Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Parce que l'empathie raisonnée demande à s'adosser à l'enthousiasme combattif...

    Et surtout parce que je n'ai pas le temps d'autre chose...

     

    Deux trois liens importants:

    Pour Elen et pour Jor

    Pour Hovsep et pour Arpi

     

    Et celui-ci qu'est pas si mal en temps de crise...

    Des petites bonnes choses

  • "Un monde nouveau a besoin d'une nouvelle politique"

    image_57568236.jpg

    Premier plateau de télé

    J'ai accompagné hier un jeune engagé démocrate, Florian Thiery, âgé de 23 ans, candidat à la candidature pour le MoDem aux prochaines cantonales de mars. Il avait été invité sur le plateau de France 3 pour l'émission La Voix est libre. Il s'est trouvé là, en présence de Florian Glay, jeune socialiste de 18 ans et de Romain Desanlis, jeune populaire de 24 ans, tous deux candidats déclarés aux prochaines cantonales, l'un sur un canton ardennais, l'autre sur un canton marnais.

    L'engagement des jeunes en politique...

    La journaliste a insisté d'entrée de jeu d'interview sur la jeunesse de nos trois candidats (c'était le thème de l'émission!) et leur a évidemment demandé, non sans avoir lancé préalablement l'enregistrement d'un micro-trottoir dans lequel on entendait des jeunes dire pis que pendre de la politique et s'esclaffer parfois bruyamment à l'idée de pouvoir se présenter à une élection, s'ils pensaient que les jeunes devaient s'intéresser à la politique et pourquoi. J'avoue que les réponses à cette question de nos trois candidats ne m'ont pas franchement marquée. Bon, c'était le début de l'émission, il fallait se mettre en voix, et puis la question n'était pas ouverte et ne favorisait pas le témoignage personnel... Alors, ils se sont contentés de commenter ce qu'ils venaient de voir.

    Ensuite, il a fallu enchaîner avec : "Et vous, suivrez-vous l'exemple de vos aînés?" Non, bien sûr, ils veulent faire de la politique autrement car on ne peut plus faire comme avant. Ils sont pour le non-cumul bien sûr, et disent qu'il faut les élire parce qu'ils sont jeunes et connaissent bien les problèmes des jeunes...

    ... c'était presque ça !

    Et puis, après ces déclarations de principe sur le "faire autrement", on est entré dans une espèce de parodie hallucinante des meilleurs débats télévisés des soirs de prime time: Florian Glay, interpellant avec aplomb le candidat de droite et lui demandant des comptes sur la gestion catastrophique de la majorité présidentielle et départementale. Le candidat de droite rétorquant sans moins d'aplomb que la politique menée était la bonne, qu'elle était courageuse et volontariste. Et Florian Thiery au milieu qui comptait les points... sans trop savoir comment prendre sa part dans les estoquades qu'on se portait de droite à gauche et de gauche à droite. De ce point de vue d'ailleurs, le plateau favorisait la caricature car le placement des invités reproduisait leur situation sur l'échiquier, favorisant du coup l'affrontement. On a cité ici ou là quelques chiffres montrant qu'on avait bien travaillé ses dossiers, on a évidemment ramené plus l'élection cantonale aux enjeux nationaux à gauche qu'à droite... Tout le monde était d'accord que le téléthon, c'était génial car il y a des bénévoles qui se donnent... Le candidat de gauche en a assez des cadeaux aux riches et le candidat de droite veut rendre le territoire plus attractif pour faire venir des entreprises...

    Et dans cette sorte de grand oral duquel tout le monde est sorti en se serrant la main et en disant: "Ouf, c'est fait, et ça s'est pas trop mal passé" on n'a parlé ni de projet concret, ni de développement durable, ni de valeurs, ni d'envie, ni de volonté de changement profond, ni de participation, ni de la société civile, ni de conviction. Et notre Florian n'a pas réussi, hélas, à dire en conclusion qu'il suffisait d'avoir regardé cette émission pour comprendre que les jeunes pop et ceux du MJS n'ont au final pas la moindre envie de changer quoi que ce soit à la politique de leurs aînés, qu'ils se contentent de réciter (avec plus ou moins d'à propos ou d'aplomb, les uns avec assurance et hauteur, les autres avec fougue et éclat) la parole qu'on leur distille d'en haut, et qu'ils n'ont pas plus à proposer que ceux qui les  managent (car je crains qu'on ne puisse utiliser le verbe "enseigner" pour qualifier le type de transmission qui s'effectue là). Hélas, il ne l'a pas dit, hélas, il n'a pas su s'affirmer davantage. Au moins n'aura-t-il pas fait le jeu de ces pseudo-rivalités de théâtre en carton pâte...

    Comment faire ?

    Nous devons travailler plus que les autres notre communication car notre message est complexe et ne peut se contenter de la caricature, nous devons travailler deux fois plus aussi parce qu'il faut comprendre ce que l'un et l'autre de la droite et de la gauche proposent pour comparer, retenir ce qui nous convient et nourrir un projet alternatif. Alors, il faudra s'entraîner davantage et se montrer sans doute plus offensif dans ce contexte social qui favorise le rapport de force.

    Mais pitié, soyons de ceux qui élèvent le débat et qui ne désespèrent pas la pensée... Florian Thiery est un jeune épatant qui a un profil associatif et des convictions profondes. Il n'a pas pu se mettre en avant sur ce plateau pour des raisons qui tiennent au formatage de l'émission, aux habitudes de ses concurrents et à son inexpérience.

    Mais restons convaincus que connaître les dossiers sur le plan technique ne suffit plus aujourd'hui, que l'espoir ne se bâtit pas avec des chiffres, et que la pensée politique est moribonde du fait que le heurt des "éléments de langage" tient lieu aujourd'hui de ce qu'on nommait autrefois disputatio.

    Et pour aller où ?

    On en vient alors à la question du sens... "Nous nous interrogeons sur le sens de l'action politique mais nous entendons par là ses buts et ses fins, et nous n'appelons cela sens que parce que nous ne croyons absolument plus en un sens, à strictement parler. Compte tenu de ce manque d'expérience, nous avons tendance à faire coïncider les différents éléments possibles de l'action, et à croire qu'une différence comme celle du but et de la fin, du principe et du sens, revient à couper les cheveux en quatre." Hannah Arendt, Qu'est-ce que la politique, Points Seuil (p.182)

    La distinction des buts, des fins, des principes et du sens devrait être constitutive de la formation politique d'une jeune engagé, quel que soit son parti. Le vernis qui recouvre l'absence de distinction ne parvient pas à cacher en effet ce qu'Hannah Arendt nomme plus loin "le désert", "la perte croissante du monde" à laquelle d'emblée ces jeunes affirment vouloir échapper, mais leur discours et leur posture tendent à prouver au contraire qu'il s'y complaisent en définitive, handicapant au final les deux facultés essentielles qui permettent patiemment de "transformer le désert: la faculté de pâtir et la faculté d'agir."

    En off, l'un d'eux n'a-t-il pas reconnu qu'on ne donnait aux jeunes candidats que des cantons ingagnables?

  • La TVA Sociale est–elle souhaitable ?

    P1030865.JPGCompte-rendu de la plénière du samedi 27 novembre 2010 (Forum Démocrate)


    Nous recevions samedi 27 novembre à Châlons-en-Champagne dans le cadre de notre Forum Démocrate pour la Champagne-Ardenne, M. Jacques de Saint-Gilles, industriel régional, président du conseil de surveillance du groupe DEFTA et du pôle d’excellence automobile, qui a été plusieurs fois récompensé comme meilleur entrepreneur régional. Il nous a présenté un argumentaire très complet sur la TVA sociale dont sont résumées ici les grandes lignes.


    Imaginée par Maurice Allais, seul prix Nobel français d’économie en 1943, la TVA sociale a du mal à retenir l’intérêt des pouvoirs publics car elle est mal comprise. Autour de cette idée, ont circulé un certain nombre d’erreurs. Au premier rang de celles-ci, celle de la baisse du pouvoir d’achat engendré par une telle taxe. On a très vite enterré une idée porteuse d’un mauvais titre, voilà pourquoi il faut changer son nom et sa présentation.


    Défendre nos acquis sociaux

    Nous partons d’un constat : depuis la guerre, nous avons mis en place des acquis sociaux qui nous coûtent cher. Malgré la difficulté de les maintenir, il ne s’agit aucunement de les remettre en cause car ils sont le fruit d’un choix politique. Mais les coûts sociaux sont élevés et pour les financer, on a opté jusqu’ici pour une fiscalité sur les entreprises très élevée. La France fiscalise les entreprises à hauteur de 18% du revenu, il s’agit de l’un des plus forts taux du monde, le deuxième après la Norvège ; c’est aussi le double de la moyenne de nos concurrents directs. Ce mode de prélèvement est inégalitaire. Fondé sur la taxation des salaires, il ponctionne les entreprises françaises de production qui ont aussi des frais de conception, recherche et développement, à hauteur de 30%, tandis que les entreprises de produits chinois sont taxées seulement à 2% !


    Accroître la conscience citoyenne des mécanismes de l’économie

    Or, le comportement du client compte beaucoup, sans qu’il en ait toujours conscience. L’acte d’achat, c’est aussi le choix d’une entreprise. Quand les salariés manifestent pour la défense du modèle social et que le soir, ils courent au supermarché remplir leur caddie de produits fabriqués en Chine, sont-ils conscients du paradoxe ? On assiste à des débats sémantiques hallucinants sur le fait de savoir si le supplément de charges doit être imputé au patron ou au salarié. De toute façon, c’est le client qui paye! Le client qui achète, c’est de la production en plus, donc de l’emploi, donc du pouvoir d’achat, donc de la consommation, donc des recettes fiscales ! Le problème de compétitivité des entreprises, c’est moins de clients, moins de production. Les usines ne tournent pas, ne sont pas viables, elles délocalisent, elles ferment en donnant parfois 100 000 euros à chaque salarié licencié pour que ça se passe dans le calme… Et cela continue ainsi parce que le seul élément de l’entreprise dont on parle dans les lycées et collèges, c’est l’aspect social et pas l’aspect économique.


    Changer la fiscalité dans un monde qui a changé

    Il faut donner l’envie aux entreprises de produire en France de façon compétitive. Le cours d’un produit aujourd’hui est mondial, il n’y a plus de marchés régionaux. Or, les règles du jeu ne sont pas les mêmes partout, il faut en tenir compte !
    Le principe de la TVA sociale repose sur la taxation non de la production, mais de la consommation. Il ne s’agit pas d’imposer plus mais d’imposer différemment, sur une assiette différente. La TVA est déjà élevée, c’est une taxe mal vue. Mais il faut retirer ailleurs ce qu’on ajoute. La TVA peut être modulée, c’est un impôt intelligent, universel, qui peut rapporter beaucoup.
    Les règles fiscales doivent en effet être utilisées pour favoriser des comportements vertueux. Il est normal par exemple de taxer davantage ceux qui polluent davantage. Les entreprises chinoises par exemple polluent énormément. La taxe carbone aurait dû remplacer la taxe professionnelle pour inciter à des comportements vertueux en matière environnementale. Si les salariés poussent l’entreprise, c’est parce que leur intérêt rejoint celui de l’entreprise : il faut donc trouver des stimuli de comportements qui poussent tout le monde dans le même sens.


    Et si on l’appelait CAFAS et non pas TVA sociale ?

    CAFAS, ça veut dire : Contribution Autonome pour le Financement des Acquis Sociaux
    L’Etat c’est nous ! Or, puisque le prix de leurs produits est taxé, on fait payer à nos clients étrangers à l’exportation des services desquels ils ne disposent pas. Par contre, les importations ont une influence sur le chômage et ne participent pas à l’effort français… Ceux qui provoquent, on ne leur demande rien! Voilà pourquoi, on nous appelle « pays passoire » : on laisse tout rentrer, cela crée des déséquilibres par rapport à nos concurrents étrangers. Il faut rétablir de l’équité dans nos échanges et faire de la pédagogie. Avec 3 mn de pédagogie sur les ondes chaque soir sur un temps long, les allemands ont fait passer sans heurts leur réforme du système des retraites…


    Les conséquences de la CAFAS

    Les produits français seront moins chers à l’exportation donc plus compétitifs, mais en France, ils conservent leur niveau de prix actuel : le pouvoir d’achat ne baisse pas ! En revanche, les produits étrangers voient leurs tarifs majorés de la CAFAS, ils deviennent donc moins compétitifs. Cette taxation n’aura pas beaucoup d’impact sur les produits de base car les produits chinois ne seront majorés que d’un ou deux euros… Mais on rééquilibrera la compétitivité des produits français.


    La masse salariale des entreprises diminue de moitié : se monte à 12,5%. Vont-elles en profiter pour augmenter leurs marges ? Dans les grands groupes probablement ! Mais les autres répercuteront la baisse sur le prix qui diminuera de 12 à 15%, rendant l’entreprise plus compétitive. La productivité est en réalité le vrai problème : presque une utopie aujourd’hui, c’est son déficit qui entraîne les licenciements. Autres conséquences sur la politique salariale de l’entreprise : les personnels moins qualifiés peuvent trouver du travail, les investissements de productivité doivent être deux fois plus productifs pour être amortis par la suppression d’emplois et la création d’emplois devient possible… La compétitivité accrue fait repartir l’activité et la réduction du coût de l’emploi favorise le dynamisme de l’entreprise.


    Cette mesure doit s’appliquer à l’échelon européen. Elle donnera la capacité de comparer les performances des différents pays par le rendement du taux de CAFAS adopté, face à la politique sociale du pays. On pourrait ainsi noter les différents gouvernements sur leur gestion et modéliser.


    Pour en savoir plus :
    Une interview de Bertrand de Kermel très pédagogique sur le sujet

    http://www.chretiensenpolitique.eu/La-Tva-sociale-Pourquoi-Comment_a667.html

    Une tribune exhaustive sur le Post présentant les réponses aux contre-arguments

    http://www.lepost.fr/article/2010/10/24/2279861_tva-sociale-ou-de-relocalisation-pour-ou-contre.html