé St Jean-Baptiste de la Salle par exemple est très profitable. Elle vient d’ailleurs de faire acte de candidature pour entrer au conseil d’administration de l’établissement tant elle aime leur façon innovante d’appréhender la vie professionnelle. « Les stagiaires, habituellement, ne sont pas tellement encouragés par leurs formateurs à postuler dans les petites entreprises car on pense qu’ils ne pourront pas pratiquer de management. Alors qu’on peut tout faire ici ! »

Elle a toujours été militante, plutôt de gauche : UNEF, MJS. Il lui faut du concret. Autrefois membre du bureau régional de l’UIMM, elle a été récemment sollicitée pour figurer sur une liste aux élections de novembre pour la présidence de la CRCI.

Etre chef d’une petite entreprise industrielle aujourd’hui, ça peut faire peur : peur d’un dépôt de bilan pour une erreur de jugement. « Il y a des engagements à tenir vis-à-vis des salariés, une équipe fidèle qu’on veut pouvoir faire vivre, alors il y a des mois où on ne se paye pas ! Il faut tout réinvestir tout le temps. »

Des journées qui commencent à 5h et s’achèvent à 22h, c’est la condition pour tenir l’engagement de rendre la société pérenne. Les gens qui y travaillent doivent s’y sentir bien pour avoir envie d’y rester. Et en faisant le tour des machines impressionnantes de l’atelier, on a bien l’impression que la confiance règne dans les relations entre la patronne et ses salariés. « Il m’est arrivé de trop déléguer à un jeune qui n’a pas réussi à faire le travail. Je n’ai pas pu me fâcher, c’était de ma faute. Je n’ai pas vérifié que je pouvais déléguer… »

Volontarisme, réalisme, passion et créativité sont les mots qui caractérisent le mieux cette femme chef d’entreprise qui déclare s’amuser beaucoup de son statut quasi unique d’industrielle femme sur la place. Cette militante ne vote peut-être pas au centre, en tout cas, elle est persuadée que la mutualisation, le partage de connaissances et les partenariats larges avec des acteurs variés, tels que les lycées professionnels ou les syndicats patronaux, sont une clé de la réussite entrepreneuriale. « Mais il ne faut jamais choisir les solutions les plus faciles ou confortables, ce sont les plus trompeuses ! »

C’est bien noté !

 

transmatik 2.jpg

 

Merci à Marie-Aude Bur de nous avoir reçus. Nous avons beaucoup appris en l'entendant parler car elle sait transmettre la passion d'entreprendre qui l'anime. 


Prochaine rencontre prévue avec une entreprise du secteur de l’Economie Sociale et Solidaire dans le cadre du mois de l’ESS

 

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