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  • Boris et Mickaël ROZE : des frères bio, solidaires et militants

    175872_10150098834982420_697797419_6209594_1397989_o.jpgDes pionniers en Champagne–Ardennes


    L’enthousiasme des frères Rozé, Boris et Mickaël, gérants du magasin Biocoop à Châlons-en-Champagne, ouvert par leurs soins il y a trois ans,  rue du Général Sarrail, est très communicatif. D'ailleurs, leur magasin, où se tissent à nouveau et de façon presque magique les liens que permettait l'épicerie de village autrefois, ne désemplit pas. Tant que la lumière n’est pas éteinte, des clients frappent aux portes vitrées, même si l’heure de fermeture est dépassée.


    Le réseau Biocoop existe depuis une quarantaine d’années. Les villes pilotes se situent plutôt en Bretagne, dans le Sud ou en Région parisienne. Au départ, les coopératives sont nées de regroupements de consommateurs qui voulaient acheter en commun des produits bio. Les entrepôts étaient en terre battue ; on appelait ça tout simplement des coopératives bio.  Et puis, il y a eu le montage de structures coopératives pilotes, avec parfois des restaurants accolés à la boutique.


    « Mais en Champagne-Ardenne, on savait qu’on venait faire du débroussaillage, de la sensibilisation. Le premier Biocoop à la ronde et le seul dans un rayon assez étendu, est à St Dizier ! » C’est ainsi que Boris avec son large sourire nous explique d’où leur est venue l’idée folle.


    Ils sont issus d’une famille d’agriculteurs bretons, leur grand-mère faisait du beurre qu’elle vendait dans les épiceries fines. Mais leur engagement coopératif et commun est venu sur le tard. Michaël a d’abord étudié l’économie  à la Fac et Boris, les sciences sociales. Après un départ dans la vie active comme salarié du secteur bancaire, Mickaël a vite compris qu’il voulait mettre son énergie dans un autre domaine. Il a alors repris des études d’éducateur pour diriger un centre social à Laval. Puis, durant une période de chômage, le projet Biocoop s’est peu à peu précisé. Boris était déjà salarié de Biocoop à Rennes : « On a bien travaillé là-bas, dans notre Bretagne d’origine, on a eu envie d’aller semer ailleurs. Il y avait un trou en Champagne-Ardenne »


    Ils ont choisi Châlons car c’est là qu’ils ont trouvé les locaux les plus adéquats et ils préféraient une ville à taille humaine pour fonder sur le long terme. Depuis 2007, ça fonctionne bien ; ils sont de plus en plus connus et reconnus pour la qualité de leurs produits. Ils sont trois à tenir la boutique, dont un salarié à ¾ temps.


    Biocoop, deux mots clés : saisonnalité et proximité


    172272_10150098835887420_697797419_6209604_5307343_o.jpgLe magasin de Châlons sur l’impulsion des frères Rozé joue à fond le jeu du bio ; ce qui les a séduits chez Biocoop, ce sont les valeurs humanistes, le développement de l’agriculture biologique comme objectif commun et la richesse des ressources mutualisées par le réseau. Le magasin doit garder une taille humaine, ils ne souhaitent pas lui adjoindre un restaurant, une boucherie ou une poissonnerie. Il est vrai qu’il est déjà bien fourni, les rayons sont variés et les produits bien sélectionnés.


    Les relations avec la FRAB (Fédération Régionale de l’Agriculture Biologique) ont été essentielles pour démarrer et elles le restent  pour maintenir le rythme de croisière que semblent avoir pris les affaires : elle met en lien, elle fédère, elle donne envie. Les producteurs viennent prendre contact directement pour commercialiser leur production. « C’est plus facile quand on ne vient pas de la région, on a de la fraîcheur et de l’énergie et surtout, pas d’a priori les uns envers les autres ». Boris accompagne sa phrase d’un clin d’œil entendu.


    Puis il arpente les rayons pour nous faire découvrir la richesse des produits qui les approvisionnent : de la viande des Ardennes, des œufs marnais, des pâtes de Queudes, du lin brun et des lentillons de Champagne, des pommes, leur jus et leur compote en provenance de Meuse, les produits laitiers ardennais…


    « Nous recensons toutes les énergies ; plus le producteur est petit, plus ça nous intéresse de promouvoir sa démarche pour nos produits frais. Le local, c’est 15% de ce que l’on vend. » Ensuite, pour l’épicerie, le réseau national prend le relais, les filières sont organisées de A à Z avec traçabilité intégrale.


    Ce qui motive la démarche Biocoop, c’est le respect de la saisonnalité des produits qui limite l’impact environnemental de la culture sous serres chauffées en hiver, et la recherche de la proximité et du circuit court. C’est pour cela qu’ils essaient de travailler le plus possible en local. Un produit bio qui a pris l’avion pour eux, n’est plus bio. Les bananes du magasin, par exemple, viennent de République Dominicaine, mais elles sont acheminées par la mer…


    Des entrepreneurs solidaires et  militants


    bc_accueil_logo.pngLes Rozé aiment le débat. Ils ont des occasions nombreuses de l’engager avec les agriculteurs avec qui ils travaillent et qui ne partagent pas forcément l’intégralité de leur démarche.


    Ils ont aussi créé une association, Le Vert solidaire, qui compte 400 adhérents dont une quinzaine de membres actifs pour promouvoir à Châlons l’agriculture biologique et les valeurs environnementales. Présents au Grenelle local de l’environnement, ils ont également été sollicités pour la table ronde sur la réduction des déchets. Ils sont reconnus, en quelque sorte, comme des spécialistes locaux du développement durable. L’association permet un partage de savoir-faire, certains échangent des recettes, des graines. Il y a aussi une bibliothèque virtuelle et ils prévoient dans le cadre d’un partenariat avec la Comète de projeter un film à thèse tous les deux mois. Ils commencent le 3 mars avec : Moi, la Finance et le développement durable.


    Biocoop appartient au secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui promeut une autre façon de faire du commerce en l’inscrivant dans une préoccupation sociale au sens large : développer l’agriculture paysanne, relocaliser l’agriculture bio dans des exploitations  à taille humaine, remettre l’homme au cœur du commerce, qu’il soit fournisseur, client ou salarié et se préoccuper à la fois de santé et d’environnement.


    Il y a 400 magasins Biocoop en France, des relais et des animateurs de réseau. Le réseau fonctionne bien en lien notamment avec l’ONG Les Amis de la terre.


    Le respect de la charte de la certification bio est dûment contrôlé par une commission de sélection qui soumet les produits, lors de visites sur le terrain, à une série de tests spécifiques. Chez Biocoop, les membres du réseau coopératif, salariés ou gérants, peuvent avoir des mandats électifs pour participer  à des commissions. Au niveau national, la sélection est organisée par la SA Coop, les chefs de marché, les services centraux du réseau. « Si c’est nous qui référençons un producteur local, on lui demande son certificat, sa licence, la composition de l’alimentation qu’il donne à ses volailles par exemple. Mais il existe un  référencement national ou régional établi par les services centraux avec des producteurs répartis dans toute la France», complète Mickaël.


    Les salariés et les gérants sont sollicités pour participer à la vie politique du réseau au cours des réunions de bassin, Bourgogne-Champagne. Y sont abordées des problématiques plus larges comme la réaction au cahier des charges européen par exemple.


    Les frères Rozé participent aussi nationalement au montage d’une association et d’un label « Bio cohérence » pour défendre une agriculture bio de qualité. Face aux appétits dévorants marchands, les produits bio risquent d’être vidés de leur substance comme pour l’agroalimentaire autrefois. Le cahier des charges européen et celui qui concerne la France sont bien plus laxistes celui du label qui garantira une agriculture bio de qualité. Lire ici sur Bastamag pour en savoir plus.


    Merci à Boris et Mickaël d’avoir pris le temps de nous recevoir et de nous donner à ressentir la passion qui les anime. Sans aucun doute, ils ont conquis quelques clients parmi nos militants… Une belle énergie mise au service d’une noble cause : Biocoop, Le Vert solidaire et le label Bio cohérence. Et en attendant qu’ils s’engagent en politique (un jour.. peut-être…pas au MoDem apparemment !), le coopératif et l’associatif sont de beaux terrains d’expériences et de militantisme sur lesquels nous les rejoindrons volontiers.