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PTPM.jpgHier visite de l'entreprise PTPM à Ay. PTPM (Production De Textiles Et Plastiques De La Marne) est une filiale du groupe Trèves, équipementier automobile. Au départ, ça m'a un peu gênée cette visite... Parce que c'est facile d'aller rendre visite à des salariés victimes d'un plan social quand on est en campagne électorale, d'autant plus que tout le monde y va. Jean-François Kahn lors de la campagne européenne, Martine Aubry, lundi prochain... Ca fait défilé, attraction, c'est à la limite de l'impudeur d'aller questionner encore une fois ces salariés sur la brêche. Bref, une visite de politiques de plus: qu'est-ce que ça change pour eux?

Pour eux, pas grand chose mais pour moi, beaucoup... Ce que j'ai saisi d'essentiel en discutant avec les représentants du CE qui nous ont reçus, c'est qu'ils se battent pour l'EMPLOI, que cela leur demande beaucoup d'énergie parce qu'ils doivent régulièrement depuis sept mois remotiver les salariés pour ne pas perdre de vue cet objectif. Les gens que nous avons rencontrés sont plutôt jeunes mais il y a dans cette entreprise des seniors qui ne retrouveront pas d'emploi et qui n'auront pas leurs années de cotisation si la fermeture du site aboutit. Ils pourraient collectivement décider de se battre uniquement pour augmenter les prestations touchées en cas de licenciement économique mais, ils ne veulent même pas en entendre parler. Pour eux, l'usine ne doit pas fermer. Je n'entrerai pas dans les détails précis du dédale juridique dans lequel sont pris ces salariés: simplement rappeler que le groupe a touché une dotation de 55 millions d'euros par le FMEA (fonds de modernisation des équipementiers automobile constitué d'argent public et privé) qui investit des fonds propres dans des entreprises importantes pour le maintien de la compétitivité dans la filière. A ce titre, les salariés ont porté plainte contre le groupe en août dernier car il l'accusent d'utilisation frauduleuse de bien public; ce fonds ayant pour objectif également de maintenir l'emploi, aurait été en réalité utilisé pour organiser la restructuration de l'entreprise...

Les différentes actions engagées par le CE de l'entreprise manifestent la détermination des salariés mais je n'ai pas senti chez eux la crispation caractéristique des syndicalistes durs. Il ne sont pas tous syndiqués en fait mais ils ont été élus au CE pour défendre les intérêts de l'ensemble du personnel de l'entreprise. J'ai trouvé leur lutte juste et les moyens qu'ils ont décidé d'utiliser, raisonnables. Pas de casse, pas de violence, juste le maintien de la présence dans l'usine alors qu'il n'y a plus de travail, et l'utilisation de la voie juridique et légale pour porter leurs revendications. Un expert doit rendre son rapport la semaine prochaine pour vérifier la légalité de la procédure et si la restructuration s'accompagne comme le suspectent les salariés de délocalisation en Turquie et au Maroc de l'activité de l'entreprise. Presque simultanément, le ministre de l'industrie Christian Estrosi a souhaité recevoir les dirigeants du groupe mardi pour leur demander des éclaircissements sur la situation de l'entreprise PTPM. il semble donc que la semaine qui vient soit particulièrment décisive pour l'entreprise.

Je me suis permis d'intervenir pour leur dire combien je sentais que leur position collective et leur résistance était proche des valeurs que nous défendions au MoDem, d'une part parce qu'ils étaient très clairement victimes d'une forme d'économie que nous ne voulons plus cautionner, d'autre part, parce qu'ils avaient pris l'initiative d'un mouvement visant à responsabiliser collectivement les salariés dans un but d'intérêt général reposant sur une idée noble de l'entreprise comme pourvoyeuse d'emploi et comme noeud de relations et d'échanges humains. Je n'ai pas parlé pour récupérer, juste pour joindre au combat juste la parole sincère...

En sortant de cette entreprise gardée depuis 10 jours par des agents de sécurité, destinés à prévenir les violences inexistantes sur le site... je pensais à cette boulangère châlonnaise, croisée lors d'une visite de commerçants la semaine dernière, qui reprochait aux profs (parce que je lui avais dit que je l'étais) de ne pas connaître la vie...

Commentaires

  • Ah bon, les profs ne connaissent pas la vie? :-( Enfin bref, ce collectif a absolument raison de faire précisément cette action en justice. Bien joué le soutien non récupérateur. Vous ferez moins de 10%, mais tu feras 100% en te regardant dans la glace. C'est pas tout le monde qui met les mains dans le cambouis et qui garde ce luxe. Chapeau bas.

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