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J - 10

sextant.jpgAh là, là. Je n'arrive plus à suivre! Et mes lecteurs parlent déjà de ce blog à l'imparfait, hein Hubert ;-)

Il faut dire que j'ai un boulot et qu'en cette veille de fin de trimestre mes soirées après tractage, boîtage et réunion publique sont fort occupées à la correction des copies amassées depuis quelques semaines (je remercie les élèves de leur patience...) dont il faut rentrer les notes sur sconet pour pouvoir rédiger les appréciations sur les bulletins.

Depuis hier soir, c'est fait! Je peux donc reprendre le fil de mon récit de campagne.

Jeudi soir, nous organisions un café démocrate à la Taverne sur le thème de la formation. Jacques Jeanteur nous a fait le plaisir de nous y rejoindre. L'écouter fut passionnant car il nous rappelle d'où l'on vient et les valeurs qui, d'une génération à l'autre, ont construit la famille centriste. Il a d'ailleurs écrit ici un très beau texte dont je recommande la lecture à tous ceux dont le moral flanche.

Sur la formation, nous déplorons que la Champagne-ardenne accuse un certain nombre de retards culturels qui nuisent à l'installation des jeunes dans notre région: retard culturel lié au faible niveau de qualification des champardennais; la situation s'améliore mais Jacques Jeanteur nous rappelait qu'en 86, c'était 80% des champardennais qui ne possédaient pas le bac, alors même qu'il était question d'y faire accéder 80% d'une classe d'âge. Retard culturel lié également au fait que la sociologie régionale n'a pas encore su révéler une image de diversité, de renouvellement. Les vies urbaines sont mornes et peu attirantes; et les jeunes qui vont faire des études dans d'autres régions bénéficient de l'ambiance estudiantine et vivante d'autres cités et rechignent ensuite à revenir s'installer en Champagne où ils pensent être contraints à l'ennui...

On voit bien ici à quel point l'offre de formation est prise dans un contexte et qu'il faut réflechir en amont (l'enseignement secondaire et l'orientation) et en aval (les offres d'emploi et la coïncidence des propositions de formation et des bassins d'emploi) pour donner toute sa cohérence à une poitique en matière de formation. Il faut à ce propos savoir gré à Jacques Jeanteur de l'immense travail qu'il a accompli en ce domaine. Dès 86 il s'est emparé du sujet avec passion. Il a formé lui-même dans son entreprise plus de 120 apprentis et a travaillé avec Jean-Pierre Soissons d'abord comme vice-président, puis à la tête d'un organisme national chargé de faire des propositions en matière de régionalisation de la formation. Il a donc beaucoup à nous apprendre en ce domaine.

Ses constats sont clairs et il déplore avec constance que la Région soit condamnée à remedier aux conséquences de ce retard culturel sans prendre les moyens d'identifier les causes afin de pouvoir les traiter. Nous réclamons donc qu'un audit de grande ampleur soit mené en région par des chercheurs français et européens pour identifier les causes et la nature de ces retards afin de mettre en place les mécanismes compensateurs. A partir d'un diagnostic objectif il conviendrait de remettre l'ouvrage sur le bon chantier plutôt que de colmater sans cesse dans une politique court-termiste qui répare plutôt qu'elle ne prévient...

Pour ce qui est de l'amont, nous avons d'autres propositions intéressantes qu'il faut lire ici. Simplement, comme enseignante, il me paraît évident que la politique d'éducation à l'orientation est bien insuffisante aujourd'hui. La mssion impossible ;-) de la Région serait dans les prochaines années de pénétrer le collège sur ce sujet... En effet, c'est en 4ème et en 3ème que se jouent des étapes décisives en matière d'orientation professionnelle et les moyens donnés par l'Etat en matière d'éducation à l'orientation et de formation des enseignants sont dérisoires. Il y a beaucoup à faire pour que les jeunes champardennais s'orientent de façon positive, notamment à l'issue du collège qui me paraît une étape plus décisive encore pour de nombreux jeunes en matière de choix d'orientation. Au lycée, en général, il est trop tard... C'est en 4ème et en 3ème que le jeune décroche s'il n'a pas été accompagné dans son projet professionnel, s'il n'est pas capable de donner sens à ses apprentissages. Or, nous personnels de l'Education  Nationale, sommes souvent bien démunis face à l'orientation que l'on n'envisage que sous l'angle du choix des formations, des voeux d'orientation, puisque nous n'avons pas le temps d'accompagner les élèves correctement dans ce domaine. En effet, l'éducation à l'orientation se place autant sur le choix des formations, que sur la découverte de soi, le parcours de découverte des métiers, l'accompagnement en stage, l'analyse de ses résultats, l'apprentissage de l'autonomie...

Une autre mesure phare de notre programme c'est celle des "stages première embauche" qui étaient en vigueur jusqu'à ce que la gauche prenne la Région. Il s'agit de donner à des jeunes diplômés la possibilité d'effectuer un stage non rémunéré en entreprise, d'obtenir ainsi le statut de la formation professionnelle et d'acquérir une première expérience qu leur facilitera ensuite l'embauche. On connaît bien les objections de la gauche à cette mesure: ils fournissent un travail pour l'entreprise, ils doivent être rémmunérés, c'est de la main d'oeuvre corvéable à merci... Ok, cela nécessite un suivi, un plan de formation particulier et une contractualisation précise. Mais les entreprises ne se précipitent pas pour accueillir des stagiaires, et ce devrait être une preuve que, pour le maître se stage qui veut faire correctement son travail, le stagiaire est aussi une contrainte...

Lors de ce café démocrate, Jacques Jeanteur a évoqué une initiative prise par un chef d'entreprise ardennais dans les années 80: personnalité respectée et fédératrice, il avait réuni autour de lui les chefs des entreprises d'un bassin d'emplois pour anticiper les évolutions des besoins et mettre en adéquation les formations.  Ils avaient collecté des informations relatives aux départs en retraite et aux perspectives économiques pour envisager les besoins futurs et adapter les propositions de formations. Je manque aujourd'hui d'éléments pour savoir comment les diagnostics sont posés à la Région en ce qui concernent l'identification des besoins, j'imagine qu'ils sont anticipés, mais la collaboration avec le monde de l'entreprise en la matière gagnerait sans doute à être affirmée. On discutait tout à l'heure avec Mme Bur, chef d'une entreprise de métallurgie qui nous expliquait que la bac pro métallurgie disparaissait à partir de l'an prochain, alors qu'elle même avait des besoins dans son entreprise...

Tout ce que je découvre en travaillant sur les politiques régionales confirme mon idée que le politique est non pas l'homme ou la femme de la situation, mais de la relation, de la mise en relation. Et ça doit être un boulot de dingue, vu comme ça avance mal ;-)

Après le café dém sur la formation, il y a eu l'after café, c'est à dire le moment où on se déplace dans la salle vers le bar afin d'effectuer notre réglement et, où, du coup, on circule et on discute avec les clients qui n'ont pas participé au caf dém. Je retrouve là, Jonathan, un ancien élève qui me reconnaît malgré mes cheveux blancs, un journaliste de mes amis, et puis les autres, des gens qui ont des choses à dire, sur la République, sur la situation des jeunes, sur la politique... On refile quelques journaux de campagne pour expliquer comment la liste et le programme se sont constitués, mais, sur le moment, c'est pas le plus important, assurément... Je dis quand même en sortant à Nicolas le nombre de voix que je crois qu'on a fait ce soir parce que c'est lui qui tient les comp tes et je suis grave tenue à la rentabilité... Je ne sais pas  encore si mon stage sera validé...;-)))))

A demain!

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