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"Un monde nouveau a besoin d'une nouvelle politique"

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Premier plateau de télé

J'ai accompagné hier un jeune engagé démocrate, Florian Thiery, âgé de 23 ans, candidat à la candidature pour le MoDem aux prochaines cantonales de mars. Il avait été invité sur le plateau de France 3 pour l'émission La Voix est libre. Il s'est trouvé là, en présence de Florian Glay, jeune socialiste de 18 ans et de Romain Desanlis, jeune populaire de 24 ans, tous deux candidats déclarés aux prochaines cantonales, l'un sur un canton ardennais, l'autre sur un canton marnais.

L'engagement des jeunes en politique...

La journaliste a insisté d'entrée de jeu d'interview sur la jeunesse de nos trois candidats (c'était le thème de l'émission!) et leur a évidemment demandé, non sans avoir lancé préalablement l'enregistrement d'un micro-trottoir dans lequel on entendait des jeunes dire pis que pendre de la politique et s'esclaffer parfois bruyamment à l'idée de pouvoir se présenter à une élection, s'ils pensaient que les jeunes devaient s'intéresser à la politique et pourquoi. J'avoue que les réponses à cette question de nos trois candidats ne m'ont pas franchement marquée. Bon, c'était le début de l'émission, il fallait se mettre en voix, et puis la question n'était pas ouverte et ne favorisait pas le témoignage personnel... Alors, ils se sont contentés de commenter ce qu'ils venaient de voir.

Ensuite, il a fallu enchaîner avec : "Et vous, suivrez-vous l'exemple de vos aînés?" Non, bien sûr, ils veulent faire de la politique autrement car on ne peut plus faire comme avant. Ils sont pour le non-cumul bien sûr, et disent qu'il faut les élire parce qu'ils sont jeunes et connaissent bien les problèmes des jeunes...

... c'était presque ça !

Et puis, après ces déclarations de principe sur le "faire autrement", on est entré dans une espèce de parodie hallucinante des meilleurs débats télévisés des soirs de prime time: Florian Glay, interpellant avec aplomb le candidat de droite et lui demandant des comptes sur la gestion catastrophique de la majorité présidentielle et départementale. Le candidat de droite rétorquant sans moins d'aplomb que la politique menée était la bonne, qu'elle était courageuse et volontariste. Et Florian Thiery au milieu qui comptait les points... sans trop savoir comment prendre sa part dans les estoquades qu'on se portait de droite à gauche et de gauche à droite. De ce point de vue d'ailleurs, le plateau favorisait la caricature car le placement des invités reproduisait leur situation sur l'échiquier, favorisant du coup l'affrontement. On a cité ici ou là quelques chiffres montrant qu'on avait bien travaillé ses dossiers, on a évidemment ramené plus l'élection cantonale aux enjeux nationaux à gauche qu'à droite... Tout le monde était d'accord que le téléthon, c'était génial car il y a des bénévoles qui se donnent... Le candidat de gauche en a assez des cadeaux aux riches et le candidat de droite veut rendre le territoire plus attractif pour faire venir des entreprises...

Et dans cette sorte de grand oral duquel tout le monde est sorti en se serrant la main et en disant: "Ouf, c'est fait, et ça s'est pas trop mal passé" on n'a parlé ni de projet concret, ni de développement durable, ni de valeurs, ni d'envie, ni de volonté de changement profond, ni de participation, ni de la société civile, ni de conviction. Et notre Florian n'a pas réussi, hélas, à dire en conclusion qu'il suffisait d'avoir regardé cette émission pour comprendre que les jeunes pop et ceux du MJS n'ont au final pas la moindre envie de changer quoi que ce soit à la politique de leurs aînés, qu'ils se contentent de réciter (avec plus ou moins d'à propos ou d'aplomb, les uns avec assurance et hauteur, les autres avec fougue et éclat) la parole qu'on leur distille d'en haut, et qu'ils n'ont pas plus à proposer que ceux qui les  managent (car je crains qu'on ne puisse utiliser le verbe "enseigner" pour qualifier le type de transmission qui s'effectue là). Hélas, il ne l'a pas dit, hélas, il n'a pas su s'affirmer davantage. Au moins n'aura-t-il pas fait le jeu de ces pseudo-rivalités de théâtre en carton pâte...

Comment faire ?

Nous devons travailler plus que les autres notre communication car notre message est complexe et ne peut se contenter de la caricature, nous devons travailler deux fois plus aussi parce qu'il faut comprendre ce que l'un et l'autre de la droite et de la gauche proposent pour comparer, retenir ce qui nous convient et nourrir un projet alternatif. Alors, il faudra s'entraîner davantage et se montrer sans doute plus offensif dans ce contexte social qui favorise le rapport de force.

Mais pitié, soyons de ceux qui élèvent le débat et qui ne désespèrent pas la pensée... Florian Thiery est un jeune épatant qui a un profil associatif et des convictions profondes. Il n'a pas pu se mettre en avant sur ce plateau pour des raisons qui tiennent au formatage de l'émission, aux habitudes de ses concurrents et à son inexpérience.

Mais restons convaincus que connaître les dossiers sur le plan technique ne suffit plus aujourd'hui, que l'espoir ne se bâtit pas avec des chiffres, et que la pensée politique est moribonde du fait que le heurt des "éléments de langage" tient lieu aujourd'hui de ce qu'on nommait autrefois disputatio.

Et pour aller où ?

On en vient alors à la question du sens... "Nous nous interrogeons sur le sens de l'action politique mais nous entendons par là ses buts et ses fins, et nous n'appelons cela sens que parce que nous ne croyons absolument plus en un sens, à strictement parler. Compte tenu de ce manque d'expérience, nous avons tendance à faire coïncider les différents éléments possibles de l'action, et à croire qu'une différence comme celle du but et de la fin, du principe et du sens, revient à couper les cheveux en quatre." Hannah Arendt, Qu'est-ce que la politique, Points Seuil (p.182)

La distinction des buts, des fins, des principes et du sens devrait être constitutive de la formation politique d'une jeune engagé, quel que soit son parti. Le vernis qui recouvre l'absence de distinction ne parvient pas à cacher en effet ce qu'Hannah Arendt nomme plus loin "le désert", "la perte croissante du monde" à laquelle d'emblée ces jeunes affirment vouloir échapper, mais leur discours et leur posture tendent à prouver au contraire qu'il s'y complaisent en définitive, handicapant au final les deux facultés essentielles qui permettent patiemment de "transformer le désert: la faculté de pâtir et la faculté d'agir."

En off, l'un d'eux n'a-t-il pas reconnu qu'on ne donnait aux jeunes candidats que des cantons ingagnables?

Commentaires

  • Je viens de lire votre Article je suis, je doit le dire, assez, comment dire préoccupé par vos propos. Car, à 18 ans je n'ai pas l'habitude et/ou l'expérience de faire ce genre d’exercice qui je vous l'accorde n'est pas simple.
    Simplement, quand vous ne prenez pas la parole forcément on ne vous la donne pas.


    Alors oui je pense ce que je dit, je suis contre le cumul depuis des années, je suis pour un changement profond du système qui marche aujourd'hui sur la tête. Mais oui, vous êtes pour la zone franche venez voir dans les Ardennes ce que cela produit !
    Et si vous pensez que moi, socialiste, jeune socialiste je suis comme les autres j'accepte vos propos mais regarder les programmes et la manière de faire de la politique.

    Mais jamais le MoDem ne changera quelque chose, Bayrou était ministre de l'éducation, lui aussi à supprimé des centaines de poste dans l'éducation national !

    La réalité c'est que votre parti est ok avec Sarko sur 80 % des points mais est là pour un homme, F.BAYROU. Ce parti tourne autour de l'ambition de Bayrou sans changer les idées de l'UDF qui gouvernes avec l'UMP.

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