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  • Un peu d’étymologie européenne

    Aujourd'huGE couleurs.jpgi, c'était la fête de l'Europe et le ministre des Affaires étrangères et européennes en a mal parlé... Tout riquiqui ici et pas du tout ... On attendait du souffle, des pistes de projet, des propositions ambitieuses pour relancer la confiance en l'Europe des citoyens français.

    Economie : Oikos - Nomos

    L'Europe s'est construite sur l'intuition géniale que la mise en commun des ressources et l'élaboration d'un marché commun rendraient impossible les guerres fratricides et meurtrières des siècles passés. Et ça marche ! Enfin, ça a marché jusqu'à aujourd'hui...

    Mais voilà, l'Europe souffre des mêmes maux que toutes nos institutions détachées des citoyens, et elle cumule d'autres inconvénients : celui de servir de bouc-émissaire régulier pour justifier des politiques nationales rigoureuses ; celui de n'avoir pas, comme nos vieilles assemblées, une histoire longue et respectable ; celui enfin, d'être trop économique et donc, compromise par l'effroyable crise économique et financière que nous traversons...

     
  • Il n'y a pas de hasard

    stasi.jpgIl y a des événements dont la confrontation parfois, émeut, signifie et rassure...

     

    Demain matin 5 mai, mon amie, demandeuse d’asile, va donner naissance au fils dont elle n’a pas avorté en octobre lorsque je l’ai rencontrée. Elle a beaucoup hésité… Nous sommes allées ensemble à l’hôpital rencontrer un gynécologue incroyable : « Mais Madame, à trois mois, à une semaine de la limite légale, demander l’IVG, c’est pas possible ! Ca veut dire qu’il y a un problème… » Alors, on lui a tout raconté  : la grossesse découverte tardivement, la demande d'asile déboutée, l'absence d'hébergement, les nuits dans la voiture après la sortie du foyer, l’incertitude complète du lendemain, le désespoir, les précédentes grossesses rendues difficiles à cause des menaces en Russie. Elle ne voulait pas revivre ce stress avec un bébé dans le ventre, un bébé qui s’en porterait mal, c’était sûr… Mais c’est si dur d’avorter quand on a déjà vu le cœur de son enfant battre à l’échographie…


    La grossesse a été très très difficile : beaucoup de souffrances physiques, la tension très basse, la notification du refus d’annulation de l’OQTF en décembre (les voilà désormais arrêtables, expulsables…) et puis, la maladie du mari qui est revenue… Une dépression très lourde liée aux traumatismes de la vie d’avant, quand il faisait les marchés en Russie et qu’il a vu des gens se faire égorger sous ses yeux par les milices nationalistes russes… Il ne dort pas, il fait des cauchemars terribles, il ne veut plus parler à personne, il ne fait plus confiance à personne… Et manque par deux fois de commettre l’irréparrable ! Et puis une nouvelle expulsion il y a 3 semaines : il faut encore changer de lieu, de ville, de collège, d’école. Comme à la Toussaint ! Reprendre ses marques alors qu’on sait qu’on ne restera pas… La petite a fait partie des 4 élèves du collège qui ont reçu un prix d’excellence pour leur deuxième trimestre : brillante, modèle, impassible… Mais c’est déjà tellement dur de bien travailler quand on vit dans une telle incertitude et qu’on voit ses parents aller si mal : c’est fini, elle ne veut pas retourner dans un autre collège !


    Aujourd’hui 4 mai, la commission mixte paritaire constituée de 14 députés et sénateurs a adopté à 8 voix contre 6 le projet de loi sur l’immigration, objet d’un véritable feuilleton législatif depuis début 2010. Cette loi contient des dispositions critiquées par nombre d’associations oeuvrant aux côtés des demandeurs d’asile et des migrants. Elle laisse en effet à la discrétion du préfet la décision de maintenir un étranger malade en France si l’absence de traitement dans son pays d’origine n’est pas démontrée. Elle retarde l’intervention du juge des libertés, permettant une plus grande rapidité de décision du juge administratif en ce qui concerne l’exécution d’un placement en rétention et /ou d’une mesure d’expulsion. Enfin, elle interdit le retour dans l’Union Européenne jusqu’à 5 ans d’un étranger expulsé, ce qui est de nature à briser sa famille…


    L’accouchement de cette loi a été très très difficile : le conseil des ministres  en adopté le principe en mars 2010, on a vu que l’assemblée nationale était vraiment de droite quand il a été premièrement débattu en septembre de la même année puis adopté en mars dernier. Alors, on a écrit, on a milité, on a cru que le Sénat tiendrait ses promesses de février. Mais en avril, la menace s’est précisée sur les futures élections sénatoriales : le contexte est difficile pour la majorité, il y a moins de grands électeurs de droite après les cantonales. Le président fait de cette loi un point d’honneur : on resserre donc les rangs et on met son doigt sur la couture… en courbant bien l’échine et en écrasant ses principes sous son mouchoir…


    Ce matin Bernard Stasi est mort. Il avait prôné dans Tous Français, L’immigration, une chance pour la France pour une « éthique d’action et d’accueil s’appuyant sur des règles généreuses et fraternelles » Il ne l’a pas fait pour se démarquer, pour forcer le clivage, non par tiédeur ou par opportunisme politique, mais parce qu’il était convaincu que les valeurs de la France ne peuvent pas tolérer le rejet, le refus, le mépris de l’autre sous prétexte qu’il est étranger… Et même qu’on doit aller bien plus loin que la seule tolérance pour que l’intégration puisse réellement avoir lieu : "Oui, il y aura des minarets aux cotés des clochers de nos églises sur le paysage de nos campagnes. Et alors ?" « Chacun doit prendre conscience, vraiment, que la diversité est une chance inouïe. Cette prise de conscience doit se faire à tous les étages de nos sociétés, elle doit être universelle et adopté par tous. Faute de quoi, nous allons passer notre temps à nous épier, à nous provoquer… jusqu’au point de nous détester. Nous devons être des promoteurs de la paix dans le monde, des VRP porteurs de valeurs communes comme la morale et la raison, et des ouvriers œuvrant pour l’harmonie entre les peuples», déclarait-il encore avec constance en 2007 dans un entretien à la Nouvelle Tribune, alors que les problèmes posés par les « rebelles de l’intégration » semblaient bien plus préoccupants qu’en 1984. Lui, il n’a jamais changé !


    Ce soir, je voudrais lui offrir par la pensée cette naissance, et notre combat pour qu’elle ait lieu dans des conditions dignes. Un grand homme politique français disparaît, qui nous a laissé des valeurs et un engagement en héritage. Demain, un possible futur français vient au monde. Du disparu à l'à-venir, il y a l’espérance que nous résisterons collectivement aux sirènes mensongères de la peur de l'autre et que nous donnerons encore, en « bons français » que nous sommes, leur chance à ceux qui ont la réelle volonté de gagner, sinon la nationalité, à tout le moins le droit immuable de naître et de vivre en paix en France !  Et mieux, que nous leur donnerons la certitude qu'ils nous enrichissent, et que nous ne pouvions pas nous passer d'eux pour être nous-mêmes... C'est une prière ! De là-haut, Monsieur Stasi, vous pouvez la porter avec nous où il faut qu'elle le soit pour être exaucée ! Reposez en paix, mais, s'il vous plaît, ne cessez pas de nous insuffler les forces  nécessaires pour poursuivre le combat qui a été le vôtre !