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Cycle de conférences sur la dette et la mondialisation

277575_10150262620737420_697797419_7441382_870985_o.jpgEmmanuel Molinatti et Michel Daudigny ont fourni un travail considérable de réflexion et d’analyse macroéconomiques sur le thème de la dette et des déficits publics. Trois conférences ont eu lieu sur le sujet: en octobre 2010 et février 2011 « Dette, reprenons le combat de la vérité Acte I et II » et juillet 2011 « Echec de la mondialisation ? »

 

ACTE I: L’éclatement de la bulle financière américaine de 2008 a montré en même temps que les lacunes d’un système mondialisé ou les Etats n’ont plus la main,  l’imbrication des problèmes financiers des pays de la Zone Euro et des Etats-Unis. Impossible de croire que la Grèce est le seul mauvais élève de la zone euro, ni de l’Europe, il s’agit en réalité de l’arbre qui cache la forêt d’une situation cataclysmique avalisant l’hypothèse de la théorie des dominos, tant pour les Etats que pour les banques (malgré les bons résultats trompeurs des stress tests). Il suffit pour cela comme le proposent les conférenciers d’observer à la loupe et à l’aide de chiffres vérifiés les déficits des différents pays européens, présentés les uns à la suite des autres, ainsi que des plans d’austérité des gouvernements respectifs (gel des salaires, diminution de la fonction publique, diminution des prestations sociales, privatisations, hausse de la TVA… ), plans destinés à « prévenir l’inquiétude des marchés », maintenir la note des états auprès des agences de notation et obtenir le soutien du FMI et de la BCE.

 

Dans ce contexte, E. Molinatti et M. Daudigny expliquent que dans l’indifférence générale, la note de la France a été dégradée par une agence de notation chinoise en juillet 2010, envoyant un signe négatif aux marchés, et obligeant l’Etat à emprunter à des taux plus élevés pour financer ses dépenses. Tous les voyants (indices des pays réputés sans risque) sont au rouge : l’encours de la dette publique de la France est le plus élevé des pays AAA de la zone euro ; il est sous évalué et ne cesse d’augmenter, la France n’a pas mis en place de plan de rigueur, les réformes engagées ne sont pas structurelles (retraites) et ses hypothèses de croissance sont infondées. Les graphiques sont parlants, notamment celui qui émane de la Cour des Comptes. (cf ci-dessous)

 

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Mais si son Etat est très endetté, la France dispose d’une marge de manœuvre importante : non par le retour à la croissance ou le rabotage des niches fiscales qui ne suffiront pas, contrairement à ce que certains veulent  nous faire croire. Le patrimoine des français représente 7 fois le volume de la dette, laissant augurer une augmentation efficace des taxes et des impôts jointe à une politique de rigueur des dépenses, elle-même liée à une réforme du modèle social protecteur qui n’est plus viable avec seulement 1 français sur 3 exerçant une activité salariée (les  conférenciers montrent à quel point les chiffres du chômage sont à majorer…). « La politique de la France ne doit pas se faire à la corbeille » disait le Général de Gaulle, Méhaignerie quant- à lui parlait en 2006 d’ « une guerre dure » pour « reprendre le combat de la vérité » afin que « la dépense non maîtrisée ne soit plus électoralement payante ».

 

ACTE II En février, les conférenciers étayent encore leur analyse : reprenant le mot de la banque américaine Morgan Stanley en août 2010, notamment à propos de l’Irlande, un pays cité en exemple pour son taux de croissance avant 2008: « La question n’est pas de savoir quand les gouvernements vont faire faillite, mais comment ? », ils révèlent par des chiffres réactualisés une situation qui s’est encore tendue pour les pays européens. Ils montrent également que la stratégie des Etats-Unis consistant à faire tourner la planche à billets pour favoriser la reprise de la croissance pénalise l’euro et nuit à la compétitivité des entreprises européennes. De même, l’encours de la dette du Japon (qui la possède contrairement à la France) s’accroît et l’excédent commercial de la Chine, deuxième puissance éco mondiale pour le PIB, est en baisse La théorie de l’interdépendance des Etats confirme donc que tout pays confronté à une crise financière impose à ses partenaires économiques les répercussions de ses propres difficultés.


Leur analyse de la situation française s’enrichit également des chiffres liés à la pauvreté, que des lois multiples tentent d’éradiquer sans être réellement financées, et qui touchent 12,2% des français en mal de logement et de ressources, dépendant pour survivre des aides et des allocations. Ainsi le modèle français fondé sur un taux de dépenses publiques et un taux d’endettement élevés (contrairement au modèle nordique et au modèle méditerranéen) n’est guère rentable. En effet, le taux de dépenses publiques accru du fait de la crise montre qu’elles servent à budgétiser des stabilisateurs sociaux sans pour autant consolider le pacte social qui permettrait de créer un consensus sur les réformes à mener pour l’intérêt général. La dette de la France atteint 82.9% du PIB, soit plus de 1650 milliards d’euros en 2010,  1742 milliards en 2011 selon les prévisions de Bercy. Il est politiquement correct de diaboliser le système financier, accusé d’être seul responsable de la crise, mais les hommes politiques qui promettent et s’engagent à dépenser plus alors qu’ils peuvent moins le sont tout autant. Le troisième coupable, c’est l’électeur qui se laisse séduire par les vaines promesses au lieu de les sanctionner.

 "Dette, reprenons le combat de la vérité! ACTEII" en pdf

 

Acte III Dans le contexte de la crise grecque, les conférenciers indiquent que la stratégie consistant à étrangler le pays par des plans draconiens d’austérité apparaît comme de l’acharnement thérapeutique car elle consiste à produire de la récession.  L’Irlande, le Portugal, l’Espagne, l’Italie vont suivre : déficits en hausse, menaces des agences de notation, plans de rigueur, sauvetages à prévoir, contestations internes, gouvernements malmenés, le cercle vicieux est partout le même. Pas de conclusion fiable pour incriminer l’euro et la stratégie de Bruxelles : ailleurs, les situations sont diverses. La dévaluation de la livre ne parvient pas à protéger la Grande Bretagne dont la dette culminera en 2011 à 94% du PIB. En revanche, l’Islande, grâce à la dévaluation de la couronne stabilise son déficit et renoue avec la croissance. L’Allemagne peut-elle servir de modèle à la France comme d’aucuns le suggèrent : elle a réussi à augmenter la compétitivité de ses entreprises en baissant les coûts du travail, mais des analyses montrent que certains salariés français ont réorganisé leur travail pour atteindre leurs objectifs initialement réalisés sur 39h en 35…  C’est lorsqu’on aborde le sujet des créances douteuses des banques que le modèle allemand paraît moins fiable : en 2008 elles s’élevaient à 142 millions d’euros, en 2010, à 225 millions. A noter que si les Français connaissent les performances exceptionnelles de leurs banques qu’ils peinent d’ailleurs à s’expliquer, les chiffres de leurs créances douteuses ne sont pas rendus publics et on ne sait d’ailleurs pas exaxtement qui détient la dette de l’Etat…

 
Le lundi 16 mai dernier, la dette américaine qui a augmenté de 73% entre 2007 et 2010, a dépassé son plafond légal à partir duquel tout emprunt est rendu impossible. Sans un accord entre Républicains et Démocrates pour un relèvement du plafond de la dette avant le 2 août prochain, les Etats-Unis seront déclarés en faillite : « une récession pire que ce que nous avons déjà eu, une crise financière pire que ce que nous avons déjà eu », selon le Président Obama, crise, qui par voie de conséquence risque de plonger une partie du monde arabe, dépendant des aides publiques et investissements américains dans la récession, pénalisant la mise en œuvre de régimes démocratiques pérennes.


2011 n’est pas l’année de la reprise, la situation se détériore pour nombre de pays. Il faudra veiller à ne pas déclencher une crise de confiance mondiale en restructurant la dette grecque et à repenser la stratégie du FMI car les plans d’austérité sur des cycles courts qui les rendent violents, sont peu propices à engendrer de la croissance. Le politique va-t-il se résoudre, en allongeant les phases d’austérité à sacrifier une génération ? C’est ce que craignent avec force les « indignés ». Mais l’économie ne peut à elle seule résoudre une crise qui est aussi morale. La référence à l’Histoire est ici parlante : c’est en instaurant la démocratie à Athènes par l’abolition de l’esclavage pour dette et  la réforme du corps civique que Solon a résolu la crise agraire qui menaçant les finances. Mais en 1929, c’est un « jeudi noir » qui a ouvert la voie du pouvoir à Hitler. Quel sera donc la nature de notre printemps occidental ?

« 2008-2011 : ECHEC de la MONDIALISATION ? » en version numérique

 

Merci à E. Molinatti et à M. Daudigny pour leur précieux travail de vérification et de pédagogie. Ils prévoient d’élargir leur binôme à d’autres qui seraient intéressés par l’élaboration d’une réflexion commune et sans esprit partisan. Invitation lancée à tous ceux qui ne se contentent pas d’éléments de langage pré-machés par leurs instances nationales !

 

Marie-Pierre BARRIERE,

Déléguée dépatementale du MoDem 51

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