Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • J-10 L'Europe et nous

    Le fonctionnement de l’Union Européenne est complexe et parfois résistant à la compréhension des citoyens français qui ont l’impression que des décisions se prennent loin d’eux et en dehors de leur sphère d’influence. Il n’en est rien car l’ensemble des orientations politiques résulte de choix qui sont faits par les gouvernants que nous avons élus ici en France, dans la concertation avec leurs homologues des 28 pays européens. Nos dirigeants nationaux jouent un grand rôle à Bruxelles, et le Parlement européen également puisqu’il permet de construire les compromis nécessaires pour construire les directives et règlements qui entreront ensuite sans heurts, par la transposition, dans les corpus législatifs nationaux. Si le Conseil a la possibilité de décider seul, de plus en plus de textes sont conçus par le processus de co-décision qui les légitime démocratiquement.

    Mais au-delà de son fonctionnement institutionnel, la construction européenne est fondamentale parce qu’elle sert nos intérêts.

     

    10259874_10202949299306073_2440063356506845956_n.jpg

     

    - L’Europe est partout dans notre vie de consommateur et de travailleur

    Lorsque vous achetez un vêtement ou consommez un produit, ils sont marqués par la législation européenne. En effet, la protection des consommateurs est une priorité de la Commission pour laquelle la confiance des consommateurs dans le marché européen est une garantie de bon fonctionnement de l’UE. On râle beaucoup contre les normes européennes, mais elles contribuent à notre qualité de vie. Le prochain enjeu pour l’Europe va être d’imposer les normes qu’elle s’applique à elle-même aux produits passant ses frontières de façon à limiter ce qu’on appelle le dumping, c'est-à-dire des pratiques de concurrence commerciale déloyales, et à favoriser ses propres productions. Un autre défi pour l’Europe est de protéger l’emploi et les travailleurs européens de la concurrence née du dumping social de la part de pays qui embauchent à des conditions salariales minimales et n’ont pas de protection sociale. Pour cela, il convient déjà d’harmoniser à l’intérieur de l’Europe les droits sociaux garantis par l’équité fiscale. C’est un énorme chantier, passionnant et déterminant à réaliser ; évidemment, des concessions ou des avancées semblent nécessaires de part et d’autre, mais, souvenons-nous que la recherche du consensus est ce qui fait la force de la construction européenne…

     

    - L’Europe finance des projets qui créent ou soutiennent l’emploi et la compétitivité sur nos territoires

    A Lisbonne en 2000, les chefs de gouvernements ont défini des priorités économiques : miser sur la recherche, l’innovation et le capital humain pour que l’Europe soit compétitive dans la mondialisation.

    Le FSE (fonds social européen) et le FEDER (fonds européen de développement régional) financent donc au nom de l’Europe des projets structurants ou permettant l’adaptation à la conjoncture, notamment de territoires en difficultés. En Champagne-Ardenne sur la période 2007-2013, ces fonds ont contribué à hauteur de 270 millions d’euros, et le troisième fonds consacré à l’amélioration de la compétitivité de l’agriculture, de 50 millions supplémentaires.

    L’Europe a ainsi aidé au financement de la pépinière du Mont Bernard à Châlons, du plateau de recherches en chimie PLANET à l’Université de Reims, ou du projet ARD de recherche en biotechnologie de Bazancourt.

    Le FSE, quant à lui, a financé un programme de soutien à la recherche d’emploi en Haute-Marne, à la prévention du décrochage scolaire dans les établissements agricoles, à l’insertion des travailleurs handicapés mentaux, à l’échelle de la Région. Les choix stratégiques de financement par ces fonds, misant sur la recherche et l’installation d’entreprises innovantes, mais aussi sur l’adaptation des travailleurs aux mutations économiques, préparent l’avenir des Champardennais mais surtout des Européens que nous sommes aussi.

     

    1965014_1419632451625732_1394261229_n.jpg

     

    - L’Europe permet de traiter ensemble des questions que nous ne pourrions pas résoudre seuls

    La Chine a dépassé le 30 avril dernier Les Etats-Unis comme principale puissance économique dans le monde, et derrière elle, l’Inde, le Brésil, sont aux portes des classements. Face aux défis globaux auxquels nous sommes confrontés : le réchauffement climatique, les délocalisations, la pression migratoire, l’internationalisation des réseaux criminels, les questions de biodiversité, la lutte contre les pandémies, l’aide aux pays en voie de développement, l’Europe garantit notre avenir et celui de notre pays devenu trop petit pour se mesurer aux principales puissances.

    Vous trouvez peut-être choquant, le silence de l’Europe en Ukraine, mais pour l’instant l’Union Européenne n’a pas été dotée des compétences qui lui permettraient d’intervenir. En participant, comme interlocuteur crédible, au dialogue de puissance à puissance notamment face aux pays émergents, une Europe plus politique et dotée d’une diplomatie et d’une défense qui lui manquent aujourd’hui, sera en capacité de façonner les règles qui régiront le monde de demain.

     

    Malgré l’originalité des institutions qui la constituent, malgré la grandeur du projet qui la sous-tend, l’Europe n’inspire plus confiance. Les Européens sont sceptiques parce qu’ils se sentent dépassés, tiraillés entre la nécessité de tenir leur rang dans la compétition mondiale, et celle de protéger leur modèle social et solidaire. A l’origine, dans l’esprit des fondateurs, l’une n’allait pas sans l’autre : pour que l’Europe soit prospère, il fallait qu’elle soit compétitive, et pour être compétitive, il fallait qu’elle soit solidaire. « La compétition qui stimule, la coopération qui renforce, la solidarité qui unit. » disait Jacques Delors, président de la Commission de 85 à 94 pour définir le projet européen. Pour que l’Europe vive, il lui faut tenir les deux impératifs de l’économie sociale de marché : recherche de la prospérité et redistribution de ses fruits, stabilité de la monnaie/concurrence non faussée et régulation du marché du travail/défense de la protection sociale. Pour que l’Europe vive et que son modèle économique perdure, il faut que les Européens sachent qu’ils possèdent un trésor à faire fructifier encore, il faut qu’ils aient confiance en l’Europe !

     

     

    10364217_10202949282145644_2733289704597121431_n.jpg

     

     

    Nous sommes cette Europe ! Ensemble, votons le 25 mai 2014 !

  • J-11 L'Europe et les institutions

    L’Europe aujourd’hui a changé. Elle s’est considérablement étendue. Les pays fondateurs étaient au nombre de 6 : France, Allemagne, Benelux, Pays-Bas. En 1973, s’ajoutent le Royaume-Uni, le Danemark et l’Irlande. En 1981, c’est au tour de la Grèce d’entrer dans la CEE. En 1986, l’Espagne et le Portugal sont admis dans l’Union Européenne : c’est l’Europe des 12. En 1994, l’Autriche, la Finlande et la Suède en deviennent membres pour former l’Europe des 15. En 2003, 10 pays sont venus grossir les rangs, parmi lesquels Malte et Chypre, ainsi que plusieurs états appartenant à l’ancien empire soviétique. En 2007, la Roumanie et la Bulgarie font leur entrée à leur tour. En la Croatie en 2013, est le dernier état à rejoindre l’UE. On ne gère pas la décision à 28 pays comme à 6, cela peut paraître simpliste de l’affirmer et pourtant, un grand nombre des problèmes liés à la prise de décision est dû au fait que l’élargissement de l’Europe ne s’est pas accompagné d’évolutions de son organisation interne.

     

    L’UE, comment ça marche ?

    Le fonctionnement institutionnel repose sur trois organes : le conseil, la commission et le parlement.

    -         Le Conseil est la réunion des chefs de gouvernement. C’est lui qui impulse la politique de l’UE. Il est donc faux de dire que c’est Bruxelles qui décide puisque ce sont les politiques nationaux qui fixent les lignes de la politique générale européenne.

    -         La Commission et le Parlement sont chargés d’élaborer ensemble les directives et règlements qui correspondent aux orientations fixées par le Conseil. La différence entre une directive et un règlement, c’est que la directive doit être intégrée au droit national et donc votée par les parlements nationaux avant d’entrer en application, alors qu’un règlement s’applique directement. La Commission a l’initiative du texte, le Parlement l’amende et le vote. Une fois voté (s’il ne l’est pas la navette fonctionne entre la Commission et le Parlement), il retourne ensuite à la Commission qui doit veiller à son application.

     

    Cliquez sur l'image pour mieux comprendre :

    procedureordinaire.jpg

     

    Quelle est la différence entre le Parlement et la Commission ?

     

    A l’origine la Commission a été conçue par les pères fondateurs pour garantir l’Intérêt général des citoyens européens et contrer en quelque sorte, les instincts nationaux du Conseil. Les commissaires sont choisis par le conseil "en raison de leur compétence générale et de leur engagement européen et parmi des personnalités offrant toutes garanties d'indépendance" puis après avoir été auditionnés et validés par les différentes commissions thématiques du Parlement qui correspondent à leur future délégation, ils sont investis par le conseil. Ils ont chacun une délégation différente qui les amène à se déplacer dans l’ensemble des pays de l’Union et à travailler en étroite collaboration avec les ministres nationaux chargés du domaine lié à leur délégation.

     

    On fait souvent à l’Union Européenne le reproche d’un déficit démocratique. Or, le Parlement, première assemblée législative supranationale au monde, est élu depuis 1979 au suffrage universel. Il représente les citoyens européens, en fonction de leur origine géographique, puisque les parlementaires sont élus dans des circonscriptions, et de leur appartenance politique, puisque les listes sont constituées par les partis politiques. Au Parlement européen, les députés vont ainsi se regrouper par famille politique au-delà des frontières nationales et travailler en commissions avec leurs homologues nationaux au-delà des partis, mais il faut noter que leur vote n’est déterminé ni par leur origine, ni par leur appartenance partisane. Il n’y a pas comme en France d’opposition systématique de la droite contre la gauche car la difficulté est de gagner les voix des députés de tous les pays malgré des intérêts et des législations nationaux différents. Le parlementaire pratique donc plus aisément le dépassement du clan contre clan et la recherche du compromis pour que les textes sur lesquels il travaille de façon à la fois technique et précise, aient des chances d’être adoptés, d’autant plus que, comme vous pouvez le constater sur le camembert suivant, aucune majorité systématique ne se dégage dans l’Assemblée. Cependant, malgré sa culture de compromis, le Parlement est traversé par des clivages, et animé de forts débats, notamment, celui, fondamental de ceux qui s’opposent à l’intégration européenne et de ceux qui veulent au contraire l’accélérer.

    2011-06-01ep_fraktionenfr.jpg

     

    Aujourd’hui, à cause de l’élargissement, la Commission est constituée de 28 commissaires, un par état, et ce grand nombre ne facilite pas le travail rapproché, les barrières linguistiques étant toujours un frein conséquent aux échanges. On peut surtout regretter que les 28 commissaires étant issus chacun d’un état, soient tentés de le représenter au lieu de garantir l’intérêt général. Il est donc important de réfléchir à une évolution institutionnelle qui permette de revenir à l’esprit des fondateurs si on souhaite le préserver.

    Le parlement, en revanche est bien la voix des citoyens européens : en fonction que vous donnez votre voix à telle ou telle liste, vous savez quel sera le projet européen défendu par votre député, qui garantira son vote. Dans la circonscription Grand Est qui recouvre 5 régions administratives et 18 départements, nous allons élire 9 députés. Ces 9 députés représentent 5,8 millions d’habitants, autant qu’un pays comme l’Autriche qui compte à lui seul 18 représentants. C’est là que vous avez un rôle à jouer : en fonction que le Parlement sera élu par plus ou moins de voix d’électeurs, il sera plus ou moins légitime. L’abstention le rend plus fragile face au pouvoir des chefs de gouvernement du Conseil Européen et face à la Commission. Pour que l’équilibre des institutions européennes fonctionne correctement, votre vote est important !

     

    La nouveauté en 2014

    Cette fois, les élections européennes ont un enjeu supplémentaire car le Traité de Lisbonne, adopté en 2007 prévoit que le conseil proposera un candidat à la présidence de la commission  au parlement qui devra ratifier ce choix à la majorité absolue: il est donc probable que le parti arrivé en tête aux Parlement européen déterminera l’élection du président de la commission. Voilà pourquoi, les grands partis européens ont déjà proposé leurs candidats : Claude Junker (Droite), Martin Schultz (Gauche), Guy Verhofstadt (Centre), Ska Keller (Ecologistes), Alexis Tsipras (Extrême-Gauche) qui, d’ores et déjà, ont participé à des débats supranationaux que la télévision française peine à retransmettre.

     

    les-candidats-des-partis-europeens-a-la-presidence-de-la_1029628_490x290.jpg

    La démocratie européenne est à prendre !

     Lisez le 33e épisode du feuilleton de Rodolphe Geisler : "L'atout Verhofstadt

     

  • J-12 Venez avec nous samedi 17 à la rencontre de Nathalie Griesbeck et Quentin Dickinson

     

    Campagne euro.png

    Samedi 17 Mai, Nathalie Griesbeck et Quentin Dickinson seront avec nous dans la Marne.

     

    Ils commenceront par rencontrer des agriculteurs et viticulteurs afin de nouer le dialogue avec eux sur la politique agricole de l'Europe.

    A 16h, nous prendrons une photo de famille devant la cathédrale de Reims en mémoire de la manifestation du 8 juillet 1962 qui a réuni le Général de Gaulle et Konrad Adenauer et marqué une étape importante de la réconciliation franco-allemande. L'Europe du souvenir !

    De 16h à 17h, nous irons à la rencontre des Rémois, sous le soleil jusqu'à la Place d'Erlon.

    A 17h, un grand oral ouvert au public, se tiendra au premier étage du restaurant La Lorraine, 7 place Drouet d’Erlon, au cours duquel les journalistes pourront  interpeller nos candidats.

    Cet échange sera suivi d'une rencontre conviviale au même endroit durant laquelle à votre tour, vous pourrez poser vos questions à nos deux têtes de liste qui se feront sans aucun doute une joie d'y répondre pour porter haut et fort l'Europe à laquelle ils tiennent !

     

    VENEZ NOMBREUX

    Pour s'inscrire

  • J-13 L'Europe et la méthode communautaire

    On oublie trop souvent que nous ne sommes pas le fruit du hasard et que d’autres avant nous se sont battus pour que nous ne connaissions pas les mêmes difficultés qu’eux. Le 9 mai 1950, Robert Schuman, un mosellan né allemand d’un père français puis allemand de langue luxembourgeoise, un homme de la frontière douloureuse, a prononcé un discours devenu célèbre dans le Salon de l’Horloge au ministère des Affaires Etrangères. Cette déclaration qui aboutira en 1951 à la création de la CECA, Communauté Economique du Charbon et de l’Acier, résume l’esprit des fondateurs : « L’Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre. » Il s’agissait bien, au travers d’une coopération économique telle que celle qui devait accélérer la reconstruction de la France et de ses voisins frontaliers, de mettre en commun des ressources pour garantir la paix. Par la reconnaissance d’intérêts communs, la France et l’Allemagne acceptent d’enterrer la hache de guerre séculaire qui les oppose. Cette politique de la main tendue en remplacement de l’opposition des forces a marqué jusqu’ici toute l’Histoire de la construction européenne qui, par le système de la pondération des votes, notamment, s’est jusqu’ici prémunie de toute domination des puissants sur les faibles. Monnet, un autre fondateur définissait ainsi le projet européen : « c’est la fusion des intérêts des peuples européens et non pas le maintien de l’équilibre de ces intérêts ». En d’autres termes, voici nommée la méthode communautaire ! Un de ses ressorts importants est l'originalité des ses institutions : conseil, commission, parlement qui ne reposent pas sur la séparation des pouvoirs puisque le volet législatif est assumé par deux organes distincts, mais permettent la recherche de l'intérêt général européen avant la satisfaction de l'intérêt national. En effet, l'initiative législative laissée à la Commission ainsi que le mode de décision par la pratique du consensus auquel elle est soumise, font de cet organe une clé de la méthode communautaire, celle qui garantit la confiance et le respect de l'intérêt européen. L'autre ressort essentiel est l'abandon du vote à l'unanimité pour privilégier celui à la majorité qualifiée qui ne bloque pas les processus de décision et évite que des arrangements entre états soient conclus en dehors du cadre de l'Union.

    La circonscription Grand Est où je suis candidate derrière Nathalie Griesbeck et Quentin Dickinson peut venir illustrer le refus de proportionnalité simple qui garantit paradoxalement la représentativité juste : elle  recouvre 5 régions administratives et 18 départements, le 25 mai prochain nous allons élire 9 députés. Ces 9 députés représentent 5,8 millions d’habitants, autant qu’un pays comme l’Autriche qui compte à lui seul 18 représentants. On constate ici par l’exemple la règle selon laquelle la taille ne fait pas la force dans l’UE, puisque la France compte 74 députés européens (sur 8 circonscriptions) ce qui la pénalise proportionnellement, mais empêche en réalité sa domination sur des pays plus petits. Les fondateurs se souvenaient en effet que toute humiliation nationale nourrit les germes de la guerre.

    Les Pères de l’Europe ont voulu réaliser la paix par le droit, voilà pourquoi les traités européens, dont le premier, le Traité de Rome en 1957, établissant les règles de fonctionnement de la CEE, ont une valeur particulière et sont difficiles à remettre en cause pour ceux qui veulent s’en éloigner. Sortir de Schengen ou abandonner l’euro, aujourd’hui, équivaut à renoncer à certains éléments fondamentaux des traités européens, ceux-là même qui justifient l’existence de l’Union Européenne, et en réalité à en menacer considérablement les fondements, donc à la détruire. Née du droit pour garantir les intérêts des citoyens européens, l’Union fait aussi croître les valeurs européennes de paix et de liberté : ne sont en effet admis dans l’Union Européenne que des nations qui fournissent des garanties en matière de fonctionnement démocratique et de respects des droits de l’homme, ce qui a représenté une motivation non négligeable d’évolution pour les candidats à l’intégration, tout en élargissant la zone de paix et de respect du droit en Europe.

    Les populistes s'assoient sur le trésor de l'Europe : assumant résolument leur "nationalisme", ils veulent privilégier la France, son identité, ses valeurs, ses habitants, ses intérêts, en affirmant que l'appartenance communautaire les mettent à mal. Ils utilisent à cet effet les arguments court-termistes, du portefeuille vide avant la fin du mois, de la menace migratoire, de la perte d'influence nationale. Ce faisant, ils contestent les fondements même de la construction européenne, pire, ils les bafouent. Là où on avait prévu de faire parler le faible d'une façon aussi audible que le fort, de se départir d'un peu de sa superbe pour esquisser le pas vers l'autre, de renoncer au rapport des forces pour rechercher le compromis, de se décentrer de ses intérêts propres pour envisager ceux d'une communauté, d'aller vers la paix en somme, ils proposent tout l'inverse ! Et l'on comprend pourquoi Mitterrand affirmait en son temps que "Le nationalisme c'est la guerre !" En tout cas, c'est l'opposé de la méthode communautaire. A l'heure où des formes d'économie collaborative émergent, où les modes innovants de production et de consommation sont mis à l'honneur, où on veut dépasser les folies de l'ultra-libéralisme pour frayer d'autres passages, alternatifs et plus fraternels, souvenons-nous que ce qu'ont tenté les Pères fondateurs dans les années 50, n'était pas bien éloigné de ce que nous sommes nombreux à chercher aujourd'hui et puisons à la source l'esprit de la révolution tranquille mais efficace qu'ils ont amorcée. Écoutons combien l'intuition de Schuman évoquée dans Sur L'Europe peut encore nous porter aujourd'hui :
    "Les dures leçons de l'histoire ont appris à l'homme de la frontière que je suis à se méfier des improvisations hâtives, des projets trop ambitieux, mais elles m'ont appris également que lorsqu'un jugement objectif, mûrement réfléchi, basé sur la réalité des faits et l'intérêt supérieur des hommes, nous conduit à des initiatives nouvelles, voire révolutionnaires, il importe - même si elles heurtent les coutumes établies, les antagonismes séculaires et les routines anciennes - de nous y tenir fermement et de persévérer".

    En dépit des oiseaux de mauvais augure et des tenants véhéments de la destruction totale ou partielle, tenons-nous y fermement et persévérons ! 

  • J-14 Deux semaines pour créer la surprise

    Un édito politique que je prends sur le site des Européens sur lequel, je vous recommande de vous rendre tant il est bien fait !

     

     

    Deux semaines pour créer la surprise

    Deux semaines pour créer la surprise

     

    La campagne officielle s'ouvre ce lundi. Cette fois ce sera programme contre programme. Enfin.

     

    11 mai 2014|14:15

     

    LA CAMPAGNE OFFICIELLE pour les élections européennes débutera demain. Cette fois ce sera programme contre programme. Cette séquence, les candidats UDI-MODEM Les Européens l'attendaient avec impatience. Avec leurs soixante propositions pour refonder l'Europe, les centristes abordent même cette dernière ligne droite avec gourmandise. Et soif de débattre. Ce qui n'est sans doute pas le cas de tous.

     

    Caché derrière la candidature du social-démocrate allemand Martin Schulz, pour succéder au conservateur portugais José-Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne, le Parti socialiste a en effet pour l'instant engagé une campagne à reculons et serre les dents en attendant que ça passe. Quant à l'UMP, qui bénéficie pour l'heure dans les sondages de solides intentions de vote, uniquement cristallisées autour d'un vote sanction contre François Hollande, elle redoute le moment du débat européen source de violentes divisions internes. Reste les populistes dont le seul programme se résume à renverser la table. Et après ?

     

    Après ? C'est simple. A partir de demain, avec la campagne officielle qui s'ouvre, les citoyens vont enfin pouvoir jauger par eux-mêmes de la solidité des arguments des uns et des autres. Et de la cohérence des programmes. Même les écolos, traditionnellement pro-européens, se divisent sur l'attitude à adopter face au traité de libre échange transatlantique et se rapprochent pour certains dangereusement de postures proches de l'extrême gauche.  Bref, seule famille politique entièrement claire sur le projet européen, l'UDI-MODEM Les Européen pourrait donc créer la surprise dans deux semaines. A condition que chacun reste mobilisé et ouvert au débat pour expliquer le besoin vital d'une Europe plus forte face aux pratiques commerciales des nouvelles puissances continentales et mieux harmonisée d'un point de vue social et fiscal pour lutter contre le dumping intracommunautaire. Il reste quatorze jours.

     

     Rodolphe Geisler!

  • J-16 Journée de l'Europe

    6a00d8341c80d353ef01a3fd040121970b-500wi.jpgAujourd'hui, 9 mai, journée de l'Europe. Je laisse la parole à d'autres :

    - Thomas Friang préside Youth Diplomacy un think-tank transpartisan qui réunit des jeunes s'intéressant aux questions internationales, et les forme notamment pour participer aux sommets internationaux. Il propose aujourd'hui dans une très belle tribune publiée sur le site du Huffington Post de réconcilier Robert Schuman et Charles de Gaulle. Il suggère en préambule de supprimer les jours fériés qui servent à commémorer les guerres pour instaurer celui qui marque une construction pour la paix : que le 9 Mai devienne férié dans toute l'UE et qu'on consacre ce jour-là à l'Europe quelques manifestations citoyennes, culturelles et politiques d'ampleur, voilà une façon festive de promouvoir l'idée d'Europe et le temps qu'il faut pour la concevoir et la vivre ensemble !

    - Adrien Oster publie un autre article intéressant dans le Huffington Post où il montre à travers 24h de la vie d'une femme française combien l'Europe imprime sa marque, dans les normes qu'elle édicte qui peuvent protéger les consommateurs mais aussi faire évoluer leurs conditions de travail et leur pouvoir d'achat.

    Je ne peux m'empêcher de le dire : la campagne des Européennes 2014 m'attriste... Elle manque d’énergie, d'allant, d'enthousiasme ; elle manque tout court d'ailleurs. Quand on sait que c'est à Bruxelles que se décident une grande partie des lois qui régissent nos vies* l'implication pour comprendre, peser, influencer par son vote, devrait s'imposer !

    51% des français seulement sont favorables à l'appartenance de la France à l'Union, nous apprend un sondage du Parisien ce matin. C'est bien peu, en 2004 nous étions 67% ! La menace de l'explosion du vote frontiste et la perte de confiance dans le projet européen, voilà qui devrait nous galvaniser, nous, les europhiles, et nous mener par monts et par vaux, que nous soyons candidats ou pas, à nous faire les ambassadeurs de l'Europe constructive. Cessons de prédire seulement la catastrophe qui suivrait si nous sortions de l'euro ou de Schengen puisque c'est le terrain d'attaque constant des populistes. Il faut le dire, certes, mais ne pas se laisser enfermer dans ce débat, dans la petitesse du discours politique qui pinaille et se recroqueville, dire plus et autre chose aussi.

    Car, j'en suis convaincue, en plus de l'évidente nécessité d'Europe pour faire face ensemble aux défis de l'avenir dans une économie mondialisée, réfléchir à l'échelle européenne est un moyen essentiel de prendre de la hauteur, de dépasser nos querelles de village franco-français qui grèvent les débats de vaines polémiques, et même une façon de regagner l'enthousiasme que les difficultés économiques et sociétales présentes mettent à mal. Pour moi, l'Europe est le seul chemin d'avenir pour la France, et je dirai même pour la politique française aujourd'hui dans l'impasse, les partis peinant à être forces de propositions. Sortir de l'impasse, reprendre la route, rebâtir une pensée, un discours, un projet... Merci aux think tank européens de nous y aider : Europa Nova et le Mouvement Européen France notamment.

    Exigeons que l'Europe cesse d'être l'oubliée des débats, refusons qu'elle dédouane les gouvernants de leurs responsabilités en servant de bouc-émissaire facile alors que ce sont eux qui orientent ses décisions, revendiquons notre devoir d'être instruits et formés comme citoyens électeurs. A constater la pauvreté des retombées médiatiques de cette campagne aux enjeux énormes, je vous recommande particulièrement pour marquer cette journée de l'Europe 2014, de soutenir la pétition qui circule afin qu'on parle davantage d'Europe à la télévision. Il est inadmissible que France Télévision ait renoncé sous de fallacieux prétextes à diffuser le débats des candidats à la présidence de la commission le 15 mai, débat qui permettrait à tous les Français de mieux percevoir les différences de projets politiques et de faire leur choix de vote en mettant en relation les listes et les programmes. Il est regrettable que les pages consacrées aux Européennes dans les quotidiens ne servent qu'à démontrer en s’excusant presque, 15 jours avant le vote, que l'Europe vaut quand-même le coup qu'on s'y attache. Il est urgent, de faire la pédagogie nécessaire à la compréhension des mécanismes de décision et à la connaissance des enjeux et des choix politiques en cours. Il est nécessaire que les médias fassent leur travail de médiation pour rapprocher l'Europe des citoyens français qui la rejettent aussi parce qu'ils ne la comprennent pas.

    Pour signer, c'est ici : Plus d'Europe à la télé, c'est moins de populisme dans les urnes

     

    *(Elles ne deviennent des lois que lorsque le Parlement français les adopte, avant cela on les appelle des directives. A ce propos, connaissez-vous la différence entre un règlement et une directive?)

  • J-17 L'Europe des hommes

    Europe 10.JPG

    HIER

    Le 8 Mai 45 appelle une autre date, celle du 8 juillet 62. Ce jour-là, le Général de Gaulle a reçu à Mourmelon puis à Reims le chancelier de l'Allemagne fédérale Konrad Adenauer. Après la revue des troupes des deux armées au camp militaire, De Gaulle et Adenauer participent ensemble à une messe à la cathédrale, dans la ville même où la reddition du Troisième Reich avait été signée le 7 mai 45 au Collège technique et moderne devenu Lycée Roosevelt.

    Europe 11.JPGDans son homélie, l'archevêque de Reims déclare que la cathédrale est heureuse de les accueillir « ensemble », « avec le sourire de son ange ». Il prêche « pour le passé : le pardon des brisures » et « pour l'avenir : la volonté de réconciliation », et il appelle à prier « pour toutes les victimes de toutes les guerres ».

    Pierre Schneiter, membre du MRP, ancien secrétaire d'Etat aux affaires allemandes et autrichiennes du gouvernement Schuman (47-48), maire de 57 à 59 puis sous-préfet de Reims, était très favorable au rapprochement franco-allemand. Il a sans doute beaucoup fait pour que cette rencontre ait lieu à Reims, entre celle de Colombey en 58 et la signature du Traité de l’Élysée en 63. Par le lien auquel conduit la citation précédente, on peut constater à quel point les oppositions à cette rencontre étaient vives dans la Marne à cette époque.

    Plus tard, dans ses mémoires, Monseigneur Marty, archevêque de Reims écrira ceci : «Curieusement, dès les vacances qui ont suivi, les Allemands ont afflué à Reims. Car, en Allemagne aussi, cette cérémonie avait eu un grand retentissement. Je crois que la réconciliation avec les Allemands a fait un pas important ce jour-là... Cette visite a été un signe beaucoup plus efficace que de longues conversations ou de longs entretiens et, je le crois aussi, de longs discours sur la paix.»

    Le traité de l'Elysée, signé en 1963, entérine la réconciliation franco-allemande en instaurant une coopération entre les deux Etats en matière de relations internationales, de défense et d'éducation. Le traité de l'Elysée prévoit notamment la création de l'Office franco-allemand pour la jeunesse qui a pour mission de favoriser les liens entre les jeunes des deux pays pour faire évoluer les représentations. Cet office existe encore aujourd'hui et possède un siège à Paris et l'autre à Berlin. Depuis 1963, l'OFAJ a permis à 8 millions de jeunes Français et Allemands de participer à 300 000 programmes d’échanges. Il subventionne en moyenne chaque année 9 000 échanges auxquels participent environ 190 000 jeunes. (source wikipédia)

     

    AUJOURD'HUI

    Justement, comme l'indique joliment ma collègue d'Allemand dans son mail de mardi dernier : "Les Allemands débarquent." L'échange franco-allemand qui unit le collège où j'enseigne et la Realschule de Löhne verra sa 44ème édition du 14 au 23 mai prochain, en pleine campagne européenne.

    J'ai eu la chance de participer au quarantième anniversaire de cet échange en 2009. Je renvoie à la note que j'écrivais la semaine suivante et qui me rappelle mon émotion d'alors lorsque je la parcours.Je me souviens très bien, tandis que je m'apprêtais à vivre cet anniversaire de façon très superficielle, comme une marque de soutien à ma collègue et amie à qui ma présence à ses côtés importait, d'avoir senti de façon aussi surprenante que désarmante le poids l'Histoire dans les retrouvailles de ces deux hommes, les fondateurs de l'échange, Jean Périn et Heinz Böcke, dont la volonté tenace avait été de donner un cadre durable à la paix retrouvée entre la France et l'Allemagne. J'ai pris conscience ce jour-là des efforts simples que des hommes simples avaient déployés en surmontant leurs blessures, pour que l'Europe telle que nous la vivons aujourd'hui soit rendue possible. J'ai su que l'initiateur allemand de l'échange M. Heinz Böcke, dont la grande fragilité m'avait fort touchée en 2010, est décédé depuis ; il restera pour moi le visage de l'artisan de paix, éducateur par-delà les frontières.

    1984-verdun.jpgL'Europe que l'on qualifie de technocratique, qui nous semble lointaine et distante, est d'abord une aventure humaine que des chefs d'Etat ont souhaité vivre pour garantir la paix, que des citoyens ont incarnée dans le concret des échanges. Et l'amitié, créée au gré de ces rencontres officielles ou privées est un ferment de paix extrêmement efficace. On la surprend dans les mains serrées de Mitterrand et de Kohl à Verdun, on l'entrevoit dans l'entente pourtant tumultueuse de Sarkozy et de Merkel au coeur de la crise de l'euro. Les jumelages entre pays de l'UE sont également les fruits de ces volontés humaines. Je me souviens de l'effervescence avec laquelle, mon père, maire de Verzy, né en 40, a créé, aidé par le comité, le jumelage entre notre village et Huttigweiller, une commune de Sarre. Je suis touchée de l'amitié qui dure entre lui et l'ancien maire de cette commune, invité à toutes nos fêtes familiales.

     

    DEMAIN

    "Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes" écrivait Jean Monnet en 52 définissant le projet européen dans son discours de Washington. L'Europe œuvre à cela en soutenant les initiatives interculturelles ou dans des programmes d'échanges étudiants comme Erasmus ou Leonardo. Faire l'Europe des citoyens qui nous manque aujourd'hui pour recréer la confiance dans le projet européen, implique de multiplier les initiatives dans ce sens afin de favoriser les échanges culturels et humains. Nous devons apprendre à mieux nous connaître dans cette Europe élargie, trop considérée comme un espace uniquement fonctionnel et économique. Cela signifie de miser sur la croissance humaine d'abord !
     
    Ci-dessous deux propositions du programme UDI-MODEM qui vont dans ce sens :
     
    Europe 14.JPGEurope 12.JPGEurope 13.JPG
     
     
     
     
    Et le programme complet ici
     
     
     
  • J-18 L'Europe et la taxe Tobin

    "Encore un coup de l'Europe !"

     

    Ma première réaction à l'annonce des décisions du conseil des ministres des finances européen qui s'est tenu hier a été la déception : en effet, la taxe sur les transactions financières (aussi nommée Taxe Tobin) sera appliquée à partir de 2016 dans les 11 pays de l'UE qui l'ont acceptée mais elle a été négociée  a minima et ne rapportera que 3 milliards au lieu des 30 escomptés parce qu'elle n'inclut pas tous les produits dérivés de la finance.

    James Tobin dans les années 70 voulait en l'appliquant limiter la volatilité des capitaux. De nombreuses ONG dont Attac et le CCFD réalisent des plaidoyers intenses pour aboutir à "taxer la finance" ou créer la taxe "Robin des bois". Philippe Douste-Blazy milite depuis longtemps et très ardemment comme président d'Unitaid, fonds multinational abondé par une taxe sur les billets d'avion et destiné à lutter contre la pauvreté et les pandémies dans le monde, pour que, sur le même mode, le principe de la Taxe Tobin avant tout solidaire des pays les plus pauvres soit adopté. Invitant à retrouver l'esprit du capitalisme familial, il rappelle que les capitaines d'industrie faisaient vivre des familles tout en contribuant au bien commun (écoles, hôpitaux) par la fiscalité. La taxe Tobin est pour lui une compensation logique des dérives du capitalisme financier, mais aussi une réponse cohérente à la mondialisation des échanges, l'impôt local, géré par les élus locaux n'étant destiné qu'à un usage local. L'impôt international qu'elle constitue répond à la mondialisation des flux. "A côté de la mondialisation de l'économie ou de la communication, nous devons édifier une nouvelle architecture de l'aide au développement, plus stable, plus durable, nous devons faire naître une véritable mondialisation de la solidarité." afin d'atteindre les objectifs du Millénaire fixés par l'ONU.

    Aussi, lorsque j'apprends que l'UE se fait finalement le chantre d'une TFF floue dans ses modalités d'application, réduite à la taxation des actions et à celle de certains produits dérivés, et qu'on ignore finalement quelle sera l'affectation du produit de la taxe qui pourrait être utilisé autant à la régulation financière qu'à la solidarité internationale, je suis déçue...

     

    Et puis, j'ai réfléchi :

    - D'abord, cette taxe est finalement moins ambitieuse que prévue parce qu'elle risque de déséquilibrer l'économie des pays qui choisiraient de l'appliquer appliquée à l'ensemble des actions, obligations et produits financiers. Taxer l'épargne et les fonds de pension liées aux retraites par ex, fragilise l'édifice et entraîne des tentations de délocalisation. Combattre les abus ne signifie pas obérer les capacités de financement des entreprises, des ménages ou des assurances... Ce faisant, je relativise ma prévention spontanée contre la finance... Elle n'est pas le Diable (ni même l'ennemi) ! Elle est même indispensable pour faire fonctionner l'économie et créer des emplois.

    - Ensuite, je m'en remets à l'esprit de la fondation et donc à "la politique des petits pas" vantée par Monnet. Effectivement, on pouvait espérer mieux, mais il y a dix ans, seuls les altermondialistes en parlaient, l'idée de la taxe, d'abord jugée utopique par les gouvernements, s'est imposée concrètement en 2011 et il faut se réjouir qu'en l'espace de 3 ans, elle ait fait un tel chemin grâce à la pression des ONG mais aussi à la volonté de certains acteurs politiques : une fois n'est pas coutume, la prise de position forte de Nicolas Sarkozy en faveur de la taxe et de ses effets d'entraînement, l'application de la directive européenne en France pour donner l'exemple, sont à saluer. Michel Sapin affirme que cette première étape sera suivie d'autres avancées...

     

    Deux points d'objectif que rappelle le programme des Européens pour ces élections :

    - Il faut viser la gouvernance mondiale pour gérer cette taxe à l'échelle de la planète entière. Une taxe financière ne peut se concevoir qu'à ce niveau car les capitaux n'ont pas de frontières. En montrant l'exemple, l'Europe s'honore et incarne le modèle social qu'elle promeut à l'échelle mondiale tout en étant en capacité de s'assurer des ressources propres. Charge aux ONG et aux électeurs de continuer à peser sur les gouvernements pour que d'autres suivent.

    - Il faut viser la création d'un budget propre pour l'Union Européenne. Pour l'instant les gouvernements le refusent contre l'avis de la commission et du Parlement Européen, le budget est alimenté par des contributions nationales et soumis aux pressions du "retour sur investissement". Cette bataille, comme l'affirme Sylvie Goulard, "Pour le groupe ALDE auquel j’appartiens, mais aussi pour bien des collègues, c’est la mère des batailles. Tout le reste est littérature et mauvaise littérature : on n’aura jamais une UE crédible si elle reçoit de « l’argent de poche » de 27 parents radins qui se chamaillent" Pour ce faire, la preuve de la capacité de l'UE à lever des ressources propres telle que le produit de cette taxe est une avancée.

     

    En conclusion

    Pour finir, c'est comme souvent avec l'Europe : le premier mouvement n'est pas de tendresse, car les décisions prises sont souvent en-deçà des attentes. Et puis, passée la première réaction de colère, on prend un peu de recul et on finit par comprendre que le mieux est l'ennemi du bien, surtout en matière de construction européenne. Pour citer René Char : "Il n'y a que deux conduites avec la vie : ou on la rêve ou on l'accomplit". Peut-être l'opposition est elle encore ici un peu binaire ; on peut envisager que le rêve nourrisse l’accomplissement : à l'origine de la taxe Tobin comme de l'Europe, il y a le rêve d'un monde plus solidaire... Mais entre les embourbements oiseux et égoïstes des discussions infinies des 28 et le concret d'une avancée, il faut choisir l'avancée ! Le binaire ici est plus facile à trancher.

    Plutôt que d'accuser l'Europe et de vouloir la détruire parce qu'elle ne fonctionne pas, comme citoyens européens, accomplissons : continuons à faire pression en participant aux plaidoyers et en nous engageant aux côtés es acteurs de la société civile pour que cette taxe notamment, progresse en profondeur et en étendue.

    Et choisissons le programme qui impose la création d'un budget propre de l'UE et l'impulsion d'une fiscalité nationale permettant de dégager des marges de manœuvres : élisons des parlementaires européens convaincus de cette nécessité, ne craignons pas d'élargir l'ambition : "En donnant aux peuples européens le contrôle direct du budget européen par leurs députés européens élus depuis juin 1979 au suffrage universel direct, on simplifierait la chaîne institutionnelle, et démocratiserait les procédures budgétaires." (Sylvain Rokotoarison excellent sur le fonctionnement du budget de l'UE : ici et )

     Votons pour Les Européens !

    Europe 6.JPG

     

    Europe 7.JPG

    Europe 8.JPG

     

     

     

     

     

     

    LE PROJET COMPLET DES EUROPEENS POUR LES ELECTIONS DU 25/05

     

  • J-19 "L'Europe est une réponse à la folie de l'Histoire"

    Trois faits personnels vécus ce jour se télescopent autour de cette phrase :

    l_epine_butte_entree_signaletique.JPG- Un certain nombre de personnalités et d'anciens combattants ont commémoré ce matin à 7 heures au lieu-dit "La Folie" à L'Epine non loin de Châlons-en-Champagne, le soixante-dixième anniversaire de l'exécution de Robert Tritant, châlonnais, auteur de faits de résistance d'ampleur, fusillé avec 4 de ses compagnons. Chaque année, l'occasion est donnée le même jour, à la même heure et au même endroit, d'associer à cet hommage les 49 patriotes condamnés et exécutés par la Gestapo de 1941 à 1944.

     

    affiche-This-Is-England-2006-2.jpg- J'ai emmené mes élèves voir le film This is England qui raconte l'embrigadement d'un très jeune garçon dans un groupe de skinheads. D'une grande violence, sur fond de guerre des Malouines (avril-juin 1982) ce film démonte subtilement les mécanismes qui conduisent à l'adhésion aux idéologies nationalistes : fragilité personnelle, rancœur, injustice sociale, phénomène de groupe. La crise de folie finale, enclenchée par une pulsion raciste et l'envie du personnage d'en découdre avec ses monstres intérieurs, est particulièrement éprouvante pour les nerfs du spectateur.

     

    Laurent-Wauquiez-225x145.png- La phrase que je cite en titre est extraite du livre que Laurent Wauquiez a publié le mois dernier et dont j'ai lu une grande partie ce jour : L'Europe, il faut tout changer. Cette phrase intervient lorsqu'il évoque Martin Schultz qui "aime à raconter ses séjours en France lorsqu'il était enfant et que le souvenir de la guerre était encore vif". Si je partage avec Laurent Wauquiez un certain nombre des constats de dysfonctionnement de la machine européenne dont les institutions se concurrencent de façon malsaine et se paralysent, je ne peux pas le rejoindre sur ses préconisations, notamment celle, irréaliste, iconoclaste et populiste, qui consiste à sortir de l'espace Schengen.

     

    - irréaliste car rappelons que l'espace Schengen existe depuis 1995 et que l'accord de Schengen est devenu un acquis communautaire, c'est à dire qu'il a été intégré aux traités de l'Union, plus précisément à celui d’Amsterdam en 97. La sortie de la France entraînerait donc la renégociation de cet accord, ce qui signifie qu'il serait nécessaire d'obtenir une ratification de la part de tous les pays membres pour valider la modification. On a vu que la promesse du candidat Hollande de renégocier le traité budgétaire pour lui adjoindre un volet croissance n'avait pas abouti. La renégociation des traités est un vœu pieux en solitaire. Laurent Wauquiez remet à l'honneur le rapport de forces et pratique l'affrontement.  Dire "Je sors de Schengen", c'est juste jouer les gros bras et se mettre en situation de négocier... en sachant qu'on ne pourra pas aller jusqu'au bout... ce n'est pas construire...

     

     - iconoclaste car la mobilité est une idée fondatrice du projet européen. La remettre en cause, c'est rompre avec l'esprit de la fondation : à l'origine la mobilité avait un objectif économique : elle concernait les marchandises et les travailleurs, elle s'est ensuite généralisée à l'ensemble des ressortissants européens et est consacrée par l'article 45 des droits fondamentaux. C'est un des attributs de la citoyenneté européenne. Que restera-t-il de l'Europe si on remet en place les frontières intérieures? Sortir de Schengen serait une catastrophe économique, surtout pour une circonscription frontalière comme le Grand-est : imagine-t-on restaurer le permis de séjour pour le Mosellan travaillant au Luxembourg et le contrôle des marchandises aux frontières pour les Belges commerçant dans les Ardennes ?

     

    - populiste : Peut-on affirmer d'un côté que "L'Europe est une réponse à la folie de l'Histoire" en invoquant Martin Schulz, président socialiste allemand du Parlement européen sans doute dans un souci d'ouverture de façade politicienne, et vouloir refermer la France sur ses frontières pour limiter les invasions barbares de tous ceux qui sont suspectés de venir profiter du "système social très généreux [qui] rend notre pays particulièrement attractif" ?

    9782271078827FS.gifComme l'affirme Catherine de Wenden, spécialiste des migrations internationales dans un entretien du 14 février dernier où il était question des quotas suisses, mauvais présages pour les élections européennes :"Nous avons l'impression de retourner avant l'ère du marché commun. C'est un discours d'un autre âge qui est fortement attendu dans l'opinion publique qui ne voit pas les bénéficies politique et économiques qu'elle tire de l'Europe et qui est dans cette volonté de repli sur soi dans un contexte de crise économique. Ces comportements ont déjà été observés lors de précédentes périodes de crises, comme par exemple dans les années 30."

     

    Ne seraient-ce pas ces mêmes années 30 qui ont mis en place les mécanismes de la folie de l'Histoire...

     


    Et un petit lien en plus en guise de clin d'oeil très politicien ;)

  • J-20 Pourquoi je suis candidate aux Européennes sur la liste UDI-MoDem LES EUROPEENS

    Europe 5.JPGNous sommes le 5 mai : dans 20 jours, il faudra voter pour L'Europe et un programme qui corresponde à un projet politique garantissant son avenir.

    On m'a demandé et j'ai accepté d'être candidate, en suppléante sur la liste pour la Circonscription du Grand-Est : en 13ème position.

    C'est un honneur pour moi de représenter la Marne avec Véronique Marchet colistière UDI de Reims, et la Champagne-Ardenne avec Pascal Landréat, colistier MoDem de Troyes, parmi les 18 départements et les 5 Régions qui figurent dans cette immense circonscription de 8,5 millions d'habitants (autant que l'Autriche...)

    C'est un honneur parce que j'ai conscience de m'inscrire dans une histoire pas si longue en apparence mais qui date en réalité d'Henri IV, dont le ministre Sully rêvait déjà au XVIème siècle de réaliser "Le Grand Dessein" qui permettrait de réaliser une paix universelle en Europe après les épisodes sanglants des guerres de religions. Née d'une utopie, cette histoire a pris corps par la volonté de ceux qui, pendant la deuxième guerre mondiale même, portaient déjà le projet communautaire européen, Jean Monnet, Robert Schuman, Alcide de Gasperi et Paul-Henri Spaak, tous démocrates chrétiens, pétris de l'idée que perdre un peu de soi, pratiquer le compromis fait gagner la communauté et affermit la paix.

    Quelle chance à ce propos que la présentation de la liste à la presse se soit déroulée ce samedi devant la maison même de celui qui a conçu le discours de l'horloge le 9 mai 1950, discours dans lequel il affirmait : "L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord des solidarités de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l’opposition séculaire de la France et de l’Allemagne soit éliminée. L’action entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne"

    10262030_10152323392987420_3726986538431551545_n.jpg

    Dans la vision de paix de cet homme et de ses frères, je veux puiser les racines de mon engagement européen ; dans la solidité des intuitions de ces pères fondateurs, nous voulons tenir ensemble et faire progresser l'idée que l'Europe, cette formidable réalisation, unique en son genre puisqu'elle lie concrètement la communauté d'intérêts et la recherche de la prospérité, puisqu'elle repose sur des mécanismes subtils qui permettent le respect de chacun des pays membre, quelle que soit sa taille, est la garante de notre puissance et la seule voix d'avenir de la France.

    Mais aujourd'hui le projet européen est en panne, il s'est quelque peu dérouté, détourné de l'esprit de ses fondateurs. L'Europe a grandi très vite, et les avancées constitutionnelles n'ont pas été à la hauteur des enjeux de l'élargissement. Dans le contexte de crise économique, les égoïsme nationaux bloquent un certain nombre d'évolutions nécessaires. Il nous faut revenir à la source et donner un élan décisif à la construction européenne.

    Évidemment, les détracteurs sont légions. Populistes invoquant Jeanne d'Arc, opportunistes surfant sur les mécontentements, pratiquant à qui mieux mieux l'Europe bashing pour se dédouaner de décennies d'inaction politique nationale, magiciens du retour au franc, panacée du redressement de notre économie, etc. Quand le pouvoir d'achat est mis à mal, il est plus facile d'attiser les instincts grégaires que d'encourager les élans communautaires.

    190_190_nathaliegriesbeck_est.png190_190_quentindickinson_2eest.png190_190_michelestriffler3eest_1.png

     

     

     

     

    Nous ferons donc figures d'outsiders, de challengers : une fois n'est pas coutume, mais sur ce chapitre, le défi est plus crucial encore que sur d'autres... Nous profiterons des 20 jours qui nous restent pour travailler à faire avancer l'idée d'Europe, le sentiment européen, la conviction que l'Europe est une chance et non un danger. Notre objectif n'est pas en effet de recaser des malchanceux de scrutins nationaux ou des syndicalistes désormais sans emploi. Nathalie Griesbeck et Michèle Striffler (n°1 et 3) sont déjà des élues européennes au travail, Quentin Dickinson (n°2) a choisi de quitter son devoir de réserve de journaliste chargé des affaires européennes à Radio France pour militer à nos côtés, sur la conviction que le péril est tel que l'engagement politique s'impose.

     Europe 4.JPG

    Sur ce blog, chaque jour, un mot d'Europe ! Profitant de mes congés d'enseignante, j'ai repris sérieusement ma lecture de L'Europe pour les Nuls de Sylvie Goulard et ce livre, construit sur un projet qui m'enthousiasme, faire aimer et comprendre l'Europe, m'a donné furieusement l'envie de m'y mettre.

    L'idée qu'un certain nombre de mes concitoyens puissent aller voter le 25 mai prochain sans savoir comment fonctionne cette institution, sur quel esprit elle s'est bâtie, les étapes de sa construction, les bienfaits de sa réalisation, heurte profondément ma sensibilité d'enseignante, mais surtout d'Européenne. Il faut expliquer l'Europe. Pas longtemps mais un peu chaque jour, selon la méthode dite "des petits pas" vantée par Jean Monnet dans la construction.

    Europe 3.JPG

     

    index.jpg

    Jean-Marie Beaupuy, notre ancien député européen, le sait bien, lui qui a rempli des dizaines de cars de marnais pour faire visiter le Parlement Européen en adepte de la démonstration par l’exemple. Expliquer l'Europe n'est pas une tâche facile car, tout comme le centrisme qui refuse le binaire, elle est une chose complexe, finalement, assez peu cartésienne, ce qui peut la rendre opaque dans son fonctionnement mais qui garantit l'intérêt général, loin d'être la somme équitable des intérêt nationaux...

    La rudesse de la tâche est à la hauteur des enjeux !

    A suivre...