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  • Bilan d'étape

    camion législatives.JPGJe ne peux pas suivre le "Courot Tour" comme je le souhaiterais parce que je travaille, que le mois de mai est particulièrement chargé en corrections de copies, le trimestre s'achève...

    Mais je trouve que ces 15 jours de campagne en suivant le camion publicitaire destiné à mieux nous faire voir, particulièrement éclairants sur de nombreux points.

    Sortira demain le document de campagne qui développe nos propositions programmatiques : elles sont le recueil des réflexions et constatations que nous avons pu faire sur le terrain, à la rencontre des maires et des élus de chacune des communes qui ont été parcourues.

    Nous avons revu le format de ces réunions pour mieux comprendre ce qui fait la vie de notre territoire : dans chaque commune, avant de nous présenter, nous commençons en effet par écouter. Quelques questions pour amorcer l'échange : le nombre d'habitants, les projets en cours, la réforme de l'interco... Il ne faut pas trop les supplier, les maires des communes rurales, pour qu'ils parlent... Ils portent au coeur le souci de la vie de leur village : les enfants des écoles, les personnes âgées qui déclinent, la carte communale à revoir, les zones d'activité à remplir, les relations à entretenir au beau fixe avec les entrepreneurs du coin, le vote FN qu'on ne s'explique pas, les inquiétudes au sujet de l'avenir (parfois entretenues par la rumeur... L'Argonne est un terroir giboyeux, on y chasse aussi les réputations)

    Il ressort de ces visites, pour moi, la certitude que le premier réseau des acteurs capables de faire vivre notre territoire, se situe là, parmi ceux qui "veillent". Nous ne sommes pas au pays des bisounours : les hommes s'affrontent, des luttes de pouvoir existent. Elles ne sont pas toujours le fait des étiquettes politiques. Mais, c'est un sport très commun en politique de créer la division des élus sur un territoire pour garder la main ou pour ne pas la confier à celui qui la mérite...

    Pour réussir, il faudra faire travailler les gens ensemble, et commencer par les écouter, au lieu de se livrer à un monologue pétri de certitudes, est le gage d'un début de quelque chose qui va dans ce sens.

    Ensuite, j'observe beaucoup mon candidat, il le sait : j'apprends, et je vérifie aussi que j'ai fait un choix sensé en décidant de le soutenir (j'avoue que quand il martèle qu'il est de droite sur le plateau de France Bleu, je suis prise de quelques tremblements intérieurs ;-) mais, bon, il ne m'a pas trahie, je le savais : c'est marqué sur les tracts !)

    Bref, j'observe et je valide, oui, je valide !

    Quand Courot arrive dans certains villages de l'Argonne, très clairement, on sent que le climat est hostile, les lèvres pincées et le contact froid. On s'assoit tranquillement autour de la table en se disant que c'est pas gagné, mais qu'il faut faire le job, on commence par poser les questions d'usage, mais ce qui vient au bout de deux trois phrases d'amabilité concerne la piscine surdimensionnée, le coût de l'équipement sur les finances de la nouvelle interco, les faux comptes de la ville de Ste Ménéhould, la guerre des chefs Courot/Rocha/Notat... Dans la Suippes ou à Châlons, c'est plutôt la raison d'être de notre candidature qui pose problème : "Vous allez faire gagner la gauche".

    Alors, sur un ton posé, Courot explique. il explique le concept "allée des couleurs", les 50% de subventions qu'il est allé chercher pour financer les projets lourds d'investissement, il explique que seuls le centre d'interprétation de Valmy et le complexe aquatique pèseront en fonctionnement sur la communauté de communes qui les avaient déjà votés avant qu'il ne s'en mèle... Il explique la société publique locale qui va gérer la proposition, rationnaliser le fonctionnement et démarcher les clients... Il explique les difficultés dues au plantage de la dame qui s'est occupé de l'étude comparée des budgets des trois communautés de communes en cours de rattachement, et qui a sorti des comptes erronés du budget de Ste Ménéhould... la folie quand ces comptes erronés ont été diffusés dans la presse... faisant les choux gras de ses opposants. Evidemment, sur ces dossiers, je me contente de capter la logique et de mesurer les enjeux de part et d'autre. Je n'ai pas encore tout entendu, mais j'avance bien dans l'analyse...

    On explique aussi pourquoi c'est important de proposer une voix indépendante entre l'UMP et le PS : lui, il dit que la droite a changé et qu'il ne se retrouve plus dans le corpus idéologique qui s'est ultra droitisé. Moi, je dis que la démocratie fonctionne quand on préserve l'offre plurielle de propositions politiques, qu'il y a du bon à prendre à droite comme à gauche et que le sectarisme partisan bloque la politique française (mais ça Courot le dit aussi)...

    Et puis, on dit pourquoi on a décidé d'y aller ensemble : qu'on n'est pas un attelage de bras cassés en mal de reconnaissance, mais qu'il y a de l'énergie dans notre complémentarité. D'abord, ça se sent  : il parle éco, je parle éduc, il a des idées un peu vieilles sur le non cumul et n'a pas encore signé la charte Anticor, mais on partage le goût du dialogue et celui du risque. Il investit, je milite, on fonce... On  débat, on se frite en public, devant les maires, on s'en fout (il dit : "Ah ça, on n'en avait pas encore parlé") on s'accomode bien de nos désaccords qui sont rarement de fond ! A l'assemblée, quand il faudra voter, j'espère bien qu'on se fritera encore ! ;-)

    En général, quand on s'en va, on a l'impression, (mais c'est peut-être qu'une impression, on est pas au fond des gens) que l'atmosphère est plus cordiale, peut-être parfois même, plus chaleureuse... Confirmation le 10 juin. En tout cas, pour moi, il n'y a pas de temps perdu, c'est passionnant !

    Si vous voulez, vous aussi tester l'énergie, débattre ou tout simplement vous informer je vous invite à nous rejoindre lors de l'une ou l'autre des réunions publiques que nous tiendrons la semaine prochaine :

    Lundi 4 juin :

    18h30 : Réunion publique, Mairie Ville-sur-Tourbe

    20h30 : Réunion publique Salle du Conseil Sainte-Ménehould

    Mardi 5 Juin :

    18h30 : Réunion publique, Mairie de Givry-en-Argonne

    20h30 : Réunion publique Salle des fêtes de Suippes

    Jeudi 7 juin :

    19h00 : Réunion publique, Salle Joffre Mourmelon-le-Grand 

    20h45 : Réunion publique, Maison des Syndicats, Châlons-en-Champagne

    Vendredi 8 juin :

    18h30 : Réunion publique, Mairie de Beine Nauroy

    20h30 : Réunion publique, Mairie Taissy

     

  • Aujourd'hui, c'était lancement !

    Je crois que je ne pourrai pas refaire un journal de campagne comme aux Régionales, parce que je n'en aurai pas le temps.

    Quelques mots tout de même sur la réunion publique à la Salle de Malte où nous avons pu avec Bertrand Courot aborder les points forts de notre programme et évoquer notre positionnement.

    Voici ce que j'ai dit en substance et en plus rédigé :

    J'ai rencontré Bertrand Courot à Ste Ménehould dans le cadre d'une réunion pour les Présidentielles puisque j'y ai animé une réunion publique. Mes derniers mots à l'issue de cette rencontre où power point (j'avais celui du programme de Bayrou) contre power point, (il avait celui de l'allée des couleurs) il a pris le temps de m'exposer avec l'enthousiasme qui le caractérise quand il en parle, les projets qu'il a pour sa ville, mes derniers mots ont été : "Ca donne vraiment envie d'être élu !"

    En effet, ce qui caractérise son action au service de son territoire argonnais c'est un fort engagement contre la fatalité du déclin, la cohérence du projet qui ne se limite pas à la promotion d'un seul équipement mais se fonde sur un développement économique global (qui se ramifie et se diversifie en direction du tourisme, de la culture et de la qualité de vie) et un esprit d'entreprise résolu qui ne lui attire pas que des amis, parce que l'ambition, c'est sûr, ça gêne !

    Cette ambition, il parle d'audace, m'a touchée et je pense qu'elle manque à Châlons. Malgré la présence d'un ministre au gouvernement, notre territoire continue à perdre des habitants, les projets de développement économique ne sont pas à la hauteur des enjeux, il y a peu de créativité, peu d'innovation : on place des équipements ici ou là, on développe des zones, mais de réflexion globale point. Pourquoi ? Et bien parce que Châlons est asphyxié par le sectarisme : en refusant de travailler avec les gens qui n'ont pas la bonne couleur politique ou qui ne sont pas de la bonne obédience parce qu'ils ont été une fois opposants à la doxa dominante, on ferme des portes, on limite les champs. Et cela existait à Châlons jusque là, à droite, comme à gauche.

    Or, tisser des liens entre territoires et entre les pôles de décision est d'une importance capitale. Nous avons rencontré deux maires ce matin, ils le reconnaissent : ils aiment travailler dans le cadre de l'agglo, cela leur donne de nombreuses possibilités de bénéficier de services et de moyens d'investissement. Il faut aller plus loin : créer des synergies entre Châlons, Ste Ménéhould, Suippes. Mourmelon... assainir les relations avec les chambres consulaires, imaginer des stratégies de développement conjointes, partager les bonnes pratiques et les carnets d'adresses...

    Pour cela, il faut arrêter la politique politicienne et sectaire et les querelles de personnes, qui bloquent les évolutions et les élans : nous sommes centristes, nous voulons pouvoir travailler avec tout le monde ! Nous voulons pouvoir travailler avec les gens de gauche parce que nous avons des valeurs de gauche, et nous voulons pouvoir travailler avec des gens de droite parce que nous avons des valeurs de droite.

    C'est le positionnement que nous aurons à l'Assemblée Nationale : du bon sens, de l'équilibre et le choix de la vérité contre l'idéologie parce que notre pays en a besoin pour sortir de la crise.

    Centriste, cela veut dire alternatif : quelque chose comme altermondialiste réformiste... C'est vouloir tendre vers autre chose que l'individualisme, autre chose que le capitalisme, autre chose que le nationalisme.

    Créer de la richesse devrait avoir pour unique but de pouvoir la partager.

    J'ai dans la tête en disant cela le visage de ces hommes et de ces femmes aidés par le Réseau et marqués si fort par le sceau de l'injustice. Créer de la richesse, pour eux ! Pour qu'ils ne soient plus victimes de rejet, pour qu'ils puissent eux aussi travailler parce que des emplois auront été recréés et que la préférence nationale (déjà pratiquée) ne pourra plus jouer. Et au-delà bien sûr, c'est en terme de co-développement qu'il faut penser à l'échelon européen pour qu'ils puissent trouver du travail chez eux, dans le cadre d'une Europe enfin préoccupée d'autre chose que d'une exclusive rigueur. Ma détermination, je la puise dans la contemplation de ces visages-là, devant lesquels la politique politicienne n'a que peu de poids.

    Et j'ai conclu en citant Lanza del Vasto, parce que c'est un militant pacifiste, un des premiers altermondialistes mais aussi parce que cette citation m'a été donnée sur Facebook par un un ancien de mes élèves pile au bon moment (et que j'aime vraiment quand mes anciens élèves m'apprennent des choses à leur tour).

    Il dit : "La beauté du compromis, c'est que quelque chose soit fait."

    Aujourd'hui, je m'engage aux côtés de Bertrand Courot car je sais que nous partageons ce souci : que quelque chose soit fait pour que le champ du politique ne soit pas livré à la sottise de la bipolarisation asphyxiante, que quelque chose soit fait pour porter une autre voix, que quelque chose soit fait pour tracer une autre voie.

    "La plus haute spéculation autour de la Vérité absolue ne vaut pas le moindre pas réel d'un homme réel s'avançant dans la réalité, car la spéculation n'est que jeu et figure, tandis que le pas est vrai. La beauté du compromis, c'est que quelque chose de la Vérité passe dans le réel." Lanza Del Vasto, Approche de la Vie intérieure, 1962
  • Pourquoi il faut y aller

    J'ai accepté d'être la suppléante de Bertrand Courot pour les législatives des 10 et 17 juin prochains.

    Je sens l'accusation de "girouettisme", d'oportunisme qui point, et je veux ici m'en défendre et me réclamer de la cohérence qui a toujours été la mienne depuis que je me suis engagée en politique.

    Il est vrai que ce choix peut paraître étrange à ceux qui ont lu ma dernière note ou qui me classent parmi les extrême-centristes plutôt de gauche. En effet, Bertrand Courot, maire de Ste Ménéhould est clairement marqué à droite, ancien UMP, on se plaît ici ou là à me le rappeler (il paraît d'ailleurs que circule la rumeur que l'UMP châlonnaise l'empêche d'y revenir alors qu'il ne cesserait de frapper à la porte pour s'y encarter à nouveau. On le comprend presque, tant il est vrai que l'UMP châlonnaise fait envie, comme parti moderne et exempt de pratiques de diffamation douteuses ! ;) 

    Mais revenons au thème et cessons de nous égarer dans de l'anti-apparuisme de base, puisque Enfer et Damnation : sa candidature est classée Divers Droite et que tout le monde sait que "La droite, c'est maaaaal !"

    Que se passe-t-il donc ?

    Evidemment, une candidature exclusivement MoDem rebaptisée "Centre pour la France" (quel malheur !) aurait été beaucoup plus confortable, enfin, je veux dire, aurait posé de façon beaucoup plus claire l'étiquette.

    Elle était exclue pour ce qui me concerne, je ne souhaitais pas y aller comme titulaire, je ne m'en sens pas encore l'envergure, voilà tout ! Commencer par reconnaître ses limites, c'est aussi une force en politique.

    A condition que la limite devienne une chance !

    Cette chance : le vertige, la prise de risque, oser mettre un pied d'un côté de la ligne, et l'autre de l'autre pour tester l'inanité de la frontière droite-gauche !

    On me connaît militante active de RESF, opposante, secrétaire générale de La Nouvelle Force (association de centre et gauche créée après les dernières municipales), enseignante engagée. J'ai clairement formulé mon vote "Hollande" au deuxième tour sur ce blog. Ces nombreux handicaps ("La gauche, c'est maaaaal !") n'ont pas dérangé Bertrand Courot, au contraire...

    N'est-ce pas le signe d'une certaine ouverture de sa part ? N'est-ce pas le signe que, classé à doite, il puisse laisser poindre sous le vernis parfois brutalement apposé, quelques-unes des caractéristiques de reconnaissance du centriste ?

    Il aurait donc été UMP par erreur ? Je rappelle qu'entre 2002 et 2004, on a fait croire aux UDF qu'ils pouvaient entrer à l'UMP en restant UDF, ce qui s'est révélé totalement faux, comme en a heureusement témoigné Philippe Douste-Blazy durant la dernière campagne présidentielle. La fusion était de l'assimilation ; Bayrou l'avait prédit, Courot "a juré, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus". Un peu tard parce qu'il n'y a rien de plus collant qu'une étiquette...

    Mais le "sans étiquette" n'est pas plus confortable ! C'est là la merveille en politique, où que l'on soit ou qu'on ne soit pas, on trouve toujours des gens pour nous le reprocher, et dans les deux cas, au nom de la sacro-sainte clarté qui fige toujours et empêche la complexité ! Centriste sans étiquette est donc forcément suspect. Mais que dire aujourd'hui du centriste avec étiquette : "Alliance centriste", "Centre pour la France", "ARES", "AGRID", "Nouveau Centre", "Parti Radical", "Gauche moderne", "Mouvement Démocrate" ? On attend la réforme qui permettra enfin à ces gens de la même famille, éclatée en partis rivaux, de se rassembler au lieu de se disperser pour obtenir les financements liés aux voix obtenues aux Législatives...

    Bertrand Courot et moi, nous ouvrons en tout cas cette voix-là ! Nos différences de sensibilités et de parcours ne sont pas des points de blocage, au contraire, nous le testons au quotidien dans l'échange. Nous partageons déjà les valeurs et le souci de tomber d'accord, ce qui simplifie considérablement le travail de collaboration.

    Je précise au passage, si le ton de ma note ne l'avait pas encore indiqué, qu'on ne m'a pas sollicitée pour être une suppléante-potiche, ouf ! ;)

    Dans ce contexte, c'est pour moi une très grande joie de repartir en campagne et de porter sans être bridée, les idées et les convictions qui m'animent et qui sont celles de la famille centriste. J'ai choisi de le faire d'abord pour que nous ayons une représentation MoDem dans cette campagne au terme de ces 5 années de travail de terrain à Châlons, dans la Marne avec les copains. Je ne pars pas seule (je ne le pourrai pas) mais chargée de tout ce que nous avons mis dans le pot commun, sous la conduite de Nicolas Schmit, pour faire route ensemble, renouveler des pratique, et faire vivre notre voix d'indépendance. Portée par d'autres, c'est tellement plus simple de se sentir légitime !

    Ce qui motive notre candidature commune, c'est bien en effet la volonté d'être centraux, libres et indépendants. Bertrand Courot du centre droit, Marie-Pierre Barrière Lallement du centre gauche, nous commençons ici à constituer cette force centrale capable de dépasser la loi du clan contre clan, d'arrimer des passerelles et de construire des ponts : "Nous voulons être utiles à la France, pour qu'elle échappe à ses divisions", disait François Bayrou dans son fort discours du 10 mai dernier ! C'est bien le cas, ici au local, et ce sera le cas à Paris, si nous sommes élus avec suffisamment d'autres candidats centristes pour constituer un groupe capable de peser sur les décisions, de voter avec quand la loi va dans le bons sens, de voter contre quand elle en manque... mais sans logique d'opposition politicienne.

    Je reviendrai pour parler du programme, parce que c'est important et parce qu'il y aura encore d'autres objections à lever que j'entends déjà... Mais je tenais à vous rassurer, amis lecteurs ou hôtes de passage un peu curieux ou cherchant la faille, non, non, je ne me sens pas piégée le moins du monde par cette candidature, j'y vais avec confiance et combativité, puisque je sais qu'il faut y aller pour que vive le Centre !

    "Qu'allons-nous devenir est une question qui n'a pas de sens. Nous sommes devenus. Je le sais en vous lisant. Nous avons seulement à fructifier, de nos propres fruits, quoique dans l'hiver." Albert Camus à René Char, 18 mai 56
  • Pourquoi il faut choisir

    Dans deux jours ce sera terminé... Alors, avant, juste avant la fin, quelques mots de rétrospective et d'analyse à chaud.

    Je regrette qu'avec les copains, nous nous soyons fait voler cette campagne électorale. En janvier, pourtant, on était fiers d'être au MoDem. Profitant de l'interstice entre les primaires et la non déclaration du candidat-président, Bayrou montait : 15%, produire en France...

    Et puis, le gap... Plus de couverture médiatique, le candidat qui s'obstine dans le sérieux doctoral, les criailleries du gauche-droite, la nullité du niveau des débats... On rame, on attend, on ne sent rien, y a rien qui vient. Le Rivage des Syrtes version post-surréaliste (moins de style-même lenteur).  Les gens ne sont pas méchants, ils aiment bien Bayrou en général mais ils disent soit : "Que fera-t-il au deuxième tour? " soit "Mais il est un peu seul quand même..."

    Pourtant, le programme était bien fait : premier livre diagnostic en août, la conf de presse sur le redressement en décembre, trois pilliers puis quatre déclinés en janvier - février dans les forums thématiques, la synthèse sous la forme d'un deuxième livre avec modification de slogan de campagne (l'autre était un peu long) en mars, le 14, jour de la venue de Bayrou à Epernay où on a remis tout çà en offrande à Bernard Stasi.

    Ce que j'attendais s'était produit du point de vue du contenu : en novembre, je me souviens d'une Union Régionale où j'expliquai avec un peu de flamme que j'aimais bien l'idée du redressement, que oui, les finances à l'équilibre, c'était décisif pour tenir en respect la spéculation, et changer d'horizon, mais que quand-même, il fallait à un moment envisager de dessiner cet horizon. Redresser mais pour quoi faire ? Quel projet de société ? Quel monde pour demain ? Quand l'Europe ? Quand l'international ? Quand l'écologie ? Quand la communauté personnaliste ? D'Etat d'urgence en Août à La France solidaire en mars, j'ai senti qu'il y avait cette évolution-là... A parfaire et partielle, mais là, tout de même...

    Mais au moment où je m'enthousiasmais sur la trajectoire, le 14 mars, j'ai compris aussi qu'on ne gagnerait pas. Le dialogue annoncé avec le candidat à la mairie annexe du Quartier de Bernon à Epernay s'est finalement mué en simple cours magistral d'une heure trente sur les trois pilliers, le même cours que celui dispensé quelques heures auparavant aux journalistes réunis à Paris pour la présentation du programme... Le "style" ne passait pas, la magie de 2007 n'aurait pas lieu, François Bayrou ne susciterait pas d'élan, il était devenu trop vieux...

    Les deux candidats principaux ne suscitaient pas grand engouement non plus : je trouvai atroce la voix de Hollande en meeting, comme dopé aux anaphores, bataillant ferme contre l'image du flamby coulant, simulant l'enthousiasme et stimulant la ferveur. Et Sarkozy ne pouvait plus depuis le Fouquet's entraîner au-delà de son propre clan : pour moi et pour beaucoup, il représente une sorte d'erreur historique de la fonction présidentielle, il est grillé, cuit, atomisé comme président depuis le début de son dernier mandat !

    Je n'ai évidemment jamais remis en cause mon choix de voter Bayrou et j'ai fait campagne pour lui avec des copains dévoués corps et âme, qu'ils soient ici remerciés. Mais ce que j'ai vite compris, c'est qu'on n'avait pas les outils, vu le contenu complexe du programme, pour gagner des voix faciles. Pas d'anti-l'autre, pas de promesse, pas de "trucs" de com sur l'immigration ou la finance. En revance on avait à profusion du sang et des larmes et un voire deux crans de ceinture en moins... et un choix de renouvellement des méthodes de gouvernance que les gens prennent souvent pour un gadget alors qu'il est ultra-décisif pour entrer dans le monde qui vient. On avait aussi quelque chose de bon sur un nouveau projet de société vraiment nouveau, mais alors là, c'était carrément de la philo avec suspiscion prévisible d'accusation de "bisounourserie". Il aurait fallu s'inviter pendant une heure chez chaque électeur pour avoir le temps de casser les préjugés, et une autre heure pour aller aux contenu... Mais ça, non plus, on ne les avait pas.

    Alors tranquillement, on s'est acheminé vers la fin, sans illusion, voire dans l'écoeurement latent Le soir du premier tour a simplement permis de prendre acte sans surprise ni horreur. On râle contre les sondages mais on les suit quand même anxieusement... Ils servent à éviter les décompensations : on est restés dignes le 22 avril à la Brasserie de la République. On a même réussi à scander "Nicolas Président" quand la Presse est passée. Hommage à Nicolas Schmit, le meilleur président d'équipe de coordination qui soit ! (Des bises, mon Nico)

    L'entre-deux tours a été une nouvelle épreuve : quand on regarde de loin l'acharnement des combattantsd dans la cour de récré alors qu'on a milité pour la raison et pour l'union ; quand on entend les arguments obscènes de la droite qui s'ultra-droitise alors qu'on milite au quotidien pour la tolérance, la complexité et l'ouverture ; quand on n'entend rien que du silence en provenance de la gauche se gardant de trop parler de peur de gaspiller le capital alors qu'il y aurait des choses révolutionnaires à dire et à tenter... Et qu'on n'a encore moins les moyens de faire entendre sa voix... On appréhende la mâturité des grecs anciens et à quel point le cynisme et le stoïcisme sont des postures essentielles à la survie mentale

    Bayrou a eu raison d'attendre pour se positionner. Il a eu raison de ne pas donner de consigne de vote globale, il ne l'aurait pas pu de toute façon (notre famille politique ne l'a jamais souffert), et chacun a raison chez nous de voter ce qu'il votera dimanche. Parce que nous nous faisons confiance les uns et les autres, nous savons que, quel que soit le choix, il aura été longuement pesé et mûri en fonction de convictions et d'un sens profond de la responsabilité.

    Pour ma part, je ne saute pas de joie. Je voulais voter blanc mais comme dit ma copine Florence, il y a des moments où il convient de faire passer l'éthique de la responsabilité avant les convictions (elle est forte en grec ancien ma copine Florence, elle connaît l'aidôs). Sarkozy n'a pas été désavoué par l'UMP malgré sa drague éhontée et exponentielle de l'électorat frontiste, il fallait en prendre acte : la droite a changé.  Depuis 5 ans, les thèmes insupportables de l'assistanat, de l'immigration ont été périodiquement utilisés comme arguments de communication, comme chiffons populistes. Ils ont légitimé l'ancrage du racisme de confort et mon engagement difficile au Réseau Education Sans Frontières... Je sais bien, moi, comme prof de lettres, que les mots ont un pouvoir, et qu'on n'use pas impunément très longtemps des glissements de sens qu'on leur fait subir par opportunisme. Et je suis tellement et si viscéralement affectée, quand j'entends que d'anciens élèves votent ou militent au FN...

    Hollande est devenu du coup beaucoup plus fréquentable. Son programme économique est intenable, mais il le sait et Cahuzac l'a répété. Taper sur Bayrou à droite parce qu'il cautionne la gabegie prévisible est une hérésie : il n'a renié aucune de ses déclarations sur la catastrophe qu'il annonçait le 4 février dernier en cas d'application du programme socialiste. Il a affirmé qu'il serait dans l'opposition.  Pas de blanc-seing ! Et comme il dit toujours ce qu'il fait et que je sais qu'il n'a rien négocié (même si ça me fait mal pour la famille), ça me suffit. (honte à ceux qui le traitent d'opportuniste, il n'a rien à prouver en la matière, et cela fait 10 ans qu'il opportune, importun et isolé)

    L'économie, pour moi aussi, n'est qu'un moyen au service d'un projet de société : de façon générale, je place les valeurs avant l'argent, il est donc cohérent de ne pas privilégier l'argument économique pour me déterminer. Le projet socialiste contient évidemment des idées contraires à mes convictions en matière de bioéthique notamment. Je n'ignore pas la possibilité de certaines dérives provoquées par la généralisation de pratiques autorisées mais toujours insuffisamment encadrées. Je ne suis pas certaine du tout  non plus qu'en matière d'éducation, le PS réussisse à construire l'école dont je rêve, lui qui a organisé la faillite du système en refusant de traiter les conséquences néfastes de la démocratisation scolaire... Les déclarations de Peillon ne me laissent rien espérer de transcendant.

    Mais, comme démocrate chrétienne, le projet de société de Hollande (même si je connais les méfaits de la démagogie liée à l'idée d'égalité) me semble plus propice à construire le vivre-ensemble que celui de Sarkozy fondé sur la fermeture, le repli, la division des forces et l'accroissement avéré depuis 5 ans des inégalités au profit des riches. On ne peut pas prôner la responsabilité (valeur traditionnelle de la droite) comme force de cohésion sociale et légitimer une forme de déresponsabilisation morale face aux pauvretés collectives, aux scandales humains de notre monde : la responsablité ce n'est pas seulement celle des pauvres qui abusent du système...

    Et comme politique, je me sens plus proche d'une social-démocratie faite d'équilibre, de développement responsable et de modération que du néoconservatisme arrogant à l'américaine. Je suis donc assez satisfaite d'une part que Bayrou rende réalisable par son choix, même si j'eusse évidemment préféré qu'il en fût lui-même le centre, l'idée d'union nationale et centrale qu'il a répétée avec constance ces dernières années. Et d'autre part,  sans me faire aucune illusion (un bon centriste n'est pas un centriste mort mais un centriste désabusé...), j'imagine bien un peu tout de même que le programme amorphe mis en avant par le candidat de gauche va subir des évolutions liées à la crise qui vient, il faudra peser encore pour construire. En refusant de sacrifier les idées de sa campagne et du Centre pour une nouvelle traversée du désert de 5 ans, Bayrou se montre aussi un chef de parti responsable (quoiqu'en disent les amis qui l'ont aimé, puis destesté, aimé encore et qui le détestent à nouveau...)

    Ce que demain dira, on ne sait pas... Beaucoup d'incertitude et le vertige, un peu, tout de même, face au vide... "Il faut trembler pour grandir". On va mourir, mais à refuser le risque, on meurt aussi. Le MoDem était le parti de la traversée du désert, et le désert, ce n'était pas encore le vide. Le vieux manteau dont les pans s'écartaient, faisant craquer les coutures, ne se tient plus du tout. On entre ailleurs, là où c'est neuf, totalement... Courage et confiance ! (et pardon pour le lyrisme de fin de note ;-))