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Le samedi, c'est économie!

visuels-2-8db16.jpgL'économie me barbait sérieux au lycée. Je n'en ai fait qu'en seconde!  Comme je me savais vouée aux Lettres, il était exclu que la vénalité du cours d'éco puisse satisfaire mes besoins d'idéal...

Aujourd'hui, j'ai donc un retard considérable en la matière et, je cours après le temps qui passe pour tenter de percer les mystères d'une science essentielle à qui veut influer un tant soit peu sur les règles du jeu politique.

Cela fait deux samedi de suite que je me penche sur des questions de macro-économie, bien introduite dans le sujet le 5 octobre dernier par l'excellente conférence sur la dette d'Emmanuel Molinatti, notre expert en sujets éco du MoDem Marne.

La nationalisation des banques

La semaine dernière, j'ai écouté et lu Fédéric Lordon qui veut nationaliser les banques car il pense qu'on  y gagnera un meilleur contrôle et une meilleure coordination du secteur bancaire, empêchée aujourd'hui par la concurrence. La nationalisation permettrait de rouvrir de façon concertée les robinets du crédit et de relancer la consommation. Les banques, en effet, sont dépositaires du bien commun que constituent nos économies et avec lequel elles n'hésitent pas à prendre quelques libertés, menaçant même de sanctions au cas où on voudrait de trop près les contrôler... Comme la coordination est interdite en économie de marché, pas d'autre choix selon lui que de nationaliser pour se réapproprier un bien qui a cessé d'être commun par le jeu de la concurrence.

Pour lui, la question est de savoir si on attend le cataclysme lié à l'exercice d'ajustement budgétaire pour y aller. Si on laisse les banques faire faillite, les actionnaires perdent tout, d'accord ; mais si l'Etat nationalise et saisit, les actionnaires perdent tout mais nous, on reste en vie... Ca aggravera la dette (puisqu'il y aura déflation), oui, mais on s'en moquera puisqu'on arrêtera de payer. Evidemment, Bruxelles risque de faire des bonds, mais Lordon n'en parle pas.

Nous changeons de modèle, en fait : nous refermons une époque  dont la caractéristique majeure est le surendettement généralisé, pour les ménages, les banques, les Etats. Ce surendettement, syndrome le plus caractéristique de la configuration néolibérale du capitalisme, est l'expression de la contradiction entre une politique massive de dérèglementation-défiscalisation et les rigidités des dépenses publiques de l'Etat social. En clair, il faut se demander ce que nous voulons sauver: les possédants ou l'Etat social? Pour Lordon, la réponse est évidente, la nationalisation du secteur bancaire permet de sauver l'Etat social. Retour aux vieilles recettes contraignantes ou planche de salut pour un autre modèle économique ? Quid de Bruxelles dans ce schéma national ?

Le point de fusion des retraites

Financiarisation

Lordon dévoile aussi dans un autre article les soubassements  de la réforme des retraites, qui, pour lui, n'est rien d'autre qu'une entreprise concertée et néanmoins silencieuse de sape de la répartition, de promotion de la retraite par capitalisation, et par conséquent de renforcement de la financiarisation de l'économie. L'objectif est, selon lui, à terme d'empêcher la régulation de la finance par le fait que le salarié qui cotise est aussi celui qui perçoit, et que sa situation d'actionnaire sera un alibi imparable pour justifier qu'on ne régule pas le système, puisque le capitalisant-épargnant en serait le perdant... Il s'agit d'un piège tout à fait pervers qui tend à gommer la séparation du capital et du travail, désormais totalement interdépendants.

Agences de notation

Dans une autre vidéo qu'un ami m'a partagée, on entend Pierre Marodon expliquer que la réforme des retraites, très mal faite, reposant sur des réponses partielles et à court terme, n'a pour seul objectif que de rassurer les agences de notation. La précipitation avec laquelle cette réforme a été conçue est le signe qu'elle est intimement liée au devenir des finances publiques et de la dette : la réforme est le gage que la France s'attache à remplir les critères de Maastricht en terme de réduction des déficits publics pour pouvoir maintenir la fameuse note AAA afin que des créanciers scrupuleux continuent à financer notre dette à des taux raisonnables. S'il fallait encore prouver qu'on vivait au coeur de systèmes complexes...

Mais au fait, les agences de notation, ce ne sont pas celles-là même qui ont produit la crise des subprimes en notant AAA et BBB des titres véreux de chez véreux? :-O

Et nous dans tout ça?

Impuissance

- Ce n'est pas le citoyen qui peut prendre la décision de la nationalisation de sa banque.  Et puis, on n'en est pas encore là : peut-être qu'avant ça, on pourrait déjà imaginer de séparer les banques de dépôts et les banques d'affaires, revenant ainsi sur une des plus belles erreurs d'un gouvernement socialiste qui les avait fusionnées en 84. Mais c'est très technique et ça regarde ceux qui ont le temps de bosser les dossiers, les spécialistes des finances publiques.

Mensonge

- Et nous ne savions pas qu'on nous vendait la réforme des retraites selon des arguments  de bon sens (du style "de toute façon, on y peut rien, c'est comme ça: travailler plus parce qu'on vit plus longtemps") destinés en fait à montrer à Moody's (nom d'une agence de notation) qu'on faisait tout pour comprimer les dépenses publiques..

Nous sommes en réalité trop souvent placés (maintenus) entre l'impuissance et la crédulité...

Mais, concrètement, on peut faire deux choses pour que le système change et cesse de nous broyer, ainsi que nos frères humains qui vivent sous le seuil de pauvreté et dans des conditions effroyables en France et partout dans le monde:

- Encourager la métamorphose nécessaire de l'économie financière en un modèle plus humain et plus juste d'économie.

A notre mesure, nous pouvons agir, et la semaine de la finance solidaire qui vient de s'achever nous le rappelle. Souscrire un fonds de placement solidaire pour soutenir le micro-crédit ou la coopérative de production dans les pays en voie de développement, c'est aussi signifier à sa banque qu'on veut  exercer un contrôle plus important, en tant que citoyen, sur l'utilisation qu'elle fait de notre argent.

- S'informer et être attentif aux campagnes citoyennes dont le but est d'encourager à la moralisation  du capitalisme.

J'en ai découvert une belle ce soir, qui me fait moins désespérer de ne rien comprendre à l'économie du monde comme il va. Ce genre de campagne pétitionnaire peut donner l'impression d'une certaine vanité. Cependant, le fait de signer indique qu'on s'est informés, qu'on a pris le temps de chercher l'info et de mieux connaître les organismes internationaux qui exercent un lobbying sain sur les institutions  européennes et internationales. Et puis, de gouttes d'eau en gouttes d'eau...

Ici, 100 000 signatures pour réclamer un meilleur encadrement de l'exercice de la RSE (responsabilté sociale et environnementale) des entreprises à la commission européenne ; là, une carte postale pour revendiquer auprès du G20 la nécessité de contrôler les paradis fiscaux.

Et petit à petit, de signature en soutien de causes, d'un citoyen éveillé (même si à la base il est nul en économie ;-)) à un autre qui le lit ou qui l'entend, de la préoccupation du bien commun placée au-dessus de l'intérêt particulier, "à partir de cela, s’esquissent les deux grandes finalités éthico-politiques du nouveau millénaire : établir une relation de contrôle mutuel entre la société et les individus par la démocratie, accomplir l’Humanité comme communauté planétaire." extrait du Manifeste pour la métamorphose du monde

Oui, bien sûr qu'il y a des raisons d'espérer! Mais ne les cherchons certainement pas ailleurs qu'en nous-mêmes...

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