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Le référendum : chance ou danger pour la démocratie ?

XTBhwawMJPzvwse-556x313-noPad.jpgFrançois Bayrou a lancé jeudi une pétition afin d'appeler le Président Hollande à l'organisation d'un référendum de moralisation de la vie publique, proposition déjà faite dans le cadre de la dernière campagne présidentielle. La pétition recueille ce soir, dimanche plus de 38 000 signatures. Je l'ai moi-même signée jeudi soir, sous les quolibets de ceux qui jugent qu'elle enfonce des portes ouvertes ou qu'elle est ridicule dans ce contexte... Et cette signature a étonamment apaisé un peu de la colère accumulée au fil d'une semaine difficile à tous points de vue pour ceux qui croient à l'engagement politique.

Le texte ici

Il est vrai qu'il est urgent de changer les règles d'un jeu devenu délétère et d'introduire au plus vite les mesures qui permettront de limiter les dérives auxquelles nous assistons ces derniers jours.

Je me réjouis d'ailleurs de l'offre faite par Pascal DURAND d'EELV (le succès de la pétition ne doit pas y être étranger) qui invite ce soir à l'élaboration de propositions conjointes de Bayrou à Mélenchon.

L'article ici

Il faudrait aller plus loin et inviter aussi Borloo, Copé et Fillon à rejoindre l'effort collectif. En effet, une des missions des partis politiques est d'animer la vie démocratique, de former les citoyens, d'oeuvrer pour le respect des règles. Aujourd'hui, ils n'exercent plus cette mission de façon satisfaisante : il faut donc les remettre en face de leurs responsabilités, les contraindre à se replacer dans la situation du prescripteur.

Ce faisant collectivement dans une démarche inédite, peut-être rendront-ils un peu de la confiance perdue aux citoyens, sensibles à l'effort de dépassement des clivages dans le souci du bien commun....

Mais faut-il aller jusqu'au référendum ?

L'Alsace y a été soumise elle-même ce dimanche : les résultats sont effarants. Quelles que soient les reproches qu'on peut adresser au projet de fusion des collectivités du Haut et du Bas-Rhin, le niveau de l'abstention est terrifiant au point que le scrutin n’a rassemblé que 22,90% des inscrits, selon des résultats définitifs, alors qu'il en fallait 25 pour qu'il soit validé.

Le référendum est un risque : les électeurs peuvent répondre à une question qui n'est pas posée, au mépris de l'intérêt de celle qui est réellement posée ; ils peuvent ne pas répondre du tout, obérant la légitimité de la démarche. Pour limiter ce risque, il faut se donner les moyens, le temps et la méthode du débat : dans le contexte de démocratie confisquée qui est le nôtre, les partis politiques se risqueront-ils à l'orchestrer ?

Car si comme le dit François Bayrou dans son dernier livre : "la vérité dite au peuple, partagée avec le peuple des citoyens, est la clé de tout redressement" encore faut-il que la vérité soit perceptible et assimilable et que le porteur de vérité soit audible et convaincant. En la matière, le temps des populistes est généralement beaucoup plus court et mieux rentabilisé que celui des hommes de foi.


"L'objet de ces réflexions est un lieu commun. Il n'a jamais fait de doute pour personne que la vérité et la politique sont en assez mauvais termes, et nul, autant que je sache, n'a jamais compté la bonne foi au nombre des vertus politiques. Les mensonges ont toujours été considérés comme des outils nécessaires et légitimes, non seulement du métier de politicien ou de démagogue, mais aussi d'homme d'État. Pourquoi en est-il ainsi ? Et qu'est-ce que cela signifie quant à la nature et à la digité du domaine politique d'une part, quant à la nature et à la dignité de la vérité et de la bonne foi d'autre part ? Est-il de l'essence même de la vérité d'être impuissante et de l'essence même du pouvoir d'être trompeur ? [...] Finalement la vérité impuissante n'est-elle pas aussi méprisable que le pouvoir insoucieux de vérité?" H. Arendt, "Vérité et politique" in La Crise de la culture

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