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Citoyenne et Engagée! Le blog de Marie-Pierre Barrière-Lallement - Page 5

  • Bonne année

    Nous sommes le 13 Janvier et je trouve que c'est un jour essentiel pour se souhaiter une bonne année !

    J'aimerais souhaiter une bonne année à mes amis catholiques qui ont manifesté aujourd'hui à Paris et à qui je ne parviens pas à jeter la pierre. Leurs inquiétudes concernant la famille, la perte des repères, les difficultés à vivre de certains jeunes, le caractère mortifère d'un trop grand attachement à l'égalité de tous à tout prix (qui va de pair avec l'injustice), j'en vois les conséquences dans ma pratique quotidienne d'enseignante, chez les jeunes qui hantent mes classes, et manifestent leur colère, parfois sans espoir... Ils ne sont pas fils ni filles d'homosexuels, mais un cadre familial leur manque, un horizon aussi, et ils sont déjà blessés et en souffrance. Comment ne pas entendre les inquiétudes de ceux qui portent ce souci de la vie et de la croissance des êtres face à l'immense gâchis de notre jeunesse ?

    J'aimerais souhaiter aussi une bonne année à mes amis, qui revendiquent l'égalité comme un trophée des luttes si ardentes qu'ils ont menées pour protéger, défendre, se défendre du regard de l'autre, de la cruauté des jugements terribles et mortifères portés sur leur personne, leur singularité. Pour sentir moi-même dans mes combats combien il est difficile de maîtriser parfois, l'amertume que suscitent les critiques cinglantes et le refus de comprendre... Ils ne sont pas tous homosexuels mais ils s'identifient à ceux qui subissent le rejet et la vindicte populaire... aspirent au bonheur, mais pas seulement ! Ils ne sont pas hédonistes, relativistes, idéologues : ils croient à la responsabilité et à l'engagement devant l'humain.

    J'aimerais leur souhaiter que cette année ne les éloigne pas davantage les uns des autres : les deux tracés de leurs chemins peuvent encore se croiser à condition qu'ils ne feraillent pas sans voir qu'au fond leurs combats se ressemblent !

    Je voudrais ici parler de Manon qui termine ces jours-ci un mémoire relatant et analysant sa mission de coopération de 9 mois au TOGO sous l'angle de la Rencontre et de l'interculturalité. Elle développe dans cet écrit combien la perception du développement durable peut être considérablement réajustée grâce à un travail très précis et minutieux sur soi-même, au repérage de ses peurs, de ses préjugés qui constituent des freins importants dans la mise en oeuvre d'un travail collaboratif menant à un développement équilibré. Elle rapporte aussi comment la Rencontre nécessite d'entrer dans le temps de l'autre, de se nourrir de ses idées, d'accepter de s'exposer soi, de s'oublier partiellement, pour que la co-créaton soit possible. Elle indique enfin, la nécessité d'un travail participatif où les attentes et les besoins de chacun, et au premier chef des populations bénéficiaires, soient pris en compte pour l'élaboration et le suivi d'un projet durable.

    Manon a 20 ans : elle n'est pas catholique mais missionnaire, oui ! Son regard et son expérience sont des clés pour batir le monde qui vient. A un certain moment de son mémoire, elle explique qu'au Togo, d'une éthnie à l'autre, d'un village à l'autre, les pratiques culturelles ne sont pas les mêmes, que les salutations et les moeurs diffèrent, et qu'en plus de la médiation culturelle entre l'Afrique et l'Occident, il faut entreprendre celle qui permet, en amont du projet, de créer l'échange entre deux villages bénéficiaires.

    Le vivre-ensemble garanti par la République est notre projet commun : les ethnies françaises doivent aussi trouver les chemins de la Rencontre mutuelle. Ce projet de loi au forceps, qui correspond soit-disant à nos moeurs, est une antiquité du point de vue de la méthode : pour faire passer une loi, en France, il ne faut pas la discuter ! On applique le programme ! L'opposition n'a pas été élue, elle se tait point, terminé, circulez, y a rien à voir ! Nous arrivons aujourd'hui au terme de ce processus induit par nos institutions... La fracture devient béance, le débat n'est plus qu'échange d'anathèmes caricaturaux, la pensée est mise à mal de façon quasi-généralisée, de part et d'autre. Quand le pouvoir s'érigera-t-il enfin en médiateur, garant de la réalisation participative d'un projet collectif et communautaire ?

    Si c'est pour l'engagement qu'on se bat de part et d'autre, où est le problème ? Je lis des commentateurs qui raillent les couples homosexuels de vouloir rejoindre le soit-disant modèle bourgeois qu'ils conspuaient il y a trente ans. Et bien, réjouissons-nous ! Ils veulent se promettre fidélité et remplir leurs devoirs de parents à l'égard d'enfants qui sont déjà là ? Réjouissons-nous de ce changement de vue qui les dispense de s'enfermer dans la constante révolte !

    Il n'y avait sur ce débat aucun ennemi extérieur influent : la finance s'en fout, les banquiers européens sont loin... On avait la possibililité de co-construire et de mettre sur la table (non pas les revendications) mais les aspirations des uns et des autres. On définit cette loi comme progressiste. Mais si l'on acceptait de revoir la définition de ce que recouvre la modernité ou le progrès on pourrait s'entendre sur le fait qu'il ne peut pas aujourd'hui y avoir progrès ni social, ni républicain, en faisant passer de force une loi progressiste contre la minorité de ceux qui sont contre, parce qu'ils n'ont pas voté pour cette loi. La modernité, ce pourrait être enfin, le changement de la méthode qui va jusqu'au changement, et qui emporte ceux qui étaient réticents par principe, parce que c'est dans la Rencontre seulement que tout devient possible !

    "Mais tu rêves, tu verses encore dans la bisounourserie, il y a des méchants qui ne voudront jamais faire aucune concession !" Evidemment ! Et alors ? Il y a à côté d'eux l'immense majorité de ceux qui veulent s'entendre et pour qui la conciliation est pratique quotidienne dans la relation à l'autre... Pour dix articles médiatiques caricaturaux, il y aurait 150 discussions de fond entre copains, au sein de commissions de travail, à l'Assemblée Nationale. Il y aurait, parce qu'aujourd'hui, il n'y a pas : enfin, je crains que la société de classes, de chapelles et de strates, ne soit pas un fantasme seulement, et qu'elle soit majoritairement responsable, dans les segmentations mortifères qu'elle engendre, du mal-être des uns autant que des blessures des autres.

    Cette réforme permettant de donner à chacun la possibilité d'un engagement, aurait pu être co-construite, elle aurait pu relever d'un développement durable de notre société et de son vivre-ensemble. Ce n'est pas l'option qui a été choisie, car c'est dans le temps long qu'il faudrait laisser s'installer la relation, et les politiques sont toujours pressés d'aller vite, de récolter les fruits avant d'avoir semé les graines, de donner des gages à ce qu'ils croient être le bien, le bon et le juste, sans s'entourer de philosophes pour le définir d'abord, persuadés qu'ils sont d'emblée, parce qu'ils croient maîtriser l'Histoire, qu'il y a un bien de droite qui diffère totalement du bien de gauche et/ou inversement...

    Je voudrais encore pour conclure donner la parole à Elena LASIDA, chercheuse en économie sociale et solidaire. Son livre fait partie du top 10 de mes lectures 2012 : il donne à penser, à espérer et à croire. Je ne peux que le recommander à tous ceux pour qui l'avenir peut encore sourire parce qu'ils se méfient de la peur qui enferme.

    «Pour qu’il y ait de l’événement, il faut de la fêlure. Pour qu’il y ait émergence du nouveau, il faut du vide. Pour qu’il y ait un « autre » possible, il faut un « même » fragile. La fragilité ça casse, mais sans cassure, pas de nouveauté.

    C’est aussi cela l’événement : l’expérience du collectif qui réunit sans uniformiser, l’expérience du public qui devient acteur, l’expérience du discours qui devient communion. 

     L’événement, c’est la parole ou l’expérience qui nous déplace et nous surprend. Il ouvre un nouveau possible. Il n’était pas prévu, ni attendu. Mais il arrive comme une rafale subite de vent qui décoiffe et déstabilise. Dans la sécurité et la protection totales, le vent ne rentre pas. C’est à travers la fêlure qu’il souffle.»

     Elena LASIDA, le Goût de l'autre, Albin Michel, Février 2011

    Non Sodome et Gomorrhe ne sont pas nécessairement au bout du chemin ! Relevons nos manches et les défis qui se présentent ! Je veux me battre avec mes amis catholiques pour le respect de l'humilité et de la pauvreté évangéliques qui sauvent le monde. Je veux me battre avec mes autres amis pour que nos fragilités soient reconnues comme des lieux de vie et de création. Bonne année 2013, dans la richesse de nos fêlures : elles laissent de la place à l'Autre, à la confiance, à la parole échangée puis donnée qui rend stable le monde et attirante, la route inouie à parcourir ensemble...

  • Au sujet de Blendi et Blendon

    NOTRE COMBAT

    Après 9 mois de lutte, force est de constater que les montagnes que nous nous sentions capables de transporter en janvier dernier, au plus fort de notre indignation, font preuve, au fil des mois, d'une inertie de plus en plus décourageante. Le jeune Blendon Gashi, pour rappel, alors âgé de 10 ans, a été expulsé avec sa famille le 19 janvier 2012 vers le Kosovo, alors même que, via le RESF, s'était mis en place, tardivement, le suivi médical visant à résorber les conséquences d'une tragique hémiplégie survenue à l'âge de 4 ans, suivi médical nécessitant une opération décisive, d'ores et déjà programmée le 21 mars 2012.

    Mais cette histoire-là, cela fait presqu'un an qu'on la raconte, dans nos mails, dans nos communiqués de presse, dans nos discours, dans nos tracts, un an qu'on s'obstine à croire que la France va réparer l'erreur intolérable commise sous Sarkozy, un an qu'en silence ou dans le bruit, nous manifestons notre solidarité chaque samedi sur une place passante de Châlons-en-Champagne, à la famille Gashi, désespérée à Pristina, dans une ville où l'avenir pour ces gens est devenu impensable, tant ils craignent le retour de leurs harceleurs, ceux qui ont failli, la veille de leur départ en France, leur kidnapper leurs deux fils jumeaux, afin d'exiger d'eux les rançons que Faton et Pranvera Gashi, dépouillés déjà, ne peuvent plus payer.

    Une histoire comme tant d'autres de celles que nous entendons de ces familles accompagnées dans le cadre du Reseau Education Sans Frontières. Tant de larmes, tant d'angoisses, tant de visages creusés par l'épreuve, insupportable, née de la persécution, de la crainte, et ici, du mépris de leur demande de protection et souvent même, de leurs droits, d'abord celui d'être reconnus victimes (et non menteurs, affabulateurs d'histoires qui se colportent pour obtenir l'asile)... Voir la plainte contre des mafieux déposée dans son pays échouer sur les récifs d'une administration corrompue pour se trouver ici, en France, suspectés d'avoir inventé de toutes pièces une histoire abracadabrantesque aux seules fins d'attirer la pitié de juges, hélas, rompus aux manipulations de ces migrants économiques qui utilisent l'asile pour se faire une vie meilleure...

    Ce combat, ce n'est pas le mien, c'est celui du Réseau : lors de sa création, le RESF, constitué d'un tissu d'associations, de partis, de syndicats, de mouvements, a adopté une charte fondatrice qui exprime la primauté de l'éducation et de la scolarisation des enfants, droit à l'éducation mentionné dans l'article 28 de la convention internationale des droits de l'enfant. Depuis l'origine, le RESF protège les enfants de parents sans-papiers, afin d'éviter que, à l'instar de Blendon Gashi, ils soient soudain arrachés à leur classe et expulsés. Les membres du RESF considèrent comme une violence insoutenable, que ces enfants accueillis, intégrés, dont la présence constitue une chance pour ceux qui les côtoient, soient soudain remplacés dans leurs classes par des chaises vides.

    Ce combat ne se déroule pas toujours ni seulement, dans les salons feutrés des cabinets ou des bureaux, parce qu'il implique un rapport de forces. En effet, même si elle n'est pas systématiquement insensible, "l'administration est toujours la plus puissante". Depuis cette difficile reconduite de la famille Gashi, nous avons appris à mieux connaître le secrétaire général de la préfecture, à passer par son secrétariat pour demander audience, nous ne sommes pas des activistes violents, ni des sauvages. Mais nous ne sommes pas naïfs non plus, et nous savons bien que la protection des droits des familles que nous accompagnons passe parfois par l'utilisation de systèmes d'alerte médiatique, en tout cas par la nécessité d'une veille continue et visible pour leur éviter le très pire.

    Et oui, nous avons le droit, nationalement, de crier fortement que nous sommes déçus du peu de changement que la gauche aux manettes instaure dans la politique d'immigration orchestrée par Sarkozy, Besson, Hortefeux, Guéant. Et nous avons le droit de dire, ici, que nos espérances pour la famille Gashi étaient grandes en mai, et qu'elles sont aujourd'hui déçues, encore une fois, et plus cruellement, par ce nouveau refus de visa !

     

    ET LE MIEN

    Il se trouve qu'aujourd'hui, après deux ans et demi d'activité au sein du réseau, mon engagement est mis en cause. Dans la presse ce jour, via le blog de L'association Ensemble pour Blendi et Blendon depuis samedi soir. On me reproche, de façon explicite, d'utiliser le combat en faveur de Blendi et Blendon pour mettre en valeur mon image médiatique, pour m'"agiter devant les cameras".

    Quand on s'engage, on doit se tenir prêts à recevoir des coups, à la mesure de ceux qu'on donne. Et de façon pacifique, j'en donne depuis deux ans : j'en donne quand je crie pour dénoncer l'insupportable de cette expulsion d'un gosse handicapé, j'en donne quand je rédige des communiqués pour protéger des gamins en rétention de la reconduite, j'en donne quand je travaille sur les dossiers de familles pour trouver des voix de régularisation qui vont à l'encontre des décisions de l'administration, j'en donne quand je milite pour un monde plus juste auprès de ceux dont le seul argument est de laisser la misère hors des frontières, j'en donne quand j'interpelle ceux qui dorment ou qui ne savent pas, j'en donne quand je refuse qu'on se résigne autour de moi, j'en donne... et ces coups que je donne, dans le même temps, je les reçois.

    Parce que sans cesse, je doute, je doute de ma force, de ma légitimité, de ma capacité à aller bien loin dans la contradiction de cet arsenal juridique que je maîtrise mal, je doute du bien fondé de ce temps passé à me battre et à récupérer du combat, que je ne passe pas avec ma famille et mes enfants, je doute de mes aptitudes à convaincre quand je surprends les regards hostiles et que j'entends les arguments, toujours les mêmes que l'on rabache sans relâche pour faire croire qu'"on ne peut pas accueillir toute la misère du monde", je doute quand je lis les tracts politiques de ceux qui d'emblée sont dans le rejet, le refus, la suspiscion, qui se drapent dans la loi pour s'en faire une carapace... et ces doutes sont lourds, autant que la pression médiatique qu'il faut déclencher parfois, autant que le désespoir de ne savoir que faire ou de mal faire...

    Mais il y a deux choses dont je ne doute jamais et qui me font tenir dans ce combat-là qui m'a rejointe plus que je ne l'ai choisi pour le faire figurer sur mon CV :

    1) celle du pouvoir et du devoir de la rencontre. Rencontrer les Gashi à travers cette histoire qui est la leur, qu'ils ont accepté de nous partager, en très grande dignité, surmontant la honte de devoir se dire misérables, me donne deux responsabilités majeures : celle de ne pas faire comme si je ne savais pas d'abord, et ensuite celle d'être là et de veiller sur eux, parce que je crois très fort que la rencontre est d'abord une grâce. On ne la décide pas, on la reçoit. La rencontre est le croisement de deux fragilités : celle de Blendon et celle que je ne refuse pas de lire en moi-même, interpellée que je suis par son visage auprès du mien, par son histoire qui croise la mienne. Et cette veille se conclura le jour où je pourrais permettre à Blendon cette réciprocité dans l'échange. Je n'aide pas Blendon, je veille sur lui dans l'attente.

    2) celle de la force du Réseau. Je n'y ai pas rencontré que des gens qui pensent comme moi, loin de là, mais des frères, c'est sûr, je dis souvent : "des gens à qui je pourrais confier la prunelle de mes yeux", tant ce que nous vivons ensemble de ce combat désintéressé nous rend proches. Ni les uns, ni les autres nous ne transigeons sur l'essentiel et nous le rappelons mutuellement si besoin, mais nous ne nous jugeons pas, ni n'entrons en rivalité, parce que les problèmes qui nous broient ne permettent pas les déchirures entre nous. Les uns comme les autres, chacun avec ce qu'il peut apporter comme temps, compétences, moyens, nous sommes conscients de servir une cause dont nous savons d'emblée qu'elle nous dépasse par son ampleur et par la force des valeurs qu'elle illustre et qui nous préexistent.

    Fragilité, interdépendance, coopération, réseau, antériorité de l'éthique qui détermine l'action, petitesse, humilité : tellement loin de la fièvre médiatique... Croit-on vraiment que ce combat pour les migrants, si décrié de toutes parts, conspué par les commentaires dysorthographiques et haineux sur le site du journal local, soit de nature à me promouvoir sur la scène publique ?

    Se placer une nouvelle fois sous le patronnage de Bernard Stasi : écrire L'immigration, une chance pour la France et perdre la présidence de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée Nationale... Moins la victoire que l'honneur !

    LA SUITE ?

    Alors, doit-on arrêter ces manif pour Blendon Gashi, sont-elles de trop, comme le titre aujourd'hui la manchette publique du Journal L'union et comme le pensent depuis l'origine de notre différend qui ne date pas d'hier, certains membres de l'association Ensemble pour Blendi et Blendon ? En vertu du devoir de veille ; parce que se nouent des relations incroyables, exemptes de gesticulations, sur cette Place Foch résistante du samedi matin ; et parce que depuis leur reconduite, aucun enfant accompagné n'a été expulsé, je ne le crois pas. Mais le Réseau, ici à Châlons, en décidera...

    En tout cas, ce combat pour Blendi et Blendon n'est pas achevé : s'ils ne sont pas rentrés, c'est que nous n'avons pas encore tout essayé, et nous nous confions, une fois les forces revenues, au bon génie de notre créativité qui est sans limites, comme on a coutume de le dire, dans le Réseau où la lutte va de pair avec la joie... ;)

  • L'oeuf et la poule

    Le verdict est tombé, le MoDem n'a pas dépassé les 2% aux dernières législatives : chronique d'une défaite annoncée, disent les uns. De nombreux centristes expliquent en effet, que les alliances multiples et la stratégie à géométrie variable du Modem ont perdu les électeurs qui, manifestement, ont été totalement déstabilisés puisqu'ils ne retrouvaient pas sur l'échiquier la bonne case qui allait bien à cocher, juste à côté du parti traditionnel de droite, un peu plus à gauche, mais de l'autre côté du Rubicon. Ne parvenant pas à cocher comme à l'accoutumée, les électeurs se sont eux-mêmes peu à peu dissipés dans les affres de l'indécision. Conséquence : ils se sont abstenus ou se sont éloignés de leur vote traditionnel pour rejoindre le giron d'une droite à contours moins flous...

    Outre qu'il est compliqué pour celui qui veut explorer des voies nouvelles de mener à bien une entreprise qui n'entre pas dans les bonnes cases, il s'attire forcément les sourires des sceptiques qui lui savonnent la planche, ricanant a posteriori sur l'air du"On lui avait bien dit !"

    La vérité est sans doute aussi que les institutions de la 5ème accentuent grandement les réflexes d'appartenance (éloge et pratique du vote utile) mais également l'abstention générée par de multiples autres facteurs que cette sacro-sainte clarté qu'on a opposée à tous les positionnements qui ont été les nôtres depuis 2007.

    L'indépendance était un risque qui s'est heurté au paradoxe (ça fait beaucoup pour un seul parti !) né du postulat, nécessaire et courageux, que travailler avec tous les modérés non sectaires était possible : ce paradoxe nous a minés. 1) Comment en effet être indépendants dans l'état des institutions, à moins de le choisir radicalement, et de l'assumer jusqu'à l'échéance claire de la présidentielle qui, à condition de la gagner, permet seule de changer les règles du jeu ? Il aurait fallu assumer ce seul pari, mais, quand on est chef de parti, élus d'un parti, peut-on accepter sciemment de tout perdre, tout hormis la crédibilité ! 2) Comment de plus, être indépendants tout en faisant la preuve que le clan contre clan est une aberration et qu'on doit pouvoir travailler avec tout le monde ? Bref, l'indépendance était une plaie et l'alliance par-dessus, une plus grande encore...

    A quoi est liée l'abstention ? Il sera assez évident de poser un autre paradoxe à côté du précédent : ceux qui ne votent plus par leur non-vote protestataire ou résigné, sont les artisans de la pérénisation d'un système à l'agonie, qui n'en finit plus de mourir... En effet, râler contre les privilèges et la corruption irréductible sur lesquels reposent le système pourri de reproduction des élites et le fonctionnement en circuit fermé des gouvernances et des habitudes, devrait, plutôt qu'à s'abstenir, engager à voter pour une offre différente.

    Les partis politiques cherchant à rassurer, à donner des gages et des garanties à leur électorat traditionnel, (celui qui doit être conduit à cocher la bonne case), peinent à convaincre ceux qui, rêvant trop d'autre chose, ne se fatiguent même plus à cocher la moindre case, tant ils sont convaincus que toutes les cases se valent...

    C'est donc la deuxième quadrature du cercle à laquelle s'expose notre mouvement. En faisant bouger les lignes, nous avons perdu l'électorat centriste malheureusement attaché à sa case, mais nous n'avons pas pour autant réussi à convaincre ceux qui rêvaient d'autre chose que de la politique des cases, des castes et des clans. Car dire ne suffit pas en la matière...

    Le prochain chef aura donc la difficile mission de reconquérir les uns et de convaincre les autres. Pour cela, définir un positionnement sur l'échiquier est sans doute important. Mais si nous voulons éviter de passer pour l'idiot qui regarde le doigt au lieu du ciel, nous devons reconnaître qu'aujourd'hui, le sujet essentiel n'est pas celui de la case à cocher !

    Face aux défis qui sont les nôtres, nous avons le devoir de susciter un vote d'adhésion qui correspondra sincèrement à une volonté de changement. Pas "le changement c'est maintenant" à la Hollande qui peut se traduire par : "le changement c'est battre Sarkozy et la droite", mais un changement de fond de nos réflexes et de nos mentalités : sortir de la torpeur, libérer l'initiative, susciter la responsabilité.

    Et si nous-mêmes, comme centristes, nous nous l'appliquions d'abord, peut-être deviendrions-nous enfin crédibles, pas seulement pour ceux qui cochent la case habituelle, s'entend ! A quoi bon s'engager en effet, si c'est pour reproduire ce qui a toujours été (même si la famille existe, loin de moi l'idée de remettre en cause cette idée. Je tiens d'ailleurs pour un fait certain que c'est par méconnaissance de notre histoire familiale que d'aucuns se sont si vite découragés après la fondation du Modem de 2007 à 2010) ? Mais si pour être élu, il n'est qu'à se mettre sur la bonne feuille (ou derrière le bon cheval) et attendre l'automne, alors que fait-on de la mission première du politique, qui est d'entrer dans l'arène pour convaincre les électeurs du bien-fondé de son programme, du caractère judicieux de ses propositions qui ne consistent théoriquement pas seulement à battre la droite ou à empêcher la gauche de gagner complètement... Nous sommes responsables de la constitution d'une offre politique nouvelle et encore inédite, nous sommes responsables de sa diffusion, nous sommes responsables de sa victoire qui ne pourra être obtenue qu'en allant chercher les voix où elles se trouvent : chez les nôtres d'accord, mais surtout, chez les abstentionnistes.

    Deleuze n'était pas centriste mais il écrit là (je cherche toujours la référence exacte de la citation au passsage) quelquechose qui me semble tenir d'un programme politique nécessaire aux temps que nous traversons : " En tout agencement créateur individuel ou collectif, les sourciers sont ceux qui font danser leur baguette sur une ligne qu'ouvre l'époque et non ceux qui se glissent dans les étoffes des prédécesseurs dont ils décalquent le mouvement. La scène du présent, ne se livre pas, ne se dynamise pas, sans que l'on en passe par l'exposition risquée à ces forces, à ces brèches et lignes de fracture. Faire un pas dans l'incorporation tout terrain de concepts et se soumettre à nouveau à l'aventure d'une recréation, c'est ne pas donner prise à la mort, à sa victoire sur l'accueil de l'événement, c'est, opérant une mise à mort de la mort, se reconnaître héritier, mais au sens où René Char disait : "Notre héritage n'est précédé d'aucun testament.""

    Les temps exigent que nous soyons inventifs, à 1000 lieues donc d'un retour au même. Or, la politique telle que nous la vivons est encore bien vieille, il n'est qu'à observer les méthodes de gouvernance auxquelles le dernier quinquennat a recouru, faisant du clivage (diviser pour régner) un sport national ; et que dire de celles qui ont cours dans les collectivités locales où la démocratie collaborative, même en matière d'environnement, reste un vain mot... Dernièrement l'affaire Bricq, catastrophique ! Si les dirigeants se résignent... comment peuvent-ils semer les graines d'un électorat plus éclairé (qu'on ne s'y trompe pas, il l'est déjà parfois, et, paradoxe ultra, c'est pour cela qu'il ne vote pas), ou simplement plus confiant ? Qui est le premier... de l'oeuf ou de la poule ? "Tout le monde semblait croire, en effet, que tout coule du haut vers le bas, de la chaire vers les bancs, des élus vers les électeurs ; qu'en amont l'offre se présente et que la demande, en aval, avalera tout. Qu'il y a des grandes surfaces, des grandes bibiothèques, des grands patrons, ministres, hommes d'Etat... qui, présumant leur incompétence, répandent leur pluie bienfaisante sur les petites tailles. Peut-être cette ère a-t-elle eu lieu ; elle se termine sous nos yeux, au travail, à l'hôpital, en route, en groupe, sur la place publique, partout." (Michel Serres, Petite Poucette)

    Saurons-nous donc prendre de vitesse nos éléphants du Centre empêtrés dans leurs accointances et dans leur contradictions pour favoriser l'émergence de ce qui doit venir ? En d'autres termes, chercherons-nous exclusivement à nous "recaser" pour rendre la sécurité du vote à l'électeur qui était le nôtre et obtenir des postes éligibles, ou serons-nous également capables de tracer enfin la voie nouvelle qui dispensera les autres, les électeurs désespérés, de cocher la prochaine fois, la case extrême...

  • Rio plutôt que Borloo...

    Quelques liens, juste pour relativiser la portée du séïsme qui agite le Centre...

    - Sommet de la terre "Rio+20" : un échec quasi programmé

    - Sommet de Rio+20 : introuvable économie verte

    - «Le scénario de l’effondrement l’emporte»

     

  • Liens fondamentaux et petit point de vue

    Avant de pouvoir écrire moi-même et donner mon sentiment sur cette "page électorale" qui se tourne, je ne peux que conseiller la lecture de ces deux textes auxquels je n'ai, ni pour l'un, ni pour l'autre, rien à ajouter, ni à retrancher :

    Hervé Torchet sur les enjeux de ce qui semble se fermer et de ce qui s'ouvre (arrêtons de prendre Bayrou comme bouc émissaire, au passage, ça permettra un vrai aggiornamento ! Si on doit taper sur qqn, c'est plutôt sur Raffarin !)

     

    L'Hérétique, excellent sur la nécessité de reconstruire l'unité sur un projet et non sur de la stratégie politicarde.

     

    Comme je l'ai commenté hier sur la page Facebook d'Olivier Laurant, centriste ardennais, la reconstruction du Centre à laquelle je souhaite m'associer doit se faire :

    - sur une plate-forme thématique et des propositions claires. On a assez reproché à Bayrou d'avoir un programme flou et insuffisamment concret, pour se donner les moyens maintenant de programmer le "Fabriqué en France" avec toutes les implications qu'il suppose en terme de production, de modification des fonctionnement d'entreprise, de stratégies européennes, d'évolution des modes de consommation...

    De même, pour moi, comme je l'ai déjà écrit, le redressement des finances publiques est un moyen au service d'une fin qui concerne un modèle de société neuf à faire émerger. Notre vivre-ensemble est profondément abimé par les 5 ans de Sarkozysme que nous venons de vivre : la prise en compte des fragilités de notre société est mise à mal, la stigmatisation est dans toutes les bouches et la suspiscion dans de nombreux regards. Notre projet de solidarité ne peut faire l'impasse sur ces questions qui sont bien plus fondamentales que le maintien de la paix sociale : dépendent de cette réflexion nationale les relations et les partenariats que nous allons pouvoir nouer demain avec des régions du monde en voie de développement. Tout est question d'échelle et de changement de représentation. Le projet centriste doit nécessairement être alternatif (et pas seulement économique) !

    - sur la prise en compte qu'un retour au même est exclu, je veux dire, un retour au mode de fonctionnement de l'ancienne UDF. Ce n'est pas ici le positionnement centre-droit que je conteste, il ne me dérange pas, d'abord parce que centre-droit, pour le moment, on ne sait pas très bien ce que ça veut dire, vu les dérives de la droite et l'absence de projet du centre...

    Mais il faut prendre en compte de façon vraiment fine l'évolution du MoDem tel que la définit dans ses travaux de recherches Julien Fretel : nous ne sommes pas un parti de notables, nous étions constitués de la richesse et du foisonnement de la société civile, de militants associatifs compétents dans des domaines divers mais surtout capables de mobiliser et de créer du neuf dans nos modes d'action et d'organisation. Il ne faut pas que le Centre en construction évacue cette dimension essentielle de ce qui a constitué le MoDem à sa fondation et qu'il a progressivement perdu par défaut de structuration interne et défaut de culture politique de ses nouveaux adhérents. Le Centre doit être un parti politique, il doit développer des stratégies politiques d'alliance (et je ne suis pas sure que l'alliance à droite vaille pour toutes les réalités locales, mais je serai collective parce qu'un parti, c'est de la discipline aussi...) et de gouvernance. Mais le Centre doit avant tout être une réponse (et il ne doit pas renoncer à l'être!) à la désespérance de nos contemporains qui ne votent plus, qui ne s'engagent plus, qui ne voient plus le sens du service politique, parce que les politiques se sont laissés déconnecter des citoyens. En effet, comme le dit JFK, en fin d'entretien dans un article publié ce jour, si ce n'est pas le Centre qui crée le dépassement des apories auxquelles se heurtent déjà ou vont se heurter la droite et la gauche, le risque est grand que ce soit le Front National qui s'en charge...

    Je participerai dans ces deux directions conjointes à la reconstruction du Centre.

  • Entre-deux tours

    Quelques points d'analyse à l'issue de ce premier tour :

     1) Pas de triangulaires avec le FN. L'affaire du tatouage nazi largement relayée par la presse locale, la droitisation de l'UMP ont délesté sans doute le vote FN des voix suffisantes pour passer le cap du second tour. Mais le vote FN progresse considérablement en Argonne (+10 points par rapport à 2007) ce qui révèle une profonde désespérance de ces populations, et la responsabilité morale des élus qui laissent s'installer cette désespérance...

    2) L'abstention terrifiante encouragée par l'absurdité du système institutionnel : 40% des électeurs (Bayrou/Mélenchon/Le Pen) à peine représentés à l'Asemblée : à quoi cela sert-il d'aller voter ? La réforme devra voir le jour et inclure une dose de proportionnelle dans cette élection : cela permettra aux différents courants de pensée d'être représentés sans que les débats fratricides auxquels nous assistons cette semaine à droite, savamment récupérés par la gauche pour secouer des chiffons bruns, ne soient plus nécessaires... Cela permettra surtout qu'on fédère les candidatures au lieu de les disperser, que des pôles de courants de pensée voient le jour et rendent plus lisible la politique tout en lui restituant une certaine forme de complexité : fin du bipolaire, d'autres familles existent que la droite et la gauche...

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    3) On n'a pas passé les 5% : 4,40 (pas banal pour le patron d'un syndicat de PME, ça nous a fait rigoler dimanche soir!) On a été victimes de plusieurs facteurs agravants : partis tard, mal connus, lestés d'une étiquette encombrante ou délestés de toute étiquette favorisante (c'est selon) Apparemment l'électorat MoDem s'est abstenu sur la circonscrjption : incompréhension du choix de Bayrou entre les deux tours de la présidentielle, perplexité devant la disparition du label et de la couleur orange sur nos affiches...

    Mais comme dit Bertrand, on ne perd jamais quand on se bat pour ses idées. On n'était même pas tristes dimanche soir, sauf du fait que ça se termine ("Le Bonheur en campagne"). Et puis, quand on voit les scores des copains ailleurs en France, plus proches de 0 que de 5, on s'estime pas trop mal lôtis ici...

    Une seule envie : poursuivre, confirmer l'essai : pour lui, faire tomber le FN en Argonne : mission de salut public (entre nous pour ça, je pense que la méthode Courot est meilleure que d'autres : cf les disparités entre cantons du point de vue du vote FN!) Pour moi : 3,22% à Châlons... M'engager plus encore (j'ai en tête la réflexion d'un électeur lundi soir : "Je ne comprends pas, on vote MoDem, on est plusieurs à le faire, on s'en parle, et on a l'impression que ça ne sert à rien...") ! et refaire ce p... de Centre qui nous manque ! Pas l'UDF, non, un Centre agrégé de ce que le MoDem a permis de faire avancer. Sinon, je n'en serai pas.

    4) La pauvre représentation du Centre qui s'annonce est un handicap majeur pour Hollande qui ne pourra pas compter sur une majorité centrale lorsqu'il faudra voter des réformes que les gauchistes ni les droitiers ne voudront assumer. Il a choisi, il a laissé choisir de plomber Bayrou sur Pau, il en assumera donc les conséquences (et la France aussi) : merci Martine !

    5) On a dit et écrit qu'on ne donnait pas de consigne de vote parce que notre électorat est assez grand pour choisir. Mais parce qu'on est ouverts et non sectaires, on accepte de rencontrer ceux qui veulent nous voir. Je ne sais pas si Bertrand a vu quelqu'un, on avait besoin d'un break, on ne s'appelle plus ;-) mais pour ce qui me concerne j'ai accepté de déjeuner avec Rudy Namur, le candidat du PS, mardi midi, pour lui redire que nous ne choisirions pas. Néanmoins cette marque de considération pour mon 3,22 m'a beaucoup touchée ! Trêve de plaisanterie, même si la rencontre qu'il a sollicitée était intéressée (pas de bisounourserie), il est indéniable que Rudy Namur est quelqu'un d'ouvert, qui écoute et avec qui les élus de son canton nous ont confirmé qu'on pouvait travailler. Ne tirer aucune conclusion de ce qui précède au sujet de mon vote personnel. Je fais mon coming out : par le plus grand des hasard du découpage territorial et administratif de ces circonscriptions qui n'ont aucun sens, je vote sur la 5ème ! :-D

     

  • Communiqué de presse à l'issue du premier tour

    Tout d’abord nous souhaitons remercier les 1 956 électeurs qui nous ont accordé leur confiance et qui rendent possible notre score de 4,40% pour le scrutin de ces élections législatives pour la 4ème circonscription de la Marne. Nous sommes heureux qu’ils aient reconnu les valeurs qui sont les nôtres et qu’ils aient soutenu le programme que nous défendons, à la fois volontariste et apaisé, éloigné des clivages artificiels et de l’agitation médiatique.
     
    Notre score exclut que nous puissions nous maintenir au second tour, nous nous retirons avec la conviction d’avoir mené une campagne honnête et sérieuse, sur des thématiques liées au développement du territoire de notre circonscription ; territoire qui a besoin d’un nouvel élan par la création de richesses et d’emplois qui sont les seuls facteurs capables de déterminer un partage plus juste.
     
    Nous avons conscience que le vote d’adhésion du premier tour ne nous permet pas de nous sentir propriétaires des voix qui se sont portées sur notre candidature. De plus, nous estimons que nos idées ne sont que partiellement représentées par les programmes des autres candidats. Nous laissons donc nos électeurs librement se déterminer en fonction de leur conscience et des projets des candidats finalistes, à qui nous adressons nos félicitations.
     
    Nous terminerons en formulant un vœu pour cette circonscription et ses habitants : qu’ils soient accompagnés dans leurs projets par un député responsable et à l’écoute, qui saura donner des impulsions aux dynamiques territoriales tout en votant des lois propices à tirer notre pays de la crise dans laquelle il est durablement plongé.
     
    Bertrand COUROT, Marie-Pierre BARRIERE LALLEMENT

  • Off

    C'est fini ! Trois semaines de travail intense, un tremplin... des rencontres, des mots échangés, des thèmes, des luttes, des défis à retenir, l'euphorie de la campagne.

    Une pensée spéciale ce soir pour tous ceux qu'on a rencontrés et qu'on n'a pas réussi à convaincre d'aller voter, parce qu'ils ne voient pas l'intérêt , qu'ils ont autre chose à faire ou parce qu'ils sont écoeurés... On n'a pas réussi encore cette fois-là, il faudra donc persévérer et remettre ça, et travailler plus en profondeur et sur la durée.

    Pour l'heure, je pense aussi à tous ceux qui n'ont pas encore fait leur choix : votez ce que vous jugez le meilleur, mais surtout votez et faites voter autour de vous. La démocratie ne s'use que si on s'en sert pas ! Et elle est précieuse, ne l'oublions pas !

     

    http://bertrandcourot2012.blogspot.fr/

  • A mes plus fidèles (et bienveillants) lecteurs...

    On était bien ce soir à Châlons, la réunion publique était pleine d'amis et chaleureuse... On a beaucoup écouté et partagé, confronté parfois, et on n'est presque pas rentrés dans la politique... Enfin, j'ai temporisé ;-)

    C'était bien, presque à nous faire oublier les attaques de la journée, ce talentueux article de presse dans lequel mon blog est cité, citation évidemment partielle, partiale, qui déforme le propos, la vision, le contenu, la complexité de l'observation du voir, au juger, à l'agir...

    Pourtant, c'est étonnant : on accorderait d'emblée au journaliste de presse écrite le bénéfice de l'intelligence ; il peut lui, grâce aux mots, se garder des travers faciles du montage pratiqués par nombre de journaliste TV...

    Là, c'est raté ! faudra recommencer... Le parti pris de l'article est évident : mais la presse indépendante, ça se gagne avec le reste, c'est pour ça qu'on est dans la course d'ailleurs.

    J'écris, je publie. Je m'expose. Donc j'assume ! Et je remercie les journalistes politologues de traîner par ici parfois, cela m'honore...

    Et même de faire jusqu'ici des recherches hallucinantes sur ce que Courot aurait pu voter au second tour de la Présidentielles (c'est dingue ce qu'un blog peut enregistrer comme info : faudrait voir à faire bosser un peu la CNIL, hein ?) ;-)

    Je conclurai par ces simples mots pour rassurer ceux qui pourraient me prendre pour le boulet de la campagne Courot (personne ne dit cela, juste moi qui anticipe, comme souvent !) - (mieux vaut une suppléante qui ne fasse rien gagner qu'une suppléante qui fasse perdre des voix : j'ai déjà entendu ça quelquepart ;-)

    Voici ces mots : il n'y a pas une longueur, ni une largeur d'étiquette entre lui et moi ! Il voulait notre soutien, il l'a eu. Il ne le renie pas, c'est courageux (parce que je rappelle que le Modem est donné à 4 et pas à 7 pour cette élection). Mais très franchement, sur cette campagne, si on nous a parlé deux fois de Bayrou, c'est déjà beaucoup. Les gens s'en moquent, ce qu'ils veulent, c'est arrêter avec ces stupides guerres de clans et qu'on prenne au sérieux, enfin, le développement économique, social, touristique de notre territoire, qu'on le fasse compter et rayonner. Et pour ça, pas besoin de bla-bla, Courot, c'est le député qu'il nous faut !

  • Brèves de campagne

    1) J'ai demandé à des amis arméniens de boîter AVEC moi cet après-midi, on a constitué deux équipes. Ils se sont fait contrôler parce que quelqu'un, trouvant louche que ces deux types passent trop près des maisons dans un lotissement de campagne, a appelé les gendarmes. En voyant la voiture de gendarmerie descendre la rue principale, j'ai eu le pressentiment que c'était pour eux, je ne m'étais pas trompée. Ils ont dit qu'ils étaient les amis de la dame qui est sur le tract, les gendarmes ont relevé le numéro de leur titre de séjour pour vérifier : ce ne sont pas des sans-papiers et ce sont bien mes amis, et je ne leur donnerai pas un kopeck ni un rouble pour le service qu'ils m'ont rendu !... L'insécurité culturelle, ce n'est pas du pipeau par chez nous. Je ne veux pas juger, juste préciser qu'on est prêts à travailler là-dessus, sans en faire un argument de campagne comme certains, sans laisser penser que ça n'existe pas, comme d'autres. On en a parlé longuement hier à Givry en Argonne et on était d'accord pour dire qu'il n'y a pas grande loi à édicter pour le dépassement des préjugés, chacun doit s'engager personnellement, c'est tout ! Ensuite, il y a beaucoup de choses à faire pour que chacun trouve sa place et pour gérer les conflits : c'est affaire, d'éducation, d'association, de police, de justice, d'une certaine vision de la société d'inclusion, donc.

    2) Nous avons été vertement accueillis par un maire au demeurant très sympathique, et nous avons pris l'engueulade qui n'était due qu'à Bayrou seul, ce social traître, ce vendu à l'ennemi, ce fossoyeur de parti... qui a tapé sur Sarko pendant 5 ans et a voté contre lui pour de mauvaises raisons. Bon, ben, voilà, c'est fait ! C'était marrant que ce soit Bertrand qui soit la cible de cette critique comme "représentant de Bayrou dans la 4ème circonscription" puisqu'il est divers droite et pas centriste indépendant. Moi, j'ai bien essayé de dire que oui, j'étais au MoDem mais que je n'étais que la suppléante..., cependant il paraît que l'argument ne fait pas l'affaire, qu'il dédouanne d'assumer ce que Bayrou, ce nul, cet opportuniste, ce social-traître, ce vendu... etc. (pas faux sur le dédouanement) Cela dit, en filigrane, il y a l'idée que le centre ne devrait pas varier : les fondamentaux et le programme et c'est tout, et on les répète, et on ne s'en éloigne pas, et le reste n'est que littérature politicienne... (peut-être)

    3) La juxtaposition d'opinions sur l'agriculture (pour ne pas dire débat) organisée dans le cadre du premier tour par la FDSEA avait lieu ce soir à Suippes. J'y ai participé comme spectatrice. J'ai trouvé que c'était très intéressant d'entendre parler d'agriculture, mais, comme c'était conçu comme un truc très technique (plan phyto 2018, réforme de la PAC, régime spécial des agriculteurs, etc.) j'aurais préféré que ce soient des agriculteurs qui en parlent parce que les candidats sont sympa mais quand ils improvisent ou récitent leurs fiches, ça se voit (1). J'aurais préféré aussi que la soirée ne soit pas organisée sous la forme d'un examen de passage pour tester les candidats afin de déterminer voire vérifier, voire enfoncer le clou d'un vote uniquement corporatiste (2) et déjà plus ou moins déterminé à l'avance puisque l'inégalité d'expertise technique entre un ministre sortant et les autres était prévisible... (3)

    Je voudrais rendre hommage à Jean-Brice Demoulin de l'Alliance Ecologiste Indépendante qui est venu parler ce soir en écologiste devant un parterre d'agriculteurs raisonnés et attachés à la notion de productivité. C'était courageux de sa part, les autres représentants des mouvements écolo candidats sur le scrutin ne se sont pas déplacés. Eloignée de tout sectarisme, sa vision est intéressante, responsable, compatible avec celle qui vise à libérer l'initiative... Un peu rêveuse et pas très politique, mais c'est son job dans cette élection, si j'ai bien compris... ;-)