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Supercherie et déballage

Aujourd'hui, j'ai été assaillie par la pulsion du voyeurisme : je suis allée consulter les déclarations de patrimoines, à valeur d'exutoires, des ministres : je me suis gaussée comme tout le monde devant les 3 vélos de Christiane Taubira, les -30 euros du compte de Fabius et j'ai même envié sa 4L à Cécile Duflot, mais je n'ai pas réussi à dénicher ni les rétrocommissions, ni les émoluments de nature douteuse, provenant d'abus de biens sociaux ou de faveurs accordées dans le cadre des négociations de marchés publics. Encore moins la possibilité d'interférences et de conflits d'intérêts liés aux activités professionnelles du conjoint. Etonish nein ?

Pendant qu'on zieute les déclarations des ministres comme on fait avec une émission de télé-réalité, on évite de traiter des vrais problèmes qui gangrènent notre démocratie : représentativité non assurée, clientélisme à de nombreux étages, endogamie chronique...

A ce titre, les critiques de la droite font bien rire. Depuis des lustres, l'alternance droite-gauche se fait sur le dos de la démocratie. Crier haro sur la déclaration de patrimoine, ce n'est pas faire les propositions qui permettront la refondations de nos institutions.

La moralisation de la vie publique ne se contentera certes pas des déclarations de patrimoine de nos élus. Elles sont nécessaires et déjà pratiquées ailleurs en Europe. La moralisation nécessite entre autre:

- la proportionnelle qui permettra la représentation de tous les courants de pensée, qui sera propice, espérons-le, à rendre son utilité au vote des citoyens et contribuera à réduire l'abstention car la crise morale est à double fond, comme les poupées gigogne,

- le non-cumul et la limitation des mandats dans le temps qui regénérera la vie politique en cassant les monopoles et les prérogatives et limitant les réseaux d'influence,

- un statut de l'élu qui tuera dans l'oeuf le concept de "carrière politique" : se consacrer, si possible exclusivement, à son mandat le temps qu'il dure et ensuite, renouer facilement avec l'emploi précédant le mandat,

- la transparence des dépenses liées à la réserve parlementaire qui favorisent le clientélisme, voire la suppression de cette réserve au profit d'un fonds régionalisé de subvention aux projets et aux associations : le parlementaire vote la loi, la Région finance les projets...

- une simplification et une clarification des échelons de la décision (cf ci-dessus qui fait quoi?) (réduction du nombre de ministres, décentralisation et suppression du mille-feuilles)

...

Non, les élus ne sont pas tous des pourris : beaucoup d'élus locaux et nationaux considèrent leur mandat comme un service, et ils l'exercent courageusement et sans faillir. Pour eux, et pour la démocratie, il faut faire vite : réformer la Cinquième à bout de souffle, qui vacille sous les coups des populistes.

NB : Je ne peux pas m'empêcher de rapprocher ce débat sur la démocratie, de l'information de la semaine concernant l'UDI à Châlons qui pourrait s'intituler : on prend les mêmes et on recommence ailleurs. Je ne remets pas en doute ni la compétence, ni la bonne foi de ceux qui s'engagent dans cette aventure, simplement, le jeu sclérosé des partis montre ici sa limite. Bruno Bourg Broc avait fondé sa liste municipale 'J'aime Châlons' en 2008 sur son caractère apolitique, justement pour ne pas se limiter à l'ump-umpien et donner l'image d'une ouverture. Cette fois-ci, cette liste n'aura pas besoin de subterfuge : les conflits de personnes seront vite étouffés dans l'attribution des places sur cette liste, elle sera d'alliance et donc d'ouverture. Finalement, l'UDF a bien manqué au RPR... Chacun reprend sa place et le jeu se referme, sous une apparence de renouvellement. La stratégie est cousue de fil blanc. Rien ne change... Personne n'est dupe, l'abstention triomphe.

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